Un film charmant, curieux et tendre pour toute la famille
Nous n'avons pas assez souvent l'occasion de rencontrer en salles des films malais. A la vue de
ce film on est vite tenté de penser que cela est bien dommage... Avant tout ce film nous présente une gallerie de personnages très touchants. La famille de la jeune Orked, héroïne du film, est pour le moins atypique dans le paysage conservateur de son voisinage. Leur exentricité et la chaleur des liens qui les unissent ne sont pas sans rappeler ceux de
texte. La réalisatrice soigne tous ces personnages, même les plus secondaires. Sa caméra est tendre et patiente avec tous et l'on sent bien que ses propres souvenirs d'enfance nourrissent le film. Orked rencontre Mukhsin, un jeune garçon qui marquera toute son existence mais la narration ne tombe jamais dans le mélo et termine sur un très touchant témoignage.
Mukhsin (2006) est de ces films fragiles et discrets qu'il faut soutenir et protéger pour que le plus grand nombre puisse les découvrir. A conseiller vivement aux jeunes spectateurs.
Chronique mélancolique et drôle
Troisième opus de la trilogie centrée sur le personnage d'Orked, après
Chinese Eye (2004) et
Anxiety (2006) ,
Muksin est une comédie sur l'amour, la famille et l'enfance. L'héroïne a dix ans et le héros éponyme, douze. La caméra oscille, comme Orked, entre l'amitié du dehors et le foyer familial, qui, avec une jeune mère, un père et une bonne qui chante d'une voix merveilleuse, ne donne pas tellement envie d'être quitté.
Muksin est mémorable pour des scènes irrésistiblement comiques, pour ces moments musicaux, pour son sens des détails.
C'est comique parce que les personnages se cherchent et se moquent les uns des autres - les jeux des enfants, ceux des parents, tout est prétexte à course poursuite. Mais la grande séquence comique est incontestablement celle de la visite des parents d'un petit garçon "brimé" par Orked. Il s'agit alors pour la famille de ruser, et avec talent, pour maintenir son insouciance joyeuse tout en satisfaisant aux exigences des parents contrariés. Le film est encadré par deux intermèdes musicaux festifs et émouvants : il s'agit d'un morceau composé par le père de la réalisatrice, Ahmad Hashim, repris au début par un quatuor à cordes jouant d'une instrument traditionnel (le keroncong) et chanté par Adibah Noor (l'actrice qui jour la bonne, et qui est chanteuse professionnelle dans la vie), et à la fin par Ahmad, son père au piano et sa mère et sa soeur au chant. Un peu plus tard, "Ne me quitte pas" version Nina Simone est irrésistible aussi, le tourne-disque en famille et l'amoureux sur le trottoir. Enfin, les personnages secondaires et les détails donnent toute son épaisseur réaliste ) cette comédie, la romance se doublant d'une chronique sociale pleine d'humour : le père et ses achats à crédit avec paiements à 36 mois, ou comment épater les voisins à peu de frais, l'homme mûr, sa jeune amante et sa femme peu encline à se faire délaisser, l'inévitable gel dans les cheveux du jeune prétendant...
Comme en plus il est interprété par deux jeunes excellents acteurs, ce film est un plaisir à ne pas bouder.