Un monstre (de manga) s'est échappé de l'esprit d'Urasawa
Le film L’Ultime souper est basé sur une idée : si vous saviez tout le mal que Hitler allait faire dans sa vie et que vous le rencontriez dans un bar en 1936, est-ce que vous le tueriez ? Dans Monster ce type de question vient à se poser aussi. En effet, si le docteur Tenma avait su que sauver la vie de cet enfant en 1986 allait permettre la survie d’un monstre en puissance, est-ce qu’il aurait vraiment tenté cette opération si délicate ? 9 ans plus tard, Tenma est impliqué dans une sombre affaire qui va le contraindre à partir à la recherche de Johann et à réparer l’erreur qui a faite en le sauvant d’une mort certaine. Et quel dilemme pour un médecin que de devoir tuer ! Là où les choses se compliquent encore c’est que Johann est un personnage très intelligent avec un passé plus qu’obscur et que Tenma n’est pas le seul à le rechercher. On se retrouve plongé dans le monde des néonazis allemands qui font aussi froid dans le dos que ceux que l’on peut voir dans les reportages d’Envoyé Spécial.
Autour de Tenma, on trouve de nombreux personnages très attachants comme la jolie Nina ou le petit Dieter mais aussi d’autres que l’on n'a aucun mal à détester. Et il y a ceux entre-deux comme le flic aux trousses de Tenma qui vit trop pour son boulot et néglige sa famille, doué d’une intelligence qui fait que l’on sent qu’un jour il comprendra que Tenma n’est pas l’homme qu’il a cru cerner au premier regard. Ce travail tout en nuance s’applique aussi à l’ex de Tenma qui est absolument insupportable mais dont on peut excuser le comportement à la lumière de certains détails qui seront révélés au fil de l'intrigue.
La vision de l’histoire n’est d’ailleurs pas que celle de Tenma mais aussi d’autres personnages secondaires dont on suit l’évolution et qui donne un temps d’avance au lecteur dans la compréhension et la résolution de l’aventure. Mais ce qui peut répondre à des questions est aussi susceptibles d’en poser d’autres. Et il semblerait que ce soit là une grande spécialité de Urasawa qui en use à merveille. L’histoire s’éclaircit, s’assombrit et rebondit sans que le lecteur ait le temps de se plaindre. C’est un plaisir de lire un scénario d’une telle qualité agrémenté d’un dessin qui semble arriver à maturité et qui malgré la simplicité des traits (au sens : pas de surcharge) est graphiquement irréprochable.
Décidément Kana a beaucoup de nez !
Une série à grand succès au Japon débarque en France : Monster
Graphiquement on touche au très très très bon. Les décors et arrières plan sont magnifiques (les villes sont très réussies, Heidelberg en est un parfait exemple !). Le chara-design est très bon même si plus classique que les véhicules, paysages, villes et instruments en tous genres pour lesquels bien rares sont les mangaka à apporter autant de soin... Le découpage est classique mais les cadrages sont excellent, un manga très très agréable à regarder...
Quant au scénario... Bien rare sont les oeuvres capables de créer ainsi une ambiance sombre et surtout ultra passionante ! Une oeuvre originale avec la quête d'un médecin qui n'a fait que son devoir mais qui a sauvé un monstre... qu'il se doit de mettre hors d'état de nuire, alors que la police le soupçonne ! Seul contre tous, comme le fugitif dans le film du même nom, notre héros doit assumer son destin. Rare sont les histoires policières aussi passionantes et bien ficelé ! Suspens, action, émotion, complexité des sentiments humains, tueur mystérieux, héros tour à tour bon, fort et faible... On dévorre les tomes avec avidité ! Vivement la suite !
Thriller à rallonge mais fort bien raconté et blindé de personnages géniaux
Allez z'y voir par là !
Démonstration
Le monstre suscite l'horreur de par sa cruauté, sa perversité. De ce monstre là , Monster n'a pour l'instant pas livré de représentation concrète, laissant efficacement et intelligemment l'imaginaire se charger de plaquer, derrière un visage angélique l'idée du mal absolu, de l'inconcevable. Malin.
Mais un monstre cela peut être aussi effrayant par sa taille, son aspect. L'architectonique de Monster, ses entrelacements, circonvolutions, intersections, ses connexions innombrables font de l'oeuvre d'Urasawa l'entéléchie du monstre son aboutissement. Feuilletoniste de génie, digne héritier de Tezuka poussant jusqu'à son paroxysme l'obsession du détail, la géométrie et la méticulosité d'un récit au suspense insoutenable, Urasawa fait preuve d'une force particulièrement active de travail et d'expression qui ne peut inspirer que l'admiration.
Une histoire qui au fil des tomes, devient de plus en plus confuse et embrouillée, avec le lot habituel de surenchère et de rebondissements scénaristiques invraisemblables, qui tuent toute cridébilité au récit. Au final un manga assez ennuyeux à lire. Son seul mérite est d'instaurer une ambiance sombre parfaite, propre au genre du thriller, sur fond de chute du mur de Berlin et réunification des pays de l'est, sans éviter toutefois, l'écueil des clichés navrants sur les pays slaves et l'allemagne de l'est: le côté inspecteur Derrick des personnages ect