Bagage encombrant
"Koper", c'est un film bien…sauf que tout le monde s'en fout, parce qu'il a fait un véritable four lors de sa sortie au cinéma en 2007 en ne restant qu'une toute petite semaine à l'affiche. Une comédie sans grands vedettes (l'acteur principal, Anjasmara, est surtout connu pour ses rôles dans des soaps TV, Djenar Maesa Ayu est une auteure intellectuelle et Joko Anwar était encore loin de jouir du même statut culte, qu'il entretient maintenant) et nageant foncièrement à contre-courant des productions habituelles à une époque, où les comédies d'horreur et de romance mièvres sont rois au box-office.
Le cas de "Koper" est comparable à celui de "Banyu Biru", une autre comédie totalement inclassable, qui chercherait davantage à faire sourire, plutôt que de rire à gorge déployé devant un énième gag potache facile et qui est beaucoup plus profond, qu'il ne paraît au premier abord.
Bon, il fatu avouer, que la morale de l'histoire (l'argent, c'est le mal) est un peu grossière et appliqué en autant de couches que le maquillage sur les différentes tronches de Lady Gaga, mais voilà…le réalisateur Richard Oh prend le temps de développer son idée et son histoire et porte énormément d'attention (et d'affection) à ses personnages…ce qui n'est pas si courant dans l'actuelle industrie cinématographique indonésienne. On suit donc avec beaucoup d'intérêt cette curieuse histoire d'un simple employé, que personne n'avait jamais remarqué jusqu'au jour, où il pourrait être en possession d'une forte somme d'argent. Métaphore à peine caché de cette fichue tendance asiatique, voire mondiale à toujours devoir étaler sa richesse au grand jour, où le "paraître" l'emporte sur l'être, Richard Oh réussit également à parfaitement épingler les travers de la société plus spécifiquement indonésienne, notamment en égratignant pas mal d'aspects des petits traves de son système.
Ajoutez à cela une galerie de personnages secondaires truculents (dont Joko Anwar) et vous obtiendrez un petit divertissement, qui fait passer un très bon moment – ce qui vaut tous les blockbusters écervelés et vides de toute substance du monde