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La Femme mariée de Nam Xuong

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Flying Marmotte 3 Le premier film de TRAN Anh Hung
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Le premier film de TRAN Anh Hung

Ce film est la version moderne d’une ancienne légende vietnamienne. Cette dernière racontait l’histoire d’une jeune femme qui attendait, tournée vers le sud, le retour de son mari parti à la guerre. En effet les guerres au Viêt-Nam ont beaucoup touché le Sud, que ce soit contre les français ou contre les américains. Nam signifie d’ailleurs sud en vietnamien, TRAN Anh Hung parle peut-être ici d’un regard vers le sud. Mais cette femme attend tant et tant, qu’elle fini par se transformer en pierre, ce qui explique les rochers qui s’érigent en forme de femmes que l’on peut trouver tout le long de la côte vietnamienne. Plus le temps passe, plus les statues descendent loin vers le sud. Ainsi il y a de plus en plus de guerres, de plus en plus de femmes attendent, l’histoire se répète, la guerre aussi... Aujourd’hui TRAN Anh Hung, avec sa vision de la femme mariée de Nam Xuong, nous raconte la légende dans sa version moderne et ce tout en symboles. Tout d’abord, la femme se pique le doigt avec une aiguille, mauvais présage, le sang coule, la guerre fait de plus en plus rage… Ce sang on le retrouve aussi sur le drap où elle projette son ombre, tâche de sang qui s’agrandit, ce qui pourrait annoncer la mort du mari. Les mauvais présages continuent avec la feuille qui tombe de l’arbre et s’envole jusque dans la maison. C’est une vie qui s’en va. Les vietnamiens sont très croyants. On voit souvent des grains qui sont jetés dans le feu. Si il s’agit de grains de riz, c’est une offrande afin de protéger la maison ; si c’est du sel, c’est pour chasser les fantômes. La femme mariée de Nam Xuong parle aussi, thème récurrent chez TRAN Anh Hung, de la vie d’une femme. En l’occurrence, il raconte ici l’histoire d’une femme qui vit seule dans la campagne paysanne ; sa maison est délabrée, et l’absence d’homme en ces temps de guerre se fait cruellement sentir. L’ambiance du film se fait très sombre, peu de dialogues, une musique typiquement vietnamienne venant en leitmotiv, ajoute encore de la tristesse à l’histoire. ATTENTION SPOILER La fin par contre est un peu bâclée en ce sens que TRAN Anh Hung ne fait que suggérer certains éléments de l’histoire qui de ce fait sont plus difficiles à comprendre si on ne connaît pas la légende. Peut-être un effet de style, mais je ne le juge pas nécessaire. En effet, s’en revenant de guerre, le mari retrouve son fils qui l’ignore complètement. Alors qu’il lui demande de l’appeler « Papa », l’enfant lui répond qu’il n’est pas son père, que son papa ne vient que le soir. L’homme jaloux croit alors qu’un homme a pris sa place au sein de son foyer, et dans le cœur de sa femme et de son fils. Sans un mot, sans rien, la femme comprend, la pensée de son mari, prend un couteau et s’en va. On comprend qu’elle se suicide. Cependant, les acteurs et notamment TRAN NHU Yen-Khê rendent ce moment très beau, et montrent ces deux personnes qui se comprennent rien que par un regard. Beau jeu d’acteurs. Tout reste dans le non dit. Ce n’est qu’au soir, après la mort tragique de la femme, que le mari comprend tout lorsque l’enfant appelle « Papa » l’ombre sur le mur, mais il est trop tard… Malheureusement, sur le DVD français, les quelques paroles étant exclusivement en vietnamien, et sans sous titre, elles restent difficiles à comprendre. On peut avoir du mal à savoir pourquoi la femme se suicide, encore moins comment le mari comprend l’indifférence de son fils à son égard. TRAN Anh Hung reste très flou là-dessus, et ne fait que le suggérer. FIN SPOILER Pour conclure, cette première œuvre de TRAN Anh Hung introduit bien la suite de sa carrière dans la thématique de son œuvre : la vie d’une femme vietnamienne. On y retrouvera également son actrice fétiche TRAN NHU Yen-Khê (alors Yen-Khê LUGUERN), omniprésente dans chacun de ses films, même si elle parle le vietnamien avec un accent français (dixit ma femme). Un premier film prometteur. A voir…

17 décembre 2005
par Flying Marmotte


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