Full cabotins
Et bien voilà, s'en m'en rendre compte, je viens de terminer ce qui constitue une sorte de trilogie du trio Sammo Hung / Lau Kar Wing / Karl Maka. ça a commencé avec
Skinny tiger and Fatty dragon, comédie policière bien grasse et lourdingue réalisée par le trublion Karl Maka, puis ça a continué avec
Dirty tiger, Crazy frog de Lau Kar Wing, kung fu comédie toujours rythmée, plus sympa mais toujours très axée gags débiles. Et ça se termine (tardivement) avec ce fameux Odd Couple toujours de Lau Kar Wing, old school à 100%, toujours avec Sammo et une petite présence de Karl, avec en bonus le king of claque in the face, Dean Shek roi du faciès tordu et de l'allure débile. La boucle est bouclée. Odd couple est bien dans cette veine de kung fu comédie réunissant de la grosse crême de combattants mais complètement envahie, submergée de comédie interminable gonflée à bloc de gags grimaçants des profondeurs sous forme de petites scénettes bien imbriquées dans l'histoire certe, sympathique tout de même dans son cours martial enjoué, mais tellement lourde et sans véritable souffle dingue comme le délirant
Millionaire's Express par exemple que ça ne passe pas au gosier, et je reste gentil... Des combats ?
En toute franchise, Odd couple, c'est avant tout selon moi 1h10 de gros cabotinage non stop et pas drôle. Lau Kar et Sammo jouent deux vieux maîtres du sabre et de la lance. Vu qu'ils finissent toujours leur combat ex aequo, ils décident de former deux élèves qui ne sont autres que Lau Kar jeune pour le vieux Sammo et Sammo jeune pour le vieux Lau Kar. Et c'est parti : l'un est obéissant, l'autre rétissant, Peter Chan et Karl Maka entament le film en jouant deux faux combattants tebés qui annoncent direct la couleur, Lee Hoi San débarque et se prend des couteaux dans une pastèque sur la tête, Dean Shek se ramène, voscifère et oscille du tronc plus déchaîné que jamais, termine par cracher des oeufs frais quand on lui tape sur le crâne. Lau Kar jeune a envie d'étriper Sammo vieux alors que Sammo jeune se la joue bon chien chien avec Lau Kar vieux. L'entraînement apporte son lot de pédagogie martiale sympathique à la Liu Chia Liang, d'ailleurs, la comédie et la tension inexistante tiennent aussi de cet illustre prédécesseur en la matière. C'est rythmé, oui sans nul doute, mais pour moi c'est du super lourd, du uber gras et surtout un énorme gâchis d'artistes martiaux.
Coup classique, la dernière demi heure décolle enfin vraiment avec l'arrivée d'un vrai méchant en la personne de Leung Kar Yan accompagné de quatre sbires dont Chung Fat et Lam Ching Ying. Affrontement d'autant plus maîtrisé que Lau Kar et Sammo vieux côtoient Lau Kar et Sammo jeunes dans la même scène avec un brio certain. Puis les deux jeunes s'offrent un face à face à mains nus contre Leung Kar Yan et terminent par se friter lors d'un pur et vrai combat sérieux lance contre sabre.
Si seulement ces derniers affrontements pouvaient servir d'exemples à autre chose que cette avalanche de grimaces et de gags lourdingues qui démontent chaque affrontement. Hélas, le reste n'est pas du combat pour moi, ce n'est que de la rigolade potache... De l'humour volontaire qui me fait 1000 fois moins rire qu'une bande de bad guys taiwanais tout ce qu'il y a de plus sérieuse, involontairement comique et donc bien plus bidonante prise au seconde degré que les grimaces d'un Dean Shek.
D'après ce qu'on m'a soufflé, me reste plus que By hook or by crook pour me dégoûter définitivement de la comédie kung fu trop fortement axée comédie.
Encore une très bonne kungfu-comédie, un indispensable de plus dans la filmo de Samo and co.
Le Film
Une fois de plus, la raison d'être du film semble être, au delà du simple divertissement, les arts martiaux (et je ne dis pas "les combats" exprès car le film va plus loin selon moi).
