Quand l'homme prend la mer, la mère prend l'homme…
La jaquette du film et mon résumé volontairement torché fait croire à une belle bluette érotique, comme il en passe de nouveau à des heures pas si tardives de la soirée sur quelques chaînes de la TNT. FATALE ERREUR: il s'agit d'un poignant mélodrame dans la pure lignée des plus grands classiques thaïlandais…ou du moins les créateurs auraient bien voulu aboutir à un tel résultat. Sauf qu'il s'agit d'une production RIGHT BEYOND (The Sin, Diecovery…), soit les producteurs des films les plus Z de chez Z en Thaïlande, qui réussissent à survivre depuis des années en vendant des films aux jolies jaquettes et avec la promesse de sous-titres anglais (de bonne qualité de surcroît)…
Il faut avoir le courage de se faire une production "Right Beyond" de temps à autre pour réévaluer le film en général. C'est bien simple, "Right Beyond" enterre tous les prétendants au titre du pire nanar et réussit même à sérieusement concurrencer Ed Wood dans le domaine. Généralement, ces producteurs officient dans le domaine de l'horreur, genre à peu près sûr de vendre une certaine quantité de titre, peu importe la qualité approximative. Ces malfaiteurs n'ont pourtant pas hésité non plus à surfer sur la vague post-"Ong Bak" en sortant l'imbuvable "Go fight !" et aujourd'hui ils s'essaient donc au sérieux genre du mélodrame.
Le résultat est à la hauteur des attentes avec une intrigue totalement improbable et des acteurs enterrant les pires figurants des productions AB, l'interprète de Khun en tête. Improbable mélange de Lou Ferrigno (Hulk – version télé) et Monsieur Muscle 1998, il traîne péniblement sa carcasse sous stéroïdes dans des décors naturels – il est vrai – assez beaux. Constamment essoufflé, il récite ses dialogues à toute allure, comme un écolier son poème un jour de fête de fin d'année d'école. Normal, que Mali lui préfère finalement le bellâtre Sak, sorti on-ne-sait-pas-trop-d'où, mais ce sera le cadet de nos soucis; plus surprenant est cet improbable rebondissement scénaristique de coucherie, alors que Khun et Mali avaient passé jusque-là les ¾ de leur temps à tenter de fuir le méchant Song…Ah…Les femmes…"Toutes des put.." comme le remarque justement l'un des personnages vers la fin du film au cours de l'un de ces brefs monologues hyper bien écrits, dont les scénaristes de "Love of sinner" ont le secret…Et quelle preuve d'inventivité dans la construction de leur histoire. La plupart des temps, les personnages principaux sont assis seuls, face à la mer, à se lamenter…D'abord Khun, triste d'avoir été séparé de sa Mali…puis Mali, triste d'avoir été séparé de son Khun…Puis Khun, triste de n'avoir pu sauver sa Mali…Puis Mali, triste de n'avoir pu être sauvée par Khun…Puis Khun, triste d'avoir échoué une seconde fois à sauver Mali au cours d'un combat homérique où il distribue deux coups de mandales dans le vide avec force bruit (comme dans ces mauvais films de kung-fu d'antan)…Puis Mali, triste de n'avoir pu être sauvée une seconde fois, alors que Khun avait quand même livré un combat homérique… …Bref, faut le voir pour le croire.
Quant aux fameuses scènes érotiques, elles se limitent à deux chastes papous et des cuts hyper sévères, quand l'un des personnages commence à faire glisser sa main sur l'avant-bras de l'autre…SHOCKING !
Non vraiment, après avoir vu ce film, je suis tombé sur un film des Charlots…et me suis surpris à le trouver presque bon après l'affligeante expérience de visionnage de "Love of sinner"…J'ai hâte de me mettre à "Devil Species"…une autre production "Right Beyond" dormant dans mes tiroirs depuis quelques années…