| Ordell Robbie | 2.75 | Milliards de Kitsch |
Comment noter un "truc" pareil? Parce que the Millionaire Chase, c'est un peu un test pour savoir jusqu'où l'on est prêt à aller par goût du glamour. Le pitch? En gros trois chanteuses qui décident un jour de se livrer à une chasse au milliardaire... Rien de neuf dans ce pitch qui servit de point de départ au sublime les Hommes Préfèrent les Blondes et à tous ses avatars.
Sauf que le traitement du sujet fait que l'on obtient ce que Hong Kong a fait de plus proche de Bollywood: situations archi-cliché, naïveté fleur bleue assumée et revendiquée, multiplication des quiproquos. Quant aux personnages féminins, pour le plus grand plaisir du mordu de Bollywood, c'est de l'archistéréotypé, de la vénale arriviste qui drague un homme vieux, riche, très laid et marié, à la fille archinunuche qui croit en idéaliste au grand amour mais se laisse entraîner par ses copines dans la vénalité pour se venger de son ex qui l'a quittée pour une femme plus riche qu'elle en passant par un jeune homme qui voyage sans le sou et bricole des moyens de se sortir des situations les plus difficiles (par exemple comment partir sans payer d'un restaurant chicos après avoir mangé comme un roi...). Sans compter que les hommes riches convoités par Medemoiselles ont des trombines de Bad Guys grotesques qui n'auraient pas dépareillé dans la Fureur du Dragon. L'humour n'est pas toujours léger mais le film a au moins le mérite d'annoncer la couleur dès le début avec ses femmes nunuches se bagarrant à coup d'entartrages, un homme riche se fait passer pour provisoirement blessé à la jambe histoire de tester la fidélité de sa femme, la nunuche de service qui s'exclame "mais vous êtes riche" quand elle apprend que le passager assis à ses côtés travaille dans l'industrie diamantaire.
Mais même s'il joue les cousins de Bollywood, le film ne peut s'empêcher d'être rongé par le gros n'importe quoi à la hongkongaise: il parachute ainsi une intrigue policière avec des agents secrets aux trousses d'un des protagonistes et fait terminer le film par un kidnapping et une baston déconnante où l'on utilise des noix de coco entre autres pour neutraliser l'adversaire. Quant à la fin, c'est du parachutage et de la désinvolture manifeste. Pour le reste, le film est correctement mis en scène et comporte quelques idées sympathiquement kitsch tels que les fondus colorés ou encore le générique croisant le chant de nos sirènes avec du dessin animé et quelques cadrages penchés, bref juste assez pour ne pas couler le film. La photographie est avec ses chromas vifs dans la droite lignée de la Shaw Brothers touch. Sauf que le clou du film n'est pas là: le clou du film, ce sont bien évidemment les passages chantés. Ces dames minaudent à tout va, font des petits clins d'oeil, portent des fringues à chromas outrés en droite ligne du mélodrame hollywoodien classique, bref c'est du pur plaisir des yeux pour qui aime le glamour.
Au final, ça ne vaut pas tripette cinématographiquement mais cela compense cet aspect par son côté frais et naïf. Réfractaires du naïf, du kitsch et du fleur bleue vous êtes prévenus...
