Séparés ensemble
Le couple formé à la vraie vie par les vedettes Ari Sihasale et Nia Zulkarnaen continue leur collaboration professionnelle fructueuse avec un quatrième long-métrage réalisé sous la bannière de leur société de production Alenia Pictures.
Après le gros succès "Denias" et les moins populaires, mais non pas moins réussis "Adventurous Holidays" et "King", ils ont mis en boîte "Motherland", qui ne déroge absolument pas de leur manière de faire: une histoire relativement simple, extrêmement nationaliste dans l'âme, sans pour autant verser dans un patriotisme exacerbé et qui se focalise sur une nouvelle région indonésienne relativement méconnue du public local et international.
Après la Papua dans "Denias", Java et Yogyakarta dans "Adventurous…" et la magnifique région du Java de l'Est dans "King", c'est la zone frontalière atypique de l'Est de Nusa Tenggara, que le couple exploite dans leur nouveau film et qui vaut quelques plans et séquences époustouflants au cours du film. Quant à l'histoire, elle est à la fois simple et spectaculaire: simple, car en-dehors de l'exposition de quelques personnages forts, l'intrigue principale se focalise uniquement sur les efforts d'une jeune fille de retrouver son frère; spectaculaire, car le film s'attaque à un sujet extrêmement douloureux de l'histoire indonésienne, qui a été le combat autour de la région du Timor oriental: originellement colonie portugaise, le Timor oriental fut annexé par l'Indonésie en 1975. Le pays fit sécession en 1999 dans la douleur et le sang et acquit sa pleine indépendance en 2002. Encore aujourd'hui, des nombreuses familles demeurent séparées suite à ce conflit et glanent autour des postes frontières, en attendant d'avoir des nouvelles de leurs familles.
Malheureusement, cet épisode historie extrêmement fort n'est jamais pleinement traité et ne donne lieu qu'à une histoire moyennement satisfaisante. La première partie introductive traine beaucoup trop en longueur en s'attachant à la vie quotidienne des personnages principaux dans une région extrêmement pauvre et – surtout – développe quelques enjeux dramatiques sans aucune incidence sur la seconde partie, qui s'attache brutalement au destin de la jeune héroïne et sa fugue pour tenter de retrouver son grand frère resté de l'autre côté de la frontière. Surtout prétexte pour inclure les fameux plans des magnifiques paysages, l'intrigue, elle patine sérieusement, en incluant maladroitement quelques effets dramatiques appuyés pour tenter de faire allusion jusqu'au dénouement final, attendu dans ce type de divertissement.
"Motherland" déborde de bonnes intentions…mais est malheureusement loin de constituer une réussite dans son genre.
