Arno Ching-wan | 3.5 | Amicalement vôtre |
Le titre L/R est basé sur un jeu de lettres japonais compréhensible uniquement par eux, ces deux lettres se prononçant de la même manière dans leur langue. En premier lieu L/R signifie « Licensed by Royalty » et en résidence secondaire « Left & Right », un duo de termes cohérents pour présenter les deux buddies Jack et Rowe sans pour autant évoquer un quelconque conflit politique ni même une opposition entre la pédale d’embrayage et celle d’accélération.
Malgré un démarrage bancal sans doute dû à ces problèmes d’embrayage et d'accélération, L/R est un Cowboy bebop’s like charmant au demeurant. La série vante les mérites de la BO de Billy Preston, connu pour avoir bossé avec les Beatles, les Rolling Stones, Quincy Jones, Bob Dylan et Barbara Streisand (cherchez l’erreur), d’où un soundtrack d’ensemble constitué de relents hypes de ces scarabées british, faciles à dissocier des autres scarabées puisque ce sont les seuls qui boivent le thé à 17h00. Cette BO n’est pas toujours adaptée aux situations, elle est mal gérée et omniprésente sur les premiers épisodes, il faudra attendre les épisodes 4-5 pour que la gestion d’ensemble devienne un peu plus accrocheuse, les créateurs arrêtant de nous balancer en boucle leur argument choc au profit d’un silence bénéfique et d’une composition complémentaire, en particulier une « comptine d’Ivory » mignonne bien dans le ton. Dans L/R, "Ivory" est une île fantasque plus ou moins colonisée par "Ishtar", entendez par là l'Angleterre. Ivory... Ivory est aussi un mot anglais signifiant "ivoire", un mot qui, si l'on s'amuse à extrapoler un peu, nous renvoie à la contrebande de défenses d'éléphants, au hasard en Inde, ancienne colonie britannique. Mmh, tiens tiens... En fumant encore un peu, on se dit que le réalisateur James "Ivory" a été souvent à la barre d'oeuvres "so british", parfumées de l'odeur flagrante d'une cup of tea comme Retour à Howards End et consorts. Et que n'apprenons-nous pas en tapant james+ivory sur Google? Que le monsieur a commencé sa carrière de réalisateur en tournant en... Inde. CQFD, retour à la case départ, pouf-pouf et arrêtons là parce que j'ai mal aux côtes à force de rire (mmh, "Côte d'Ivoire?" Ah oui je sais, c'est là qu'habite Jean!!). Parallèlement à la musique, le chara design n’est pas toujours homogène avec ses dessins semblant issus de plusieurs DA différents à la fois. Il suffit de comparer les traits classieux et riches d’un Jack à ceux d’une Princesse frôlant parfois la « pokemon attitude » pour visualiser les différences de style tout en s’amusant à citer Lorie. Comment ? Lorie c’est la « positive attitude »?... Mmh non je ne crois pas.
L/R peine à trouver son chemin, la série tâtonne à gauche à droite – justement - avec plus ou moins de bonheur, semant parfois un spectateur ne sachant pas toujours sur quel pied danser. « Du pied gauche, ça porte bonheur ! » lance un méchant détracteur, pas fan d’une cool attitude pourtant plaisante, Jack & Rowe formant après tout une équipe d’agents sympathiques au service de sa Majesté. On pense beaucoup à James Bond et à ses gadgets, clone sous-exploité de Q inclus, une référence qui n’empêche pas Max la menace de faire soudain son apparition avec le recyclage de sa chaussure-téléphone-portable, un concept débile encore plus exagéré dans L/R puisque Rowe doit parler du côté du trou du pied pour pouvoir émettre. Message subliminal pour affirmer que les téléphones portables sentent mauvais? Peut être, même si ça n’est pas le cas des cigarettes, ici de véritables couteaux suisses multifonctions, gadgets et plus encore, car lorsque deux hommes se rencontrent dans L/R, ils ont pour habitude de s’allumer un clope et de faire naître un voile de vapeur de leurs entrecroisements de fumées...
Dans les bonus du DVD Dybex, le réalisateur admet avoir travaillé en sous effectif et au taquet, sans support manga papier, avec surtout un gros flou artistique quant aux orientations premières du show. Il s’en sort plutôt bien sur environ 1/3 des épisodes, peu aidé par un fil rouge aux limites du niaiseux. Au final L/R bénéficie quand même d’un vrai capital sympathie, même s’il aurait fallu plus de treize épisodes pour aboutir à quelque chose de bien mieux compte tenu des talents évidents en activité, que ce soit à la mise en scène, à l'animation ou encore au doublage japonais, comme souvent excellent.