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Lost in Translation

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les avis de Cinemasie

11 critiques: 3.93/5

vos avis

38 critiques: 3.41/5



Xavier Chanoine 4.25 Sublime, émouvant, j'aime...
drélium 4.25 nuage flottant
Ghost Dog 4 En apesanteur
==^..^== 3.25 Très bon, mais je n'ai personnellement pas trop accroché
Junta 4.25 Très beau film à la réalisation maîtrisée.
Yann K 3.75 Beau film, vraie cinéaste, le plaisir de Bill Murray et Scarlett "the voice" Jo...
El Topo 4.25 Comment j'ai tué mon père par Sofia Coppola...
Ordell Robbie 3.75 Tourisme chic.
Tanuki 4.5
François 4
MLF 3
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Sublime, émouvant, j'aime...

Difficile de croire que Lost in translation est un film qui capte autant l'attention. On suit tout bêtement la vie de Bob (Bill Murray) dans cette immense ville qu'est Tokyo, qui même si colorée de partout, grouillante de monde et où la communication prime sur tout, ce dernier ne comprend pourtant rien de ce qui l'entoure. Un peu comme le touriste blasé moyen. Jusqu'au jour où à force de descendre whisky sur whisky dans la partie bar de l'hotêl, il rencontre Charlotte (Scarlett Johansson). La naîssance d'une complicité et d'une grande amitié verra alors le jour. Comme c'est zoli.

Les deux personnages, simples d'aspect mais finalement terriblement complexes sont tout ce qu'il y a de plus classique. Cela pourrait être vous et moi, durant nos vacances ou lors d'un voyage d'affaire. Et c'est pour cela qu'on s'attache immédiatement à eux deux, boulversants et d'une grande sensibilité Bill Murray est égal à lui même, avec sa bonne bouille des grands jours, sa classe et son caractère relax' qu'on lui connait bien. Scarlett Johansson, incroyable de beauté, nous ouvre ses bras pour qu'on s'y refugie. Elle donne réellement envie d'aimer, de se sentir bien et de se laisser aller. En témoignent les chevauchées nocturnes dans ce fascinant Tokyo illuminé, le soir quand il n'ya rien à faire à l'hôtel. Une virée dans un centre d'arcade? Dans une boîte tendance et épurée de strip-tease? Ou alors au restaurant de sushi du coin?

Fait de simplicité, Lost in translation captive, passione, pourtant muni d'un pitch tout bête, tout simple. Presque un road-movie urbain teinté de poésie, de grande émotion et de sensibilité. Et si c'était ça le secret d'une réussite? La simplicité et l'émotion.



18 février 2006
par Xavier Chanoine




En apesanteur

N’ayant pas du tout accroché au destin des 5 petites garces blondes suicidaires de son précédent film, je n’attendais rien de spécial de Lost in Translation. Pourtant, grâce à une histoire d’amour toute simple entre 2 êtres paumés en plein Tokyo, j’ai été transporté. La photo est somptueuse – Tokyo a-t-il déjà été filmé comme ça par un local ? -, la bande son planante, et surtout l’alchimie fonctionne parfaitement entre Bill Murray, quinquagénaire tête de chien battu à la recherche d’un second souffle, et Scarlett Johansson, magnifique de sensibilité. Qualité supplémentaire : Sophia Coppola ne se prend pas au sérieux, notamment lorsqu’elle multiplie les clichés sur le Japon vu par un étranger pour mieux s’en amuser. Dans le making-of accompagnant le film, on peut d’ailleurs découvrir une personnalité éminemment sympathique, tout excitée qu’elle est de faire jouer le grand Bill dans son œuvre…

Le charme de Lost in Translation vient sans doute de son côté « vacances d’enfants », où 2 adultes retombent dans leur jeune âge et se prennent par la main pour courir dans les rues profiter de la vie, se donnent rendez-vous sur rendez-vous avant que survienne le fatal moment de la séparation. Une œuvre constamment sur la corde raide entre émotion et comédie, qui marque les esprits par l’atmosphère sereine qu’elle réussit à dégager.



05 octobre 2004
par Ghost Dog




Très bon, mais je n'ai personnellement pas trop accroché

Une chose est sûre, les deux acteurs principaux jouent leur rôle à merveille. surtout Bill Murray, d'un caustique sans pareil. Toutefois l'impression que retransmet le film et qui est celle ressentie par les deux personnages ne me convient pas du tout. Tout au long du film, par le biais de la musique un peu cinglante, on n'a l'impression d'être à quatre heures du matin après une sortie sans fin et un besoin de dormir pressant. En fait s'est tout à fait la situation dans laquelle se rencontrent les protagonistes. Ils n'ont pas supporté le décalage horaire et arrivent dans une ville étrangère voir imperméable. Je dois avouer avoir attendu la fin du film.

