Un amour soporiphique plombé par son dernier tiers honteux.
Le dernier film de Pan Nalin, à qui l'on doit
Samsara, est annoncé à grand renfort de publicité et de tournée des popotes de la part de la belle Mylene Jampanoi, et de ce fait semblait particulièrement alléchant de part son cadre et sa thématique abordée. Manque de bol, on est loin d'être en face du Killer Aps de 2007 venu tout droit des Indes, on se rapproche en fait grandement du road movie pompeux à l'eau de rose, teinté d'une légende en carton à peine plus intéressante à suivre qu'un épisode de
Sous le soleil, là où Mylene Jampanoi débutait farouchement, avant de déchirer l'écran dans
Les Filles du botaniste, le tout saupoudré d'un zeste de fantastique/SF pompé allègrement sur
2046 du grand Wong Kar-Wai.
Le problème est que malgré toute la bonne volonté d'un casting, étalant quantité de physiques intéressants, le film de Pan Nalin n'arrive à intéresser à aucun moment, la faute à une écriture franchement ratée et guère convaincue/convaincante exposant les mésaventures d'un gang de nomades parcourant l'Himalaya à la recherche d'armes et de trésors à piller. Poussif du début à la fin, le récit fait preuve d'une linéarité impressionnante enchaînant les séquences répétitives qui adoptent systématiquement le même schéma : le jour est l'occasion de faire la rencontre de paysans à dépouiller et le soir est le moment rêver pour faire l'amour dans une tente. Répétez cela près d'une dizaine de fois et l'on obtient le plan des grandes lignes du métrage. Pas dur non? Amenez une poignée de méchants (qui ne le sont pas en fait, mais chut) histoire de dynamiser un peu un ensemble bien faiblard, faites douter Jalan sur les origines d'Ushna, et cassez le beau panorama de l'Himalaya pour terminer dans un Tokyo cliché au possible.
Et cette dernière partie dans un Tokyo contemporain, que dire si ce n'est qu'elle représente un gâchis monumental, ruinant la -déjà faible- crédibilité de l'oeuvre, qui se permet en plus d'imager l'accélération du temps par une sorte de tunnel (train, métro?), à l'image de 2046, que l'on revoit souvent lors des moments clés du film (en tout début et fin de métrage). Pan Nalin ne s'embête de quelconques artifices pour faire avancer son film d'une centaine d'année, en filmant les pieds du héros qui marche "littéralement" à travers les époques. Le bougre a même fait les deux guerres mondiales! He's the man. "Sympathique" clin d'oeil aussi de la part du cinéaste envers les familles japonaises (qui couvent toutes une teenager fashion hystérique, c'est bien connu) et le salaryman moyen qui pense à se suicider, rattrapé de justesse par notre héros, qui l'en empêchera en lui montrant lui même comment faire pour se jeter d'un immeuble de 62 étages. Parce que oui, notre héros est devenu immortel (enfin presque) des suites de l'absorption d'un élixir d'immortalité, il y a une centaine d'années.
Définitivement, La vallée des fleurs partait sur des prétentions tout juste correctes, pour finalement s'écraser lamentablement dans le grand n'importe quoi grotesque lors de son dernier tiers. Quelle idée de la part de Pan Nalin (à la réalisation mais aussi à l'écriture) d'avoir envoyé notre héros Jalan dans Tokyo et le mettre dans la peau d'un euthanasiste professionnel, conspué par la population locale? Où est l'intérêt? Qu'est-ce qui justifie pareille idiotie? Pour trouver quelconque intérêt il faudra donc se tourner du côté d'une réalisation plutôt bonne (superbes courses à cheval, panorama montagneux impressionnant), de quelques séquences originales (la vallée du silence) et du coté de l'interprétation des seconds couteaux, pleine de justesse. A l'inverse, Mylene Jampanoi nous endort par son interprétation sans saveur (sa beauté intrinsèque n'est pas suffisante) et son actuel compagnon Milind Soman n'y croit pas une seconde, à l'image du spectateur étourdit face à ce qu'il vient de voir. Une bien belle fumisterie.
Esthétique : 3.5/5 - Aucune prise de risque, mais le côté contemplatif de certains passages séduit.
Musique : 2/5 - Une musique discrète mais bancale. Ne se détache pas du lot.
Interprétation : 3/5 - Les compagnons de Jalan sont vraiment excellents. Ce qui n'est pas le cas des personnages principaux.
Scénario : 1/5 - Quasi absence d'écriture, pompage à droite à gauche, romance de sitcom. Déception.