Belle réussite
Kim Tae-yong réussit ici à délivrer un film international, qui s'affranchit de la coréanité pour aller s'attacher à des personnages atypiques, rejetés par leurs clans respectifs, qui n'ont pas d'autre choix que de se supporter. Ana, une chinoise emprisonnée pour avoir tué son mari, a droit à une permission à la mort de sa mère pour participer à ses funérailles, et doit donc traverser les Etats-Unis pour se rendre à Seattle. Dans le bus, elle fait la rencontre de Hoon, un coréen qui fuit le mari d'une de ses clientes. Tout commence par le bobard : il n'a pas d'argent pour payer le bus, et lui demande, croyant qu'elle est coréenne, si elle peut l'aider ; ce qu'elle fait. Il lui prête alors sa montre, disant qu'elle porte une valeur sentimentale et qu'il remboursera sa dette pour la récupérer. On sent dès lors le prétexte juste pour la revoir plus tard, mais elle n'en fait pas un foin. Pour elle, même si elle ne l'avoue pas, cette montre est une bonne excuse pour lâcher sa famille le moment venu, ce qu'elle va faire à plusieurs reprises pendant les funérailles, car même si elle vient juste rapporter la montre, elle sait qu'il insistera pour passer plus de temps avec elle, ce qui fait moins de temps avec sa famille, dont elle se sent exclue. Hoon a un autre problème : il vend des faveurs sexuelles à des femmes plus âgées, mais l'une d'elle, une coréenne, s'est éprise de lui, et son mari est à sa recherche, près à les assassiner tous les deux. Dès lors, Hoon fuit vers Seattle où la femme l'attend. Mais sa relation avec Ana va bouleverser quelque peu sa romance et lui permettre d'échapper à son sort.
Late Autumn est en tout point réussit et maitrisé. Tout d'abord une image et un son magnifique, qui retranscrivent bien l'atmosphère un peu morose de la fin de l'automne, mais aussi ce scénario au rythme doux et équilibré. A plusieurs reprise, on croirait presque voir du Yi Yoon-ki, tellement cette aventure ressemble à des moments de Love Talk et ses personnages brisés, ou du road movie citadin qu'est My Dear Enemy. En effet, les personnages de Late autumn se cherchent une identité propre, au delà de leur nationalité, et bien loin de leur famille qui les rejette ou les ignore. Ana est clairement une intrue chez elle et n'a finalement nul part où aller, mis à part la prison, et Hoon n'a même pas de famille sur place ; il n'a plu de coréen que son look, et une sorte d'ami qui le contacte régulièrement pour le mettre en garde, sans qu'on le voit jamais. Mais il n'a aucun lieu de chute, et sa vie semble se résumer à fuir les problèmes qu'il ne cesse de rencontrer.
Mais là où Kim Tae-yong se démarque, c'est sur ses petites touches de folies qui parsèment le film, ces moment de loufoqueries qui avaient déjà égayé son Family Ties, et qui renforcent les liens entre les personnages. On notera ainsi une scène dans un parc d'attraction sortant complètement de nul part, entre théâtre muet et ballet nocturne, et divers jeu d'acteurs assez subtiles, donnant des formes à cette histoire très intimiste. Au final, Late Autumn se révèle être un film de très bonne facture, avec une ambiance cohérente et d'excellents acteurs pour exprimer des sentiments complexes.
26 février 2011
par
Elise