Un remake très fidèle à l'original, différent dans son approche
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Notre dossier pour la chronique du film et un comparatif avec l'original.
Une copie parfaite de l'original qui ne restera qu'une copie
Ce remake d'un film de Hiroshi Shimizu présente trois personnages. Un masseur aveugle, un homme accompagné de son neveu, et une mystérieuse femme se rencontrent dans une station de sources chaudes dans les montagnes japonaises du milieu du siècle dernier. Le masseur tombe étrangement amoureux de la femme, alors qu'il la suspecte par la même occasion de différents vols ayant eu lieu dans la résidence, doute d'ailleurs renforcé par le bruit des rumeurs. L'autre homme, à mesure que se succèdent ses rencontres avec cette femme, s'attache peu a peu à elle et retarde toujours plus son départ. Pendant ce temps, l'été défile.
Annoncé comme une sorte d'hommage au cinéma japonais d'avant-guerre, on se retrouve plutôt avec un mélange affreux entre un scénario du cinéma traditionnel et la mise en scène et jeu d'acteurs dignes des fameux "dramas" à la sombre réputation. Le rythme très lent du récit tranche donc avec des acteurs superficiels, dans des décors qui le sont tout autant, sans apporter un sentiment comparable au genre qu'il honore, ni en le transcendant. Ce décalage finit presque par agacer. Aucune ambiance ne s'en dégage, on n'arrive pas a y croire, bref, cela semble plutôt destiné à un tube cathodique plutôt qu'à un grand écran de toile.
L'Amour rend aveugle
Le réalisateur Ishii Katsuhito n'est jamais vraiment là où on l'attend. Porté aux nues pour son étrange "Taste of Tea" après avoir signé une série de films très hype dans le pur style Tarantino-esque ("Party 7", "Sharkskin Man…", ainsi que la séquence animée de…"Kill Bill 1"), il co-réalise le délirant "Funky Forest" honteusement inédit dans la plupart des pays européens.
Alors, qu'on commençait tout jsute à se demander, ce que le bougre pouvait bien préparer, il re-fait surface en tant que directeur artistique de l'ambitieux anime "Red Line" (projet longtemps pensé abandonné pour avoir traversé un "development hell" incroayble), puis avec le présent "Yama no anata", remake plan par plan du classique du même nom de 1938 par SHIMUZI Hiroshi.
Loin de ses tendances hype, il revient donc à un "cinéma de papy" étonnant…et surfe en plein sur la récente vague des productions nostalgiques d'un certain Japon du passé; ce qui nous aura donné une déferlante de productions nationalistes hyper-puants (notamment dans le domaine de la représentation de la seconde Guerre Mondiale), mais aussi des comédies guimauves ("Season of snow") ou des films avec tout plein de musique (tout comme le putassier "Choristes" en France). De l'aveu même d'Ishii, il a voulu réunir les familles autour d'une bonne sortie ciné…sauf que dans le cas présent, il va même jusqu'à rechercher un public composé des arrière-grand-parents, tant son film recourt à la vieille école.
Autant ce genre de productions peut trouver un charme (désuet) à le regarder en vieux Noir et Blanc craquelé (avec le bruit du projo en arrière-plan), autant le re-faire au plan près 70 ans plus tard passe un peu plus mal; surtout qu'Ishii a demandé à ses acteurs (le membre du groupe pop SMAP, KusanagiTsuyoshi en tête) de jouer de la manière exagérée de l'époque, sorte de mélange de l'ère post-muet et du jeu théâtral, souvent pour bien faire comprendre à l'audience naïve de l'époque ce qui se passe à l'écran. Aux aveugles d'en faire donc des tonnes pour montrer, qu'ils sont aveugles…Le handicap et la fausse maladresse de ces non-voyants pouvaient peut-être encore faire rire un public de l'ancienne époque, mais au moins depuis "Zatoichi" pour les japonais et "Parfum d'une femme" (version originale italienne de 1974 avec l'extraordinaire Vittorio Gassmann et non pas celle, américaine remakée, avec l'insupportable Al Pacino, qui doit d'ailleurs beaucoup à "Zatoichi" pour son interprétation) en Europe, on sait que "moins, c'est plus".
L'intrigue est résolument minimaliste et forcément évidente; restent des purs moments de bonheur et de bien-être, une simplicité pour rendre compte des choses, que l'on pensait perdue et des magnifiques inserts de décors naturels à couper le souffle…mais là encore en totue simplicité.
Alors voilà, la démarche s'apparente un peu à celle de Gus van Sant, qui avait repris "Psychose" au plan près; mais au moins, c'est moins dans un vain but mercantile de mettre des "classiques" à la portée d'un public jeune, qui – selon les dires des gros producteurs "avisés – auraient perdu l'habitude de voir des vieux films…Et en re-prenant du Shimizu, au moins Ishii ne s'attaque pas à un classique incontournable, comme on a pu l'observer dernièrement avec els remakes peu avisés de "Sanjuro" ou "Hidden Fortress". En même temps, il ne réinvente pas la roue non plus – il sera intéressant de savoir, comment il va savoir regurgiter cette expérience dans ses films à venir.