Ici comme dans le
Warriors 2 réalisé peu avant par Samo lui-même, on atteint à ce sujet un niveau de maîtrise en même temps qu'un coté didactique confirmant le profond respect de l'équipe Samo Hung/Lau Kar Wing envers les pratiques martiales véritables (remplacer ici le wing chun par le sabre et la lance). En cela, on pourrait facilement faire le parallèle avec
LIU Chia-Liang, à la différence qu'il ne s'agit pas simplement ici de montrer des techniques authentiques par un biais purement démonstratif mais plutôt d'en aborder le fond à coup de petits détails.
Qui plus est, ce fond abordé va plus loin que la seule technique, proposant une fois encore une vision assez intelligente des pratiquants eux-même, en particulier au niveau des relations maître-disciple et des motivations de chacun qui constituera ici le fond de l'histoire. En cela ce film comme
Warriors 2 ou
Prodigal Son par exemple, se distingue de la simple relativisation par la comédie des mythes d'invulnérabilité et de perfection du milieu des arts martiaux, ainsi qu'on peut le voir à la même époque chez
YUEN Woo-Ping avec entre autres
Le Maître Chinois. Ici, il s'agit d'avantage d'une forme de réflexion critique que d'un simple élément de comédie.
Bien entendu, on n'est pas là pour philosopher et tout cela reste dans le cadre d'un film de divertissement. Mais il est tout de même agréable d'en ressortir en se disant qu'il n'était pas idiot d'en évoquer le principe. Et au moins, cela donne une profondeur dramatique particulièrement humaine à certaines scènes.
Pour la partie comédie, maintenant... Bien que parfois très lourdement appuyée (Karl Maka et surtout l'inévitable Mr Dean "Rocking" Shek obligent...), cette partie du film se maintient très honnêtement dans un ensemble globalement assez fin, jouant principalement sur les situations et le langage (ce dernier point étant très difficilement traduisible, il n'apparaît malheureusement pas dans les traductions occidentales).
A noter aussi un combat traité intégralement en musique, sous la forme d'une scène d'opéra chinois, une autre référence de base récurrente dans le travail de Samo and Co. A ce sujet, il faut savoir que la démarche "ridicule" employée dans le film par Dean Shek y est également empruntée (elle est traditionnellement utilisée dans les scènes comiques pour représenter un infirme).
Pour le reste, c'est parfaitement exécuté, tant sur le plan réalisation très correcte que sur le jeu des acteurs, avec la chance incroyable de disposer ici de deux fois plus de Samo et de Lau Kar Wing que d'ordinaire (autant dire un luxe dont il serait stupide de se passer).
Verdict
Une kungfu-comédie formellement assez classique mais gérant très bien les facettes multiples du genre (drame, combat et comédie).
Au titre de ses atouts, je donnerais surtout le traitement très humain des relations maître-disciple ainsi que les combats de grande classe.
sublime
"odd couple " est sans hésiter un film a classer parmi les 5 meilleurs films de samo hung (meme ci ici c'est lau kar wing qui réalise) je crois pas avoir vu un film avec autant de combats chorégraphiés de main de maitre par samo et lau kar wing qui joue chacun deux roles dans ce film qui vas a 200 a l'heure. Deja rien que dans le générique du début qui est fantastique il y a assez d'actions pour tourner un film entier (j'exager a peine) le final avec leung kar yan en plus est epoustouflant , cette 'kung fu comedy" est un véritable must pour les amateurs du genre
King of the kung Fu VS King of the Comedy
Comme l'a dit Jeff, ce film est réalisé par Lau Ka Wing, avec une équipe très proche de celle de "Knock About", pour un festival de combats tout aussi spectaculaires. On pourrait d'ailleurs penser que c'est une fois de plus Samo derrière la caméra, tant la réalisation est similaires aux siennes: propre et maitrisée, sachant mettre en valeur les combats par des plans longs et larges, et d'autres plus courts pour cacher les apparitions de Yuen Biao [ ;-) ].