Autre que cette question de goût qui ne m'a que modérément plu, j'ai été assez déçu par l'image que l'on voit du Japon. A part quelques clichés connus de presque tous on n'en vois pas grand chose: karaoké, jeux-vidéo,... On entrevoit certes un temple et un groupe de femmes taillant des plantes, mais ça reste bien trop superflu.



14 mars 2004
par ==^..^==




Comment j'ai tué mon père par Sofia Coppola...

[Attention, légers spoilers]

Lars von Trier avait créé avec Europa un film sous hypnose. Le Requiem for a Dream de Darren Aronofsky posait les bases d’un cinéma sous héroïne. Quant à lui, le deuxième essai cinématographique de Sofia Coppola constitue sans doute la première œuvre sous décalage horaire.

Ainsi, plus encore que dans Virgin Suicides où le spleen était pourtant déjà prégnant, le temps semble suspendu et tout paraît être en flottement dans Lost in Translation. Dans un Tokyo qu’ils trouvent trop froid, trop différent, trop incompréhensible, Bob Harris (Bill Murray) et Charlotte (Scarlett Johansson) s’ennuient et se morfondent dans la mélancolie qu’occasionnent leurs solitudes respectives. Lui est un acteur à la carrière déclinante qui vient faire un gros cachet en tournant une pub pour un whisky local, Elle est la jeune épouse cultivée et désoeuvrée d’un photographe branché et visiblement pas extrêmement fin, venu tiré des clichés promotionnels d’un groupe de rock local. Lui est cinquantenaire et en pleine crise conjugale, Elle n’affiche pas beaucoup plus de vingt ans (Scarlett Johansson avait dix-huit ans au moment du tournage).

Tous les deux sont plus ou moins perdus entre jet lag, néons tokyoïtes, fossés (gouffres ?) culturels et linguistiques… En résulte deux attitudes différentes (Bob est cynique, il se moque des autochtones tandis que Charlotte fond en larme, remet en question son couple) qui cache sans doute le même spleen. Comme ils partagent d’interminables insomnies, ces deux « héros » se rapprochent pour mieux faire passer le temps. A deux on est plus fort, ce disent ils sans doute alors que leur relation au pays du soleil levant est à un stade proche de l’adversité. Ainsi, Bob et Charlotte vont-ils commencer à sortir et écumer les soirées, sans négliger le moindre « passage obligé » du touriste occidental au Japon : sushi-bars, karaokés, temples bouddhistes… De ces pérégrinations va naître une relation équivoque, indéfinissable entre les deux personnages. A quoi faut il croire quand, dans une scène sublime, Bob s’installe aux côté de Charlotte sur le lit de cette dernière, sans faire pour autant le moindre geste tendancieux vers elle ? Du paternalisme, du désir refoulé, une amitié de commodité qui transcende la frontière des âges ?

Comme chez Wong Kar-Wai (Lost in Translation évoque furieusement Chungking Express et à un degré moindre In the Mood for Love), il est impossible, même au terme du film, de répondre avec certitude à cette question. Les rapports des personnages resteront toujours dans une profonde ambiguïté dont ils semblent se satisfaire jusqu’au dernier instant quand ils se quittent pour sans doute ne jamais se revoir au terme d’une séquence admirable. Les promesses callipyges du très beau premier plan ne seront pas tenues, et c’est sans doute un bien car cela procure au film toute sa finesse en présentant une anti-love story à mille lieux des canons hollywoodiens.

Si sur le fond, Lost in Translation n’est pas très loin de Virgin Suicides (plus par son atmosphère élégiaque que par sa thématique), la forme diffère grandement. Alors que Virgin Suicides (ab)usait d’effets caractéristiques du clip et d’un montage qui frôlait le surdécoupage, ce second film montre une grande spontanéité dans son filmage. Et si ce choix est sans doute à l’origine des quelques scories que l’on pourra relever dans la mise en image, si le style de la cinéaste n’est pas d’une éclatante originalité, l’œuvre dans sa globalité n’en est que plus légère, et sans doute plus sincère.

Enfin, se pose la question du regard que Sofia Coppola pose sur le Japon. De prime abord, on serait tenté de crier au scandale devant ce que certains n’hésiteront pas à considérer comme une satire tissée de clichés qui tourne en dérision les Japonais et leur pays en ne les présentant qu’à travers le regard perclus de poncifs du touriste occidental. Du karaoké (qui donne pourtant lieu à une magnifique scène) aux salles d’arcades électroniques en passant par les scènes avec la call-girl ou le photographe qui font la part belle à la prononciation toute relative de l’anglais par les Japonais, on assiste à une succession de vignettes-truismes qui prêtent le plus souvent à rire.

