Xavier Chanoine | 3 | Un récit classique mais une thématique marquante |
Ordell Robbie | 2 | Rebel without a mise en scène. |
Car si le film est entrecoupé de ballades estivales en bateau, où baisers et tentatives de flirt occupent une place non négligeable, le cinéaste préfère tout de même centraliser son récit sur le personnage de Tatsuya et la relation qu'il entretient avec Eiko (étonnante Minamida Yoko), donnant ainsi lieu à de jolis moments romantiques. A l'ouest musique jazzy, bagarres et rock'n roll, place à un peu de douceur. Et ce n'est pas plus mal, La saison du soleil évitant de tomber dans le piège du film jazzy comme il en existera tant au sein de la Nikkatsu (Suzuki en tête) pour ET s'orienter vers le mélodrame ET s'orienter vers la chronique sociale réaliste. En effet, Furukawa développe des thèmes universels dont la charge émotionnelle est à prendre en compte, il est par exemple ici question d'avortement qui tourne mal, de jalousie chronique, de la recherche d'une notoriété alors motrice de l'éveil d'une jeunesse aux idées utopiques : ils rêvent d'évasion à bord de leur bateau, fument pour paraître plus grand ou "tendances", ne vivent plus avec la tradition de leurs ancêtres (aucune bâtisse nippone "classique"), conduisent la voiture de papa, s'exposent en maillot de bain et ne semblent jamais travailler. A ce stade, Furukawa a tout compris et dépeint de manière réaliste cette "génération du soleil", casse les codes des valeurs et traditions jusque là "intouchables" comme lorsque Tatsuya brise un autel mortuaire en fin de métrage, filme comme il faut sans en faire des tonnes, à mi-chemin entre un travail de la nouvelle vague avec plans sous-marins et zooms intéressants et celui d'un hommage au pan du cinéma classique (encore à l'époque) par sa photo nuancée et son format plein cadre. La Saison du Soleil n'est pas un grand film au sens stricte, mais a marqué au fer rouge son importance au sein de la Nikkatsu.