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Noo-Hin The Movie

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les avis de Cinemasie

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2 critiques: 2.88/5

visiteurnote
Bastian Meiresonne 2.25
Manolo 3.5


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Mayday, the maid

Un peu à l'instar des moqueries, dont les gens du Mainland sont victimes à Hong Kong ou les coréens du Nord en Corée du Sud ou les limbourgeois aux yeux des flamands ou des flamands aux yeux des hollandais ou des Ostfriesen aux yeux du reste de l'Allemagne, les gens de la campagne le sont aux yeux des citadins en Thaïlande. Une actrice m'a un jour avoué, qu'elle avait un mal de chien à trouver des rôles malgré son talent incontestable, en raison de sa couleur de peau, légèrement plus foncée et principale "stigmatisation" du "provençal" pour des citadins à la couleur plus pâle. Alors que depuis toujours, les gens de la campagne voient en Bangkok l'ultime lieu de la "débauche", les gens de la ville ne voient (en très gros, hein) dans les habitants hors Bangkok que des "ploucs" gentillets, mais terriblement démodés.
Le dessinateur Kraisri Padung se moque justement de tous ses préjugés dans ce qui s'est muée en une véritable institution, sa BD créée en 1994, "Noo Hin". Tout d'abord publié dans un recueil mensuel de bandes dessinées, "Noo Hin" va rapidement connaître sa propre vie en ayant les honneurs d'une double publication en sortant sous format poche en Noir et Blanc ("Noo Hin Inter") ou en couleurs ("Noo Hin in the city"). Les histoires tournent toutes autour de Noo Hin, fille de la campagne un peu naïve et pataude, qui s'exprime avec un dialecte de la Thaïlande du Nord à couper au couteau (préservé et même sous-titré en thaï dans la version originale du film !!) et dont le nom est en fait la contraction du mot "puanteur".
 
Dans la version en couleurs, elle finit par partir pour Bangkok pour se faire embaucher par la pulpeuse Milk, un personnage féminin aux seins proéminents directement inspirés du manga. Les gags reposent quasi entièrement sur la fausse candeur de son personnage principal et sa maladresse devant des situations / objets / personnes, qui nous semblent parfaitement communs au quotidien.
 
La transposition de ses aventures au cinéma ne semblait donc pas un pari très risqué, vu la forte popularité de la BD et la facilité qu'ont les thaïs à se moquer des "gens de la campagne". Le puissant studio de production de la Sahamongkol voit les choses en grand, en débloquant un budget très confortable de 40 millions de baths, en confiant la réalisation au jeune réalisateur célébré pour ses deux premiers longs "My girl" et "Dear Dakanda" d'après un scénario de Jaturanrasamee Kongdej ("Sayew", "Midnight my love") et sous la supervision de Nonzee Nimibutr ("Nang Nak", "Jan Dara"…). La déception fut d'autant plus grande, quand le long ne rapporta qu'un honnête 50 millions de baths, très loin des espoirs des principaux talents impliqués. On accusait l'incompétence de jeunes acteurs amateurs, qui n'avaient été sélectionnés pour leur seule ressemblance avec leur équivalent dessiné et le manque de cohésion des scènes. Fausses excuses, les acteurs étant convaincants (leur jeu souvent survolté fait écho au ton déluré de la bande dessinée) et que le scénario n'accumule pas de plus grosses incohérences au niveau du scénario que la plupart des grosses comédies produites à moindre sou et pourtant bien plus populaires. Non, la principale faute en revient au scénario tout court, qui colle bien à son sujet dans la première partie du film avant de s'éloigner bien e trop de son matériau originel pour verser dans du grand n'importe quoi très peu en phase avec le personnage.
 
Le film commence ainsi dans le village du Nord-Est de la Thaïlande Ubon Ratchathani (lieu de naissance de l'auteur original Kraisri Padung), où Noo Hin va déclencher une série de catastrophes en chassant un lézard animé en 2D pour s'en faire un en-cas. Elle part rapidement – au grand soulagement de tous ses proches et autres villageois, fatigués de ses sempiternelles frasques – pour Bangkok, où elle pense pouvoir décrocher un job de rêve dans une usine totalement utopiste. Cette séquence de rêverie donne lieu à l'une des premières (et trop nombreuses) scènes musicales, qui ponctuent tout le film. Certes, les chansons ont toutes été expressément composées par Jaturanrasamee Kongdej et interprétées par la populaire chanteuse Janet Kiew, mais elles ralentissent singulièrement l'action et ne fonctionnent bientôt plus comme gag récurrent à la troisième chanson entonnée en moins de dix minutes du film – surtout qu'elles seront ensuite totalement abandonnées dans la seconde partie moins pêchue.
Après une autre séquence incluant un animal en 2D, Noo Hin va finalement rencontrer ses futurs employeurs: Milk et sa petite famille de starlettes décervelées. C'est sans aucune doute la partie la plus fidèle au matériau originel avec des personnages assez ressemblants (bien que leurs poitrines manquent singulièrement de volume, malgré l'aide d'artifices apparents) et quantité de gags respectant parfaitement les BD. Certes, la plupart des blagues sont franchement naïves et écoulées, mais la joyeuse humeur de son interprète principale l'emporte sur tout le reste.
 
Malheureusement, le scénario va dévier vers une partie beaucoup moins plaisante d'une sombre affaire de complot pas très réussie. Noo Hin inscrit les sœurs de Milk à un concours de beauté, qu'elles vont remporter à la grande déception de la top star Sonia. Cette dernière va donc finir par les enlever et à Noo Hin de les sauver. Le spectateur averti a alors l'impression de voir une énième comédie thaïlandaise interchangeable, mais qui n'a plus rien à voir avec la Noo Hin originale; pire, des emprunts évidents ont été repris de l'hilarant (mais très con) "M.A.I.D." de 2004, dans lequel une femme de ménage joue le double rôle d'un agent infiltré.
"Noo Hin" perd alors la quintessence même de ses aventures sur planches et ne préserve – et encore – que sa candeur face à des situations, qui la dépassent complètement.
 
La toute fin entrouvre une porte timide vers une éventuelle séquelle se passant aux Etats-Unis – Dieu soit loué, cette suite n'aura jamais encore été tournée en raison du relatif échec de ce premier épisode.


27 novembre 2008
par Bastian Meiresonne


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