Esprit rebelle
Le re-re-re-renouveau du cinéma taïwanais de ces dernières décennies continue à s'affirmer avec le nouveau succès du box-office local de "Monga", qui talonne de près le précédent record obtenu par "Cape N° 7".
Second long-métrage de l'acteur vedette et réalisateur de séries télé ("Say yes enterprise", "Wayward Kenting") après le mockumentary "What on earth have I done wrong" (2007), Doze Niu s'attaque au genre phare du cinéma asiatique: le film de jeunes gangsters. A l'instar de la Thaïlande, qui avait relancé son industrie avec le bien nommé "Dang Bareley and the young gangsters" ou la récente tentative indonésienne "The Last Wolf" d'Upi, Niu reprend les principaux ingrédients du genre, qui en auront fait le succès dans les pays modèles pour transposer une intrigue somme toute hyper classique dans le Taiwan des années 1980. Un souffle nostalgique donc pour cette évocation romancée (codes physiques et vestimentaires n'étaient certainement pas à l'ordre du jour sur l'île, mais renforcent d'autant plus la "rebel atitude" des jeunes héros) du quartier de Monga (Wanhua), jadis zone de passage de tout-venant et aujourd'hui l'une des principales artères commerciales de Taipei.
Niu ne prend pas beaucoup de risques à conter une histoire ultra classique de forte amitié virile entre 5 copains, adeptes des 400 coups avant que le crime et le mauvais destin les sépareront à tout jamais. Prévisible de bout en bout, c'est uniquement le charisme des jeunes héros (dont les stars de la télé Mark Chao et Ethan Yuan) et le talent de l'acteur et réalisateur Doze. Ce dernier fait preuve d'un incroyable talent, en forte progression depuis son dernier "What on earth…" et son segment tourné pour le film omnibus "Taipei 24h". Scènes d'action, comme moments plus dramatiques (en-dehors de la fin, définitivement trop mièvre) sont parfaitement maîtrisés et il réussit même à insuffler quelques éléments auteurisants, brossant le portrait des différents protagonistes avec beaucoup d'attention et de sensibilité.
Trop classique et un brin trop long (une bonne demi-heure en moins n'aura absolument pas nui au film), "Monga" constitue pourtant une surprise agréable…surtout pour une première au sein du cinéma taïwanais, définitivement le vivier d'un tas de nouveaux talents à suivre de très près.