Mais à y regarder de plus près, on comprend vite que la satire n’est pas unilatérale, loin de là. On dénombre ainsi plusieurs personnages tout ce qu’il y a de plus américains qui n’ont d’autre fonction dans le film que de se rendre ridicules (la starlette et son petit ami rappeur, le mari photographe branchouille, le crooner du bar…). En allant plus loin, on ne peut que constater que le personnage interprété par Bill Murray (aussi brillant que sa partenaire Scarlett Johansson, ce qui n’est pas peu dire…), sous ses dehors cyniques et pince-sans-rire est finalement tout à fait risible. Avec la jeune Charlotte, il tourne en dérision les Japonais, se moque sans cesse de leurs faits et gestes, leurs coutumes, leur anglais, mais qui s’en soucie réellement ? Qui cela fait il rire ? Personne et surtout pas lui-même. En un sens, il est plus ridicule encore que les Japonais qu’il singe, et ne tarde d’ailleurs pas à s’en apercevoir en regardant son pantomime grotesque dans une émission animée par un présentateur aussi exubérant que peroxydé qui n’est pas sans rappeler Kitano Takeshi dans ses œuvres télévisuelles. Et même quand il parvient (à l’hôpital) à provoquer l’hilarité de quelques autochtones, on peine à déterminer si ce n’est pas de lui qu’on se gausse. Conscient de sa condition en définitive assez pitoyable, Bob Harris n’esquissera donc pas le moindre souvenir avant le final émouvant où il comprendra qu’après avoir rêvé de le fuir, il ne veut plus quitter le Japon.

Film aussi drôle et léger que touchant et mélancolique, Lost in Translation apporte donc la confirmation de l'immense talent qu’on ne pouvait que soupçonner dans Virgin Suicides. Avec maestria, Sofia Coppola se sera donc fait un prénom en deux films à peine. Deux merveilles qui laissent augurer une longue et fructueuse carrière.



13 janvier 2004
par El Topo




Tourisme chic.

Lost in translation est, à sa manière, un film héritier des années 80. Comme dans certains des plus intéréssants films dérivés de l’esthétique années 80, il y est avant tout question d’atmosphère. La lumière, le montage, le cadre et les choix musicaux de bon goût font baigner les personnages dans une ambiance jet lag comme ils faisaient baigner ceux de The Virgin Suicides dans une atmosphère éthérée. L’atmosphère, cette chose qui renvoie aussi bien à un cinéma sensoriel et moderne qu’à une publicité pour parfum. Cela tombe bien : Sofia COPPOLA est de par sa formation entre deux univers. Son environnement familial l’a faite baigner dans la cinéphilie tandis qu’elle a aussi travaillé dans la mode, la publicité et le vidéoclip. La cinéphilie, elle est là au travers d’un scénario vaguement antonionien, vaguement wongkarwaien, vaguement fellinien. Il est question comme chez ANTONIONI d’êtres s’ennuyant dans leur couple, le pessimisme de l’Italien en moins. Le caractère platonique de la rencontre entre Bob Harris et Charlotte donne au film des airs d’In the mood for love déglamourisé. On y cite La Dolce Vita, on veut se moquer de la superficialité des milieux people et branchés mais cela vole beaucoup moins haut que la satire fellinienne de la jet set. 

Lost in translation, c’est aussi un film de touriste, au propre comme au figuré. Ses personnages ne s’y aventurent jamais au-delà du Tokyo des guides touristiques. Là où les choses coincent, c’est dans le regard assez arrogant de la cinéaste sur le Japon et les Japonais. La chose est cependant rendue digeste par le génie comique de Bill MURRAY qui transforme des situations de choc culturel dignes sur le papier d'une mauvaise comédie hexagonale en réservoirs de gags. C’est d’ailleurs souvent le talent de l’acteur et celui de Scarlett JOHANSSON qui donnent au film le genre de charme qu’avaient les LELOUCH du milieu des années 60 et du début des années 70, ceux d’avant l’impasse chorale : le charme de l’accidentel, de l’improvisation heureuse, du moment de liberté qui peut donner à une scène un supplément d’humanité. C’est grâce à eux deux que l’on savoure la célèbre scène du karaoké, une scène pourtant filmée et montée avec les pieds. C’est grâce à eux deux que les adieux de fin de film ont le même parfum de regret que le baiser Jackie BROWN/Max CHERRY chez TARANTINO. 

Une grâce pas toujours au rendez-vous et des tentatives caméra à l’épaule brouillonnes empêchent le film d’être aussi réussi que The Virgin Suicides. Mais, en sus de se distinguer dans le morne paysage de la comédie romantique contemporaine, Lost in translation a dans ses meilleurs moments du charme (le sien propre, celui de l'air du temps qu'il reflète). Chose que l’on ne saurait dire des films suivants de la cinéaste.

 



10 janvier 2004
par Ordell Robbie


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