Quotidien pas simple
Mon Beaux Pays de Gao Feng a tout du film chiant par excellence dont on se fiche éperdument. Pourtant, en creusant davantage et en y regardant de plus près, cette chronique familiale a du bon. Nous suivons Amantai à travers un doux périple entre ses steppes natales de Xiangjang et la ville moderne qui le fascine. Rapports forts sur l’importance de la famille au sein d’une communauté musulmane (on dénombre plus ou moins deux millions de musulmans en Chine), traditions casaques mises en avant par le cinéaste, notamment dans l’importance qu’ils donnent au cheval, véritable membre de la famille et principal outil de travail. Mais là où Gao Feng atteint le coche (au bout d’une demi heure simplement gonflante) c’est dans la représentation très intéressante des rapports conflictuels entre le monde dit « civilisé » et la campagne plus reculée où vivent des personnes sans grandes ressources, ni grande éducation à proprement parlée. C’est à peine si le père s’offusque lorsque son fils lui confie qu’il espère troquer son cheval contre un 4x4. Il y a donc ici une parabole entre le progrès et le refus du progrès, après une introduction sirupeuse à en donner la nausée (doit-on abattre le cheval ? Amantai doit-il sauver le cheval pour les beaux yeux de Mayila ?) heureusement sauvée par les premières séquences se déroulant en ville, aussi amusantes (le passage du permis) que dramatiques (l’attaque du père). L’ensemble trouve tout de même quelques limites notamment au niveau du personnage de Mayila, zappée comme il faut une fois cette dernière mariée. Après un début effrayant, cette carte postale –décevante- relève la tête pour finalement n’être que passable. A noter la performance imbibée de naturel du père de famille, humain mais aussi protecteur.
