Une ballade dans Shanghai de nuit peut être aussi planante que la traversée des Champs à Paris en voiture avec Miss You Night & Day de Faye Wong à fond dans l'autoradio. Ce sont des trucs à vivre. Cette virée nocturne à bord du taxi de Lin Xi (Vicky Zhao) avec Mizushima (Motoki Masahiro) contient ses petits moments de bonheur inexplicables, où la barrière de la langue n'est en rien un frein à la communication, mais celle-ci peut faire naître de sacrés contre-sens simplement parce qu'on ne se comprend pas. Ce qui est amusant c'est le résultat qui découle de cette incompréhension, donnant ainsi lieu à des séquences drôles au possible (le meilleur ami de Vicky Zhao qui croit maîtriser le japonais mais en fait pas du tout) ou émouvantes à souhait (les "watashi no koto suki desuka" et autres "wo ai ni" écrits au rouge à lèvres sur la route et les surfaces vitrées) qui fonctionnent bien malgré un humour parfois lourd où certains personnages se complaisent jusqu'au bout dans la caricature comme celui joué par Takenaka Naoto, sorte de folle fan de Bruce Lee sortie d'une école de cirque. Tout en étant bien plus agréable à suivre que les comédies nippones habituelles frisant le degré zéro, The Longest Night in Shanghai distille une véritable bonne humeur tout du long en dosant comme il se doit humour, dérision et séquences improbables sans soucis de réalisme malgré des virages sentimentaux à côté de la plaque n'intéressant que très peu le spectateur : Tong Tong et sa future fiancée n'ont aucune importance dans la narration si ce n'est de faire cogiter la belle Vicky Zhao, ici belle par sa fraîcheur et son entrain hallucinants plutôt que d'apparence volontairement négligée. Nonchalante serait le terme le plus convaincant. A noter la performance géniale de Motoki Masahiro toujours impeccable qu'importe l'accoutrement, faisant preuve ici d'une vraie naïveté malgré ses allures de styliste chic habitué aux soirées mondaines. Le voir perdu et incapable de communiquer correctement avec Vicky Zhao ne relève pas du plaisir geek mais d'une vraie hilarité par moment, contrebalancée par son histoire d'amour foireuse avec l'une de ses partenaires.
The Longest Night in Shanghai ne se concentre pas uniquement sur Vicky Zhao et Motoki Masahiro, puisque c'est un véritable carré amoureux dont nous avons affaire, tous éparpillés dans Shanghai. Si l'un tente de construire quelque chose avec l'amie de Mizushima, l'autre passe son temps dans un bar avec une chanteuse anglophone. On passe le temps entre deux baisers. Le film explore alors les tréfonds amoureux de personnes ici faibles lorsqu'elles sont séparées, on est très loin des premières séances de soin avec laque et tout le grand jeu et des "piao lian" sortis presque mécaniquement de la bouche des stylistes. La séparation crée le trouble et la perte des sens, même amoureux, où à peu près personne n'est capable de conclure. Cette chevauchée dans les rues -parfois clinquantes- de la ville reste au final une expérience pas mémorable mais extrêmement bien exécutée dans ce qu'elle évoque et suggère : l'étape amoureuse que vit Mizushima ressemble étrangement à celle de Lin Xi et leur proximité s'en verra alors grandi ; elle veut s'en débarrasser au début avant de ne plus pouvoir le lâcher en fin de métrage. Cette technique d'attachement déjà vue laisse néanmoins le doute planer quant à leurs sentiments et permet ainsi au spectateur de s'attacher aux deux et de vivre pleinement leurs aventures comme si ils y étaient. De plus la mise en scène pleine de douceur et de scènes bien pensées (l'écorchement des prénoms, les messages d'amour étalés sur la route comme moyens de communication parmi d'autres) et la bande-son riche participent à l'immersion juste comme il faut du spectateur à l'intérieur du véhicule de Lin Xi et ce pendant deux heures passant à la vitesse de l'éclair. Dans son genre, formaté à outrance, The Longest Night in Shanghai réussit malgré tout son coup et s'inscrit dans une collaboration sino-nipponne aboutissant à un résultat convaincant à tous les niveaux. On en redemande!
Coproduction sino-japonaise ayant créé un certain buzz en raison de son casting, The Longest Ninght in Shanghai n’en reste pas moins une romance très convenue, à la réalisation somme toute assez plate, ne constituant au final rien de plus qu’un divertissement sans surprise aucune.
Troisième collaboration entre la Chine et le Japon de la société de production Movie Eye après "Last Love, First Love" et "All about Love", il s'agit là sans aucun doute de leur production la plus ambitieuse (budget estimé à 5 millions de dollars).
Véhicule à stars, le film est clairement destiné à une exploitation purement commerciale, se destinant avant tout aux fans nippons de Motoki Masahiro, mais tentatn également de gagner à leur cause les adolescents chinois (Vicky Zhao, Zhang Xinyi), hongkongais ((Sam Lee) et taïwanais (Dylan Kuo)…
L'intrigue est d'ailleurs calquée toute entière sur les innombrables comédies romantiques hongkongaises à envahir le marché…depuis toujours. Stars cools et poseurs (sauf Vicky Zhao, en fausse "Cinderella" et garçon manqué, amis avec des mimiques mignonnes tout plein), costumes hypes et chansons pops (en anglais!!!) dégoulinantes à souhait.
Après son précédent thriller urbain entièrement géré par l'omniprésent producteur Jimmy Wu, le réalisateur Zhang Yi Bai confirme sa volonté de s'écarter de son premier – magnifique – "Spring Subway", pour s'imposer comme un réalisateur commercial "bankable". Son "Longest Night…" n'a donc franchement rien pour lui, entre une intrigue artificiellement tirée en longueur, une mise en scène quelconque et faisant la part belle aux lumières de la capitale chinoise de nuit et une direction d'acteurs assez approximative.
Bref, un pur divertissement romantique pour de cœurs en fleur prépubères – ce n'est nullement péjoratif, mais dans le genre, il y a déjà eu beaucoup, beaucoup mieux!