Une oeuvre utile
Œuvre de Seiji ARIHARA pour le compte des studios MUSHI à l’origine des versions télévisées de ASTROBOY ou du Lion Blanc KIMBA, L’OISEAU BONHEUR est avant tout un court-métrage éducatif destiné aux enfants des petites classes japonaises, et par-delà du monde entier. « Visible par tous », comme le veut la dénomination commune, ce qui n’est pas si évident au vu du sujet de départ : la visite du mémorial de Hiroshima par une fillette nommée TOMOKO devant rendre un devoir d’école sur la première bombe atomique larguée le 6 août 1945.
Après une transcription fidèle du musée local et les réactions horrifiées des visiteurs, ce film emprunte rapidement la voie du merveilleux pour mieux cerner son sujet, à savoir les horreurs de la guerre atomique, ses conséquences directes et secondaires. Ainsi la statue de la petite SADAKO, réellement morte de leucémie dix ans après le bombardement, prend vie pour raconter à son homologue contemporaine TOMOKO sa propre histoire.
La grande qualité de ce projet est de ne pas éluder les atrocités de la guerre : TOMOKO découvre ce qui s’est passé dans un passé récent en parcourant les allées du mémorial.
Mais l’exactitude historique n’empêche pas une scénarisation privilégiant la poésie et l’amitié entre deux fillettes, identification idéale pour le jeune public visé.
Si la pédagogie passe avant tout le reste, la forme n’est pas oubliée : malgré la faiblesse des moyens et une animation succincte proche des séries télévisées standard, L’OISEAU BONHEUR possède une joliesse, un charme et une fraîcheur de ton incontestables.
Le seul reproche viendrait des dialogues et des voix, en tous cas dans la version française : leur mièvrerie atténue un peu le pouvoir de séduction de l’ensemble.
On ne saurait évidemment comparer ce petit film à un classique sur un sujet proche comme LE TOMBEAU DES LUCIOLES. Les moyens employés, la puissance émotionnelle de l’histoire originale de Akiyuki NOSAKA (tout aussi véridique), le talent graphique et d’animation de l’équipe de Isao TAKAHATA sont sans égal, avec pour résultat un des plus beaux long-métrages de l’histoire du cinéma. Ce projet-là peut être vu comme un travail complémentaire très utile tout en divertissant, plus directement produit pour servir de base à une discussion scolaire ou à une réflexion édifiante. Mais le fait est que certains personnages rencontrés évoquent furieusement ceux de son prestigieux prédécesseur, filiation évidente et flatteuse.
Projet généreux à saluer pour ce qu’il est vraiment : une œuvre utile pour les jeunes générations, cet OISEAU BONHEUR possède suffisamment de qualités cinématographiques pour séduire le plus grand nombre.