Ordell Robbie | 3 | un film de guerre intéréssant mais pas aussi fort que les films de Fuller sur l... |
Alain | 3 | Bon film même si il n'égale pas les films de guerre japonais |
Si Seaside Village évoquait le cinéma japonais, The Marines who Never Returned fait plutôt penser dans son esprit au cinéma russe des années du dégel: en effet, il s'agit d'un film sur la guerre tourné dans un contexte non démocratique qui évite néanmoins les clichés propagandistes et patriotiques.
Le film débute d'abord par une scène de bataille réalisée de façon quelconque qui fait craindre le pire. Heureusement, lorsque les soldats entrent dans Séoul, le film devient un court instant un jeu de piste fascinant: Séoul y est montrée comme ville désertée, pleine d'habitations désaffectées où sont jonchés des corps en décomposition. Le danger peut alors surgir de toute part, un tireur peut se trouver dans n'importe quel endroit de ce labyrinthe. Le côte piège permanent est alors bien rendu par la mise en scène qui se place là où le coup va surgir. La partie suivante, même si elle est un peu moins réussie est au moins d'une grande originalité: pas de batailles, cheminement à travers un pays désert, présence d'une jeune fille au milieu des troupes. Si cette dernière donne lieu à des moments émouvants, les effets humoristiques suscités par son contact avec les soldats sont d'un grand comique troupier -quoique d'une grande légèreté si on le compare aux dialogues de Windtalkers-.
Néanmoins, cette partie offrira une scène très originale: les soldats essaient de rentrer dans un bar à hôtesses réservé "seulement aux soldats américains"; devant le refus de la tenancière qui préfèrerait des clients plus aisés, ils saccagent le bar et payent le montant des dégâts occasionnés, réussissant ainsi à la faire céder. Les contacts avec les clients américains ainsi que les passes interrompues par la bataille suscitent l'hilarité. Toute cette partie, si elle est inégale, a au moins le mérite d'offrir des observations bien senties et de se placer hors la guerre une heure durant. Ensuite, le film se poursuit par un retour à la bataille sans recours facile au spectaculaire comme dans la scène d'ouverture. Lee Man Hee va se focaliser sur l'attente, la lassitude des combattants, leurs doutes sur la pertinence de la guerre. Surtout, il va opposer les personnages qui ne supportent pas de tuer à ceux qui tuent pour survivre. Histoire de montrer qu'il ne fait pas oeuvre de propagande, Lee Man Hee va achever son film sur une note désespérée en insistant sur le charnier et le désespoir des survivants.
Si the Marines who never returned n'est pas totalement abouti, il a le mérite de l'originalité et du refus du manichéisme qui est un exploit vu le contexte politique de son élaboration. Il reste un document précieux pour le cinéphile souhaitant comparer cette vision de la Guerre de Corée à celle des films américains sur le sujet. Pour les autres, mieux vaut voir en priorité les films de Samuel Fuller sur le sujet qui sont plus aboutis.