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Love Hotel

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 3.12/5

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4 critiques: 4.12/5



drélium 2.75 Pinku qui nous emporte dans son extrême lenteur par son ambiance pesante et moi...
Xavier Chanoine 3.5 Amour déprimant
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Amour déprimant

Sur le papier, Love Hotel a une gueule monstre. On retrouve au scénario Ishii Takashi et à la réalisation Somai Shinji, particulièrement connu à l'époque pour son sensationnel Sailor Suit And Machine Gun avec dans le rôle titre la future idole pop Yakushimaru Hiroko, aussi à l'aise à la chanson qu'à l'interprétation de cette teenager motivée à l'idée de dézinguer du yakuza. On trouve aussi un casting particulièrement alléchant, Terada Minori en tête, que l'on avait vu dans le superbe et très étrange This Passing Life et que l'on retrouvera dans une adaptation libre des récits de Rampo vingt ans plus tard. Et si dans l'ensemble, le casting de Love Hotel reste plutôt anonyme (à part peut-être l'apparition de Ibu Masato que l'on verra chez Spielberg, Imamura et Miike et Sato Koichi chez Harada, Misumi et récemment chez Miike pour Sukiyaki Western: Django), c'est parce qu'il n'a pas besoin de grandes figures cinématographiques pour briller. Justement, c'est dans cette perspective de participations symboliques que le film de Somai trouve sa force, ses racines, dans ce prolongement moderne des vieux pinku sadiques initiés par Wakamatsu, dont il est tout à fait possible de comparer (dans une toute autre mesure) la scène d'introduction de Love Hotel avec l'intégrale de Quand l'Embryon part braconner. On y trouve effectivement ce même climat d'étouffement, d'insécurité totale, de pression endurée par les sévices pervers d'un homme mystérieux sur une jeune femme de mauvaise vie. D'une froideur insondable, l'introduction a la finesse d'un trente tonnes lancé sur la Route 66, le cinéaste n'hésitant pas à filmer par l'intermédiaire de ses plans-séquences légendaires cette jeune femme entrain de jouir de plaisir et de souffrance. Le spectateur, un peu paumé, assiste impuissant à la scène, résigné mais curieux de voir le prolongement d'un tel acte, sa repercution sur l'avenir.

C'est pourquoi Somai coupe court très vite à cette introduction et nous envoie deux ans plus tard, où les deux acteurs (l'homme mystérieux et la jeune prostituée de luxe) vont finir par se retrouver par le biais du hasard. Il y a d'abord cette rencontre en taxi, poursuivie par une errance le long d'un quai, comme si la jeune femme sentait sa dernière heure arriver, là aussi le prolongement d'un certain malaise social et sentimental : errance d'esprit, errance du corps, le tout sous une chanson mélancolique une fois de plus parfaitement utilisée par Somai, qui ne commet jamais la bévue de répéter son score à chaque scène potentiellement larmoyante ou délicate, tout juste nous la réentendrons une heure plus tard. Admirable, la caméra actrice à part entière filme les ébats libertins et profondément déshumanisés, il n'y a pas d'âme puisque chaque scène d'amour semble être rapidement menée, comme pour soulager les pulsions d'un homme sans grandes ambitions : baraque où il faut chevaucher les mouchoirs enduits de sperme et les ordures du week-end, obsession de la chaire où la victime d'un soir deviendra directrice des ébats SM signés Ishii Takashi, mais l'on est encore très loin du pinku du base : le film est teinté d'une poésie macabre, dérangeante, où ses acteurs semblent être le reflet même d'une société au bord du gouffre, c'est pourquoi Love Hotel n'est pas qu'un pinku de commande sans grande profondeur, il exploite son propre pouvoir de fascination, presque Condition de l'Homme à part entière sur son spectateur, un peu perdu dans cette tornade pessimiste. Le final, après une énième scène de copulation en plan-séquence, questionne aussi sur le devenir des acteurs, et si la symbolique des pétales de cerisiers tourbillonnant peut démontrer une certaine facilité, elle n'en demeure pas moins -presque- rassurante, seul éclair d'optimisme pour cette nouvelle formidable incursion de Somai dans la tête des Hommes.

17 octobre 2007
par Xavier Chanoine


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