Si la conclusion de Naked of Defense est un moment de cinéma d'une beauté crue assez rare, son développement est hélas trop typique des productions indépendantes à petit budget. L'image numérique est sans charme et trop neutre pour convaincre, le rythme est lent et peine à maintenir l'intérêt du spectateur, les dialogues et métaphores utilisées manquent singulièrement de subtilité et de finesse. Ce dernier point est d'autant plus étonnant que rarement les films japonais sombrent dans ce genre de facilité, et qu'une production indépendante compense souvent sa faiblesse technique par un fond soigné. Sans être un échec, Naked of Defenses est donc un petite déception, l'intention étant bonne mais sans mise en oeuvre fastidieuse.
Une caméra numérique, quelques acteurs, un décor rural. Avec ses petits moyens, Ichii parvient néanmoins à entremêler des thèmes extrèmement riches avec une simplicité déconcertante : l’amitié, la jalousie, le bonheur, la réussite, les relations conjugales, le destin, la vie et la mort, se concluant par une naissance qui vaut en réalité une re-naissance au personnage féminin principal, portée par l’Amour, dans un Japon qui ne fait plus d’enfants.
Le rythme souvent trop laborieux du film fera malhereusement fuir une bonne partie d’un public qui aurait sans doute été touché par les quelques moments de grâce parsemés.
"Naked of Defenses" est sans aucun doute l'un des films les plus bandants à émerger de la morosité du cinéma japonais ambiant. Une pure merveille du cinéma underground alternatif, qui n'est pas sans rappeler les œuvres de jeunesse d'un IMAMAURA avec un personnage principal très semblable à ses héroïnes dans "Désir Meurtrier" ou encore "La Femme Insecte".
Ce film minimaliste est extrêmement simple dans son propos: une femme n'arrive pas à faire le deuil de la perte de son enfant dans une fausse couche suite à un accident et ce n'est pas son bouffon de mari altruiste, qui l'aiderait à surmonter la pente. Elle se sent donc comme cette araignée, qu'elle va capturer et mettre sous un verre…araignée, qui bute inlassablement contre la paroi de verre avant de lentement s'éteindre.
Son morne quotidien devient ainsi l'inlassable répétition des mêmes "rituels", des mêmes faits et gestes, tout comme son travail de contrôle à l'usine.
Son seul échappatoire sera d'imaginer comment tuer au mieux sa jeune collègue débordant d'énergie et enceinte jusqu'aux dents.
Le tout débouche sur un dénouement mystique, d'une beauté glacée à couper au couteau et à la capture d'un moment absolument incroyable, qu'il faut avoir connu au moins une fois dans sa vie pour mesurer combien elle vaut le coup d'être vécue justement. Une scène choc, mais d'une beauté inégalable.
Après son précédent "Dog Day Dreams", le jeune (32 ans) Ishii Masahide confirme donc toute l'étendue de son talent et prouve, qu'il n'aura aucunement volé le premier prix de Pusan aux côtés de Teddy Roh pour son également envoûtant (mais coréen) "Land of the scarecrows".