Basé sur un pitch de départ simple mais sympathique (et une fois de plus présentant des idées similaires à Knock about, tourné je pense juste après), "Odd Couple" est surtout original pour son casting: Samo joue le "king of the sword" et Lau Ka Wing le "king ot ths spear", deux vieux maîtres amis qui s'affrontent tous les ans pour déterminer qui est le meilleur, bien sûr c'est toujours match nul. Finalement les deux compères décident de prendre chacun un disciple et de les faire s'affronter. Un jeune Samo devient alors le disciple du vieux Lau Ka Wing et un jeune Lau Ka wing devient le disciple du vieux Samo....
A partir de là, les situations cocasses et propres à la kung fu comedy alternent avec les combats, tous plus fous les uns que les autres. Ne vous fiez pas à l'année, ils sont incroyablement fluides et rapides. Pour ceux qui n'aiment pas les combats armés, il se peut que vous changiez d'avis en voyant ce film. De plus ils sont très variés: sabre/sabre, lance/lance, sabre/lance, mains nues, armes mains nues.... etc.
Aucun affrontement ne ressemble à un autre, et ils deviennent plus fous au fur et à mesure que le film avance. Les deux derniers combats sont tout simplement sublimes.
Du côté des acteurs, beaucoup de têtes connues dans des rôles assez classiques, Samo toujours excellent, mais surtout, Lau Ka wing livre pour moi sa meilleure prestation, tout d'abord martiale (même s'il est parfois doublé, je l'ai rarement vu si vif et énergique), mais aussi en tant qu'acteur, puisqu'il est plus charismatique que jamais. Que dire de Leung Kar Yan, qui est une fois de plus formidable. Quand on le voit manier son arme, il est difficile de croire que ce n'est pas un véritable pratiquant. C'est la première fois que je le vois en bad guy, et il est excellent. N'oublions pas Mars qui a un rôle plus présent que d'habitude, et qui s'y révèle, comme dans "Dragon Lord", à mourir de rire. Quel dommage qu'il n'ait pas eu plus de chances en tant qu'acteur! Son potentiel comique est vraiment grand pourtant!
Bref, un divertissement classique, mais qui possède quelques idées très sympathiques, et surtout des combats fabuleux!
Lame(s) de fond
Il faut être prévenu, Odd Couple fera certainement fuir les moins résistants à l’humour cantonais de l’époque.
Les vagues comiques extrêmement soutenues (euphémisme) sauront dissuader quiconque n'est pas préparé.
Notamment, et surtout, au cas bien particulier d'un Dean Shek en...pleine forme.
Ce dernier pousse le langage gaguesque corporel dans ses derniers retranchements, n'hésitant pas à se plier littéralement en angle droit pour reluquer un postérieur féminin ou à "ramer" (dans tous les sens du terme) pour parvenir à ses fins.
L'humour ici, n'est, pour moi, véritablement efficace qu'en la présence de Sammo Hung en vieux maitre manipulateur, un rôle dont ce dernier s’acquitte avec un plaisir communicatif avec le charisme dont il peut faire preuve.
Niveau baston (essentiellement armée), en plus du nombre bien réparti tout au long du récit, c'est très majoritairement du très haut niveau. Une autre qualité de ce film : la singularité d'au moins deux séquences.
La première concernant un combat opposant Sammo à deux adversaires. Sans prévenir, les habituels bruitages et postures gestuels sont remplacés et évoluent (quasiment) au rythme d'un simulacre opératique classique, une sorte de représentation dégénérée de cet art populaire ancien auquel Hung doit beaucoup.
Ne manque plus que la scène de théâtre, les costumes et le maquillage propre à ce type de représentation. C'est franchement très réussie.
L'autre est en fait une idée d'arme défensive lors de l'avant dernier combat : des aimants afin d’entraver les mouvements du seul antagoniste véritablement dangereux du long-métrage.
Le combo dvd/blu ray Spectrum Films propose un transfert hd concaincant ainsi que quatre bonus efficaces dont la présentation toujours aussi précise d’Arnaud Lanuque et le commentaire audio d’un spécialiste (sous-titré français).
Ce dernier s’avère “plein comme un œuf“, structuré, très instructif et agréable à suivre malgré la masse d’informations fournies. C’est à peine si l’intervenant respire !