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Le Fils Unique

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Ordell Robbie 4 L'Amour d'une mère
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L'Amour d'une mère

Chef d'oeuvre ce premier Ozu parlant comme l'affirme Sato Tadao dans son excellent livre sur le cinéma japonais? Pas à mes yeux mais le film fait néanmoins partie de ces oeuvres décisives dans le parcours artistique du cinéaste. L'année précédente, Ozu avait achevé sa période muette avec un Une Auberge à Tokyo préfigurant avec brio le néoréalisme. Avec cet Ozu à la transition entre un muet et un parlant adopté sur le tard par le cinéaste, les éléments caractéristiques du Ozu plus connu en Occident sont déjà en place.

Soit cette combinaison durée étirée/profondeur de champ/plan à hauteur de tatami racontant déjà le Japon et sa culture. Combinaison qui n'est pas encore ici systématisée comme ce sera le cas plus tard, la caméra se faisant parfois mobile et le cadrage des personnages plus rapproché. Et puis cet art de l'ellipse s'exprimant ici aussi bien dans le scénario que dans le montage. Ou comment en dire long sur la dureté du travail et les sacrifices de femmes travaillant dans une usine textile en un seul plan. Ou encore ces sauts temporels pour rapprocher le film du moment des retrouvailles, moment essentiel de la relation mère/fils. Un plan d'enseigne ou de poster d'actrice occidentale, un plan large d'un incinérateur y ont déjà la force évocatrice qu'elles auront dans ses réussites futures. Ces retrouvailles donc. Moment de désillusion d'une mère qui aurait espéré voir son fils réussir à Tokyo et le retrouve pauvre, vivant d'un petit boulot. Moment où mère et fils ne se disent pas la vérité par pudeur mais où les masques vont finir par tomber. Moment d'une mère furieuse de s'être sacrifiée pour un fils qui baisse les bras, sa détermination à tenter de lui transmettre sa combattivité étant ici superbement exprimée par un usage judficieux du champ/contrechamp.

Et puis cette fin de séjour urbain où à ce constat d'échec va se substituer une transmission réussie des valeurs de combattivité d'une génération à l'autre, une découverte de la valeur humaine acquise par son fils dans la misère. Spoilers D'où ce retour où elle peut mentir sur son périple tout en disant la vérité sur l'esprit de son fils. Avant ce plan final d'une mère sachant qu'elle peut mourir en paix, ayant vu son fils prendre son indépendance mais aussi seule que le sera le père du Goût du Saké. Fin Spoilers La particularité de cet Ozu est également un remarquable travail sur le son: paroles et bruits d'arrière-plan sont parfois mis au meme niveau dans la piste sonore, comme si les personnages et l'environnement de désolation loin du Tokyo rêvé ne faisaient qu'un. Et le travail sur le son souligne également le caractère mécanique du travail dans l'usine textile.

Restent quelques petites limites empêchant cet Ozu aussi universel qu'Il était un père d'égaler ses sommets muets. Une direction d'acteurs qui n'a pas passé indemne l'épreuve du temps d'abord: son côté très expressif, à la transition du muet et du parlant lui donne le même charme naïf que les acteurs enfants du film. Mais d'un autre côté cette dernière a tendance par moment à trop surligner les émotions. Et puis quelques petites longueurs rythmiques dans le montage. Pour ce qui reste malgré tout un Ozu qui compte.



05 décembre 2005
par Ordell Robbie


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