Ghost Dog | 2 | Un premier film très critiquable ; mention peut mieux faire. |
Sonatine | 4.25 | Incroyable surprise |
MLF | 1.5 |
Contrairement à Sonatine, je n’ai pas vu ce film au festival de Deauville, mais sur une copie VHS sous-titrée anglais. Autre point non négligeable : je l’ai visionné 3 jours après Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, et depuis 3 jours tous les films que je vois me paraissent sans saveur. Est-ce que ces éléments ont joué en la défaveur de mon avis ? Je ne saurais le dire, mais toujours est-il que je pense que mon opinion aurait été sensiblement la même dans d’autres circonstances : je n’ai pas aimé ce film. On cite dans le dossier de presse d’Eclipse de Lune le Vertigo d’Hitchcock et Lost Highway de Lynch pour sa ressemblance scénaristique (2 femmes qui se ressemblent obsèdent un seul et même homme), mais soyons honnête, il n’arrive à aucun moment à la cheville de ces 2 chefs-d’œuvre. On pourrait rajouter des références à Blow Up d’Antonioni pour la passion de l’image, de la photo, qui fascine Xiaobing, ainsi que quelques points communs avec un film chinois récent, Suzhou River. Mais les comparaisons s’arrêtent là.
Je crois que ce qui m’a le plus dérouté dans ce film, c’est son inconstance, son incapacité (ou plutôt son choix) à ne pas faire durer les scènes plus de 30 secondes. Cela donne un film très décousu qui saute de la vie de Ya Nan à celle de Jia Niang sans prévenir, sans doute pour mieux confondre la vie de ces 2 jeunes femmes, l’une coincée dans une vie maritale ennuyeuse et l’autre qui rêve de faire du cinéma. Wang Quan An a tenté un choix de narration très difficile pour son premier film, refusant la linéarité de l’enchaînement de son histoire, et on ne peut que le féliciter. Mais affirmer qu’il est parvenu à tenir son pari est une autre chose. Il n’a pas insufflé pour moi assez de vie, de conviction et d’entrain à son intrigue, et finit par décontenancer et ennuyer plutôt que d’intéresser.
Quant au propos même d’Eclipse de Lune, j’avoue qu’il m’a un peu échappé. Qu’a voulu montrer Wang Quan An au delà de la simple confrontation de sosies reliés par un seul homme? Faut-il lire en filigrane qu’il persiste un problème d’image en Chine, qui confine les femmes « rangées » au respect et les femmes qui trempent dans le cinéma au mépris ? Ou bien a-t-il voulu évoquer l'occidentalisation de la Chine par l'image? Peut-être. Une seconde vision de ce film m’en apprendra sûrement davantage.
Ce premier film d'un réalisateur chinois de 39 ans, diplômé de l'école de Cinéma de Beijing, est proprement hallucinant. Comme il est inscrit sur l'affiche, le film pourrait se résumer par "2 histoires, 1 femme/2 femmes, 1 histoire".
L'histoire que nous conte Wang Quan'an est merveilleuse: un photographe tombe amoureux d'une femme qui ressemble étrangement à une femme qu'il a connu. Toutes deux ont une maladie cardiaque et sont jouées magnifiquement par l'actrice Yu Nan (filmée amoureusement par le réalisateur).
Très inspiré par La Double Vie De Véronique de Kieslowski avec des relents de Lost Highway de Lynch (sans oublier la matrice de tous ces films, Vertigo d'Hitchcock), ce premier film sublime, maîtrisé et d'une beauté à couper le souffle est une incroyable surprise.