Production ATG oblige, No More Easy Life ne peut pas être du même acabit qu’un épisode de sitcom à la Premiers Baisers malgré un scénario qui garde les mêmes bases de départ avec des personnages pas plus épais qu’un filet de limande. On ne parle pas ici d’interprétation, globalement intéressante en particulier celle de Momoi Kaori, mais plus de profils. On retrouve effectivement Mariko, une jeune femme blasée des études qui passe d’un mec à un autre sans s’en soucier plus que cela. Deux types sont dans son collimateur : Hashimoto, un homme d’affaire plus occupé par sa propre personne que par la demoiselle et Tsuneo, un marginal maladroit un peu lourd sur les bords mais bien plus attaché à elle. Gros dilemme, va-t-elle continuer à progresser dans sa relation avec l’un d’entre eux, en jeter un ou vivre seule ? No More Easy Life explore les tréfonds sentimentaux de la jeune femme à travers son évolution dans la société, de son passage à l’acte à l’utilisation des pilules miracles jusqu’à la grossesse. Le cinéaste pose aussi le pour et le contre de chaque personnage masculin : d’un côté Hashimoto est grand, beau et a tout du salaryman parfait aux yeux de Mariko, mais il est égoïste et se fiche de ce qu’elle ressent. De l’autre, Tsuneo est le boulet de service, un poil queutard sur les bords mais doté d’un véritable amour pour la demoiselle quitte à paraître lourd.
Higashi Yoichi ne cherche pas forcément à prendre parti pour l’un ou pour l’autre, ni même pour Mariko qu’il considère comme une femme sans vrai regard lucide sur ses diverses relations. Elle profite de la situation pour se chercher, elle, adolescente bientôt femme, à cheval entre ses études qui ne lui plaisent pas et ses boulots pas plus convaincants. Ce cinéma là c’est un peu l’œuvre adolescente d’un autre auteur pour les comptes de l’ATG, Obayashi Nobuhiko, avec ce même regard sur les différentes étapes de la vie, mais l’œuvre de Higashi est son versant plus sombre, définitivement moins poétique ou ancré dans le registre du fantastique si apprécié dans les aventures amoureuses réalisées pour le cinéma. Ce cinéma annonçant les difficultés du passage de l’adolescence à l’âge adulte (directement annoncé par le titre, « plus de vie simple ») est fort minimaliste, brut de décoffrage, point de Yakushimaru Hiroko pour nous faire profiter de son timbre élégamment posé, non, No More Easy Life c’est du gris à revendre par-dessus le marché, des scènes d’amour pas bandantes créant le malaise, le rejet, une situation de mal-être parfois bien évoquée par Mariko en voix-off, procédé utilisé à de très rares occasions mais qui surligne finement la situation. La lassitude de Mariko face aux deux hommes au profil absolument opposé est visible au fur et à mesure que les issues du métrage se compliquent : la première pilule, bel instant où la jeune femme se retrouve face à son destin fait écho à sa future réflexion sur « oui ou non » doit-elle garder l’enfant d’Hashimoto, conçu durant la courte absence de Tsuneo. Ces sujets, plus ou moins tabous, sont évoqués avec puissance. On croirait presque voir en No More Easy Life un film sur la prévention avec en toile de fond une romance prétexte à faire passer le message, d’où l’intérêt ludique absolument pas négligeable d’une bonne partie de la production ATG dans les genres qu’elle aborda à une époque où le Japon pouvait « créer » avec un matériau de base banal. Pas un grand cru immanquable, mais un bon appui pour appréhender le cinéma des jeunes adultes de la fin des seventies avec son lot de scènes gentiment dérangeantes (les ciseaux!). Curieux.