Anel | 4 | |
Archibald | 3.5 | Une satire de la police et de ses liens avec les triades. |
Ordell Robbie | 3 | Du cinéma based on a true story pas très original mais bien mené. |
Lee Rock est un des films phares de la carrière d'Andy Lau Tak-Wah. D'abord parce qu'il se situe dans une période de sa carrière où il enchaîne des films plutôt médiocres, ce qui rend ce film avec le recul, l'un des quelques bons films de ses années là. Mais aussi parce qu'il donne à Wah-Jai (Andy) un des personnages dont les hong-kongais se souviennent le plus. En effet le film fit 30 millions de HK$ de recettes à l'époque (plus du double de A Moment Romance l'année précédente, pourtant cultissime à HK) et valu à Andy Lau sa première nomination de meilleur acteur aux Hong-Kong Awards (raflé par Eric Tsang Chi-Wai).
Le film raconte l'histoire apparement vraie d'un policier hong-kongais et de son parcours au sein des forces de l'ordre de l'etat de patrouilleur de nuit au statut de super intendant de la police. Ok pour la forme, mais le fond traite avant tout de Hong-Kong et de sa population, ses moeurs amoureux, ses marchés de nuit, etc.. Tout ceci étant placé dans les années 50-60-70, on voit pas à pas l'essor économique soulever la péninsule sous la forme d'une voix off ponctuant le film en énoncant les prix de choses simples (un bol de nouilles, un congee, etc...) flambant d'année en année, transformant le Hong-Kong d'après-guerre, encore culturellement très chinois, en la métropole que l'on connait aujourd'hui, carrefour économique et culturel.
Lee Rock s'engage tout jeune dans la police pour des raisons purement financière, car à l'époque les Britanniques recrutait abondemment afin d'enrayer le fleau mafieux créant ainsi du travail dont tout une couche très populaire a su profiter. Ce qui explique en partie pourquoi la police constitua vite un gang de triades parmi d'autres à la différence près qu'ils contrôlent également les triades elles-mêmes. La passion de la justice n'anime donc pas franchement le personnage et pourtant, contrairement à tout ses collégues, celui-ci va refuser tout pot-de-vin venant des commercants "protégés". Ce qui va lui attirer le mépris de ses collégues mais également la sympathie et le respect de Lardo (Ng Man-Tat) qui va devenir son lien avec la rue. Car malgrè son integrité, de par les conseils de son chef et parce qu'il comprend vite le pouvoir qu'un policier peut avoir, il change du tout au tout et décide de se laisser aller à ses ambitions les plus folles. En quelques années et grâce à quelques amis bien placés, Lee Rock, non content d'evoluer de manière fulgurante dans la hierarchie, organise les transactions et la gestion des pots-de-vin, apportant une structure qui n'avait jamais existé à ces extorsions en tout genre désormais biens en place. Ce qui explique le mal qu'a eu bien des années plus tard (environ dans les 80's) la police à defaire ce noeud criminel si profondément enraciné.
Au delà de l'apparente délation de la corruption envahisssant la police hong-kongaise à l'époque, le film traite surtout du changement avec un grand C, qu'à vecu Hong-Kong. Tout comme dans Golden Chicken dix ans après, Lee Rock met en scène un personnage qui n'est autre que la personnification de la ville, abandonnant sa nonchalance et son desordre ambiant pour une rigueur méthodique et une avidité grandissante.
Andy Lau mérite largement sa nomination car il porte le rôle avec brio, sans trop tomber ni dans l'integrité immaculée au début (mais faisant simplement preuve de méfiance et de mépris des profiteurs), ni dans le rôle facile du boss infaillible pour qui tout réussit dans la seconde partie du film. Ng Man-Tat est également excellent dans un registre qu'il connait bien entre les film d'Andy Lau et ceux de Stephen Chow Sing-Chi, celui du pauvre type bien avec les Goo Wak Jai (mafieux) comme avec les Tsa Yan (flics).
En Bref, malgrè une photographie un peu repoussante (quoique le DVD y est pour quelquechose), Lee Rock s'impose comme un must-see pour qui veut mieux connaitre Hong-Kong et les milieux qui la composent (flics, triades et commercants). Un film sans langue de bois comme Wong Jing sait nous en faire parfois et qui traite de manière très politiquement incorrecte l'ascension hierarchique d'un flic (très bien interprété par Andy Lau) dans les années 60/70, personnifiant l'ascension économique de la ville de cette époque. Un bon film, presque social, à voir.