My Own Audience
Comme toute bonne série télévisée populaire en Chine qui se respecte, My Own Swordsman, réalisé par Shang Jing en 2006 et multi adapté sur tous les supports (jeux vidéo, animation), bénéficie d’une adaptation long-métrage bien évidemment destinée aux salles obscures locales. Armé d’un remarquable matraquage médiatique dont la sortie fut précédée d’émissions entières consacrées à sa promotion, My Own Swordsman continue sur la lancée de la série en reprenant la même équipe, avec cette fois-ci un doux parfum critique bien venu au pays où le politiquement correct tente de régner par tous les moyens.
Porté par les mêmes acteurs et actrices du petit écran, Yao Chen en tête, toujours aussi populaire mais toujours autant en roue-libre lorsqu’elle interprète son rôle de jeune femme quelque peu dépassée par les évènements, cette comédie kung-fu intervient hélas à un moment où les clichés et faux-pas inhérents aux adaptations ciné d’un matériau télévisuel n’arrivent plus à passer. Le premier sentiment un peu amer qui émane de cette étonnante tambouille effrénée réside dans l’interprétation des acteurs, pas plus juste que ce qu’on a pu voir à la télévision, ceci dit toujours plus enthousiaste que dans la majorité des soap dramas télévisés : on a davantage l’impression de voir la famille au grand complet s’adonner à cœur-joie pour ce qui représente leur première réunion sur grand écran, que de vrais acteurs un minimum concernés par leur personnage. L’absence de direction d’acteurs nous rappelle donc très vite les racines du produit. Secondo, le sentiment d’avoir à faire à un épisode étiré en longueur prend là aussi le dessus. Les péripéties autour des galères des protagonistes vis-à-vis des spéculations immobilières (l’un des fléaux contemporains de notre admirable société) a quelque chose de très moderne et pinçant dans son discours, logique étant donné la hausse délirante du prix de l’immobilier dans les grandes villes de Chine, mais le propos ne va pas au-delà de la critique, à peine de la remarque. Noyé dans un océan d’humour oscillant entre le réussi (les vannes sur l’accent et le dialecte d’Hongkong, un régal, ou encore la pendaison du début non voulue), l’attendu (le karaoké) et le navrant (toutes les blagues scatos), le cinéaste critique sans pour autant prendre de risques.
Sûrement condamné à rester enfermé dans le marché local, la faute à un festival de blagues et de subtilités dans les dialogues difficilement compréhensibles autrement que par le public chinois, le film perd grandement de son intérêt si l’on ne s’identifie pas aux nombreuses références. Au final, que reste t-il de My Own Swordsman ? Une honnête comédie kung-fu extrêmement dispensable, pour ne pas dire sans intérêt pour le casual, fonçant à deux milles à l’heure et ciblant qu’un seul et unique public. Les fans hardcore désireux de ne louper aucune sortie du même genre y trouveront peut-être leur compte.