L'effet d'une bombe
Produit pour commémorer le cinquième anniversaire de l'explosion des bombes à Bali, "Long road to heaven" ose aborder un sujet extrêmement sensible et tenter une reconstitution forcément polémique. A ce titre, le film a été interdit de sortie à Bali par le comité de censure indonésien de peur de provoquer le courroux de la population locale.
Premier constat: le film évite de prendre parti pour l'un ou l'autre camp et relate très simplement les faits. L'action démarre au présent avec une journaliste australienne enquêtant sur l'explosion, mais aussi les conséquences de l'attentat sur la population locale. Odieuse (et interprétée avec justesse par une actrice tout simplement insupportable), elle va finalement s'ouvrir, notamment au contact d'un chauffeur de taxi taciturne, mais qui semble ruminer un lourd secret en lien avec l'attentat. Le film revient sur la nuit de l'explosion, mais également sur toute la préparation avec les différents membres de la cellule organisatrice. On en apprend beaucoup, tant au niveau de la (dés)organisation de la cellule terroriste, que sur la perception de la population locale, foncièrement choquée par cet attentat extrémiste; en même temps, à voir les occidentaux se comporter avec un minimum de respect, loin de chez eux, voire même à ouvertement enfreindre toutes les règles du comportement dans un pays étranger avec des coutumes foncièrement différentes des leurs, on peut comprendre la haine suscitée par des adeptes plus fervents ou extrémistes. Il ne faut pas oublier, que l'Indonésie est un pays musulman et extrêmement pauvre, alors se voir trémousser des blancs-becs au son d'une musique tonitruante jusqu'au bout de la nuit, à jeter des dollars autour d'eux pour s'offrir de boissons alcoolisés et à défiler la journée dans des accoutrements jugées ouvertement offensives pour la religion du pays, qu'ils visitent, a forcément de quoi choquer. En revanche, l'acte de poser une bombe et de tuer des dizaines d'innocents et de passablement affecter la vie de leurs proches et des gens des alentours est également clairement dénoncé au cours du film.
Dommage seulement, que la réalisation soit tellement impersonnelle. Ressemblant davantage à un téléfilm, qu'à une ouvre cinématographique, l'intrigue énumère froidement les faits avec un casting pas toujours très heureux (les acteurs occidentaux cabotinent à l'extrême, tandis que les asiatiques ne sont pas toujours plus convaincants, tant cet acteur tout sauf malais, tant les extrémistes musulmans à la limite de la caricature) et des dialogues sonnant horriblement faux. Se surajoute cette enquête au présent pas forcément indispensable avec un bon gros morceau de mélodrame pour recourir à un ressort dramatique inutile en fin de film, comme si les scénaristes avaient craint, que le simple sujet de la bombe n'aurait pas suffi à captiver le public. Erreur monumentale, même si un bon documentaire bien ficelé aurait sans aucun doute eu mille fois un impact émotionnel plus fort, que cette reconstitution appliquée.