un film plombé par son parti pris de raideur formelle
De bonnes choses augurant des lendemains cinématographiques peut etre meilleurs pour Wang Chao, on en trouve quelques unes dans ce premier long métrage. Pas de quoi en faire pour autant un premier essai vraiment convaincant. Le début de
l'Orphelin d'Anyang est ainsi fascinant. Le parti pris de longs plans séquences et de cadrages rigoureux de cet admirateur de Bresson combinés au mystère de ces premiers instants peu bavards donne à ce début une vraie force hypnotique, presque minérale. Mais ensuite le récit principal s'installe et le film débouche sur toute une série de tranches de vie autour de cette histoire de père s'occupant d'un enfant qui n'est pas son fils. Le film acquiert alors une dimension de chronique naturaliste évoquant la vie et les liens unissant une prostituée, un ouvrier au chomage et un personnage de gangster. Le tout avec une structure narrative passant parfois brusquement d'un personnage à un autre.
Ce qui pourrait etre quelque chose de libre sur le papier se révèle etre finalement une structure narrative bancale. Le film esquisse qui plus est une vague piste rédemptrice vers la fin avant de l'abandonner immédiatement. Mais ce n'est pas ce qui plombe véritablement le film. Ce sont en effet les parti pris précédemment mentionnés qui fonctionnent alors beaucoup moins bien. Le film donne alors l'impression de se reposer sur ses longs plans séquences à la durée étirée. Alors que le jeu des (bons) acteurs se caractérise alors par un coté souvent dédramatisé, retenu, la rigueur qui fonctionnait bien au début du film se met alors à l'empecher de décoller en le tirant vers une certaine froideur. Restent quelques jolis moments de cinéma: la musique de rue en fond sonore lors d'une scène d'extérieur offrant un contrepoint à la rigueur formelle et amenant un peu de tristesse contrebalançant l'insouciance apparente des personnages, l'usage jamais lourd du hors champ lors de bagarres, quelques ellipses narratives surprenantes et quelques moments attentistes où la création de durée est toujours à la frontière de la pose mais fonctionne bien.
Sauf que tout ce qui est à sauver représente à peine un excellent court métrage et que cela ne compense pas les limites formelles et scénaristiques de ce premier film. Wait and see pour la suite...
Godart en asie.
Le film fait en effet penser à ceux recompensé à Cannes : longues sequences, peu de dialogues, pas (ou presque) d'actions. Mais ce n'est pas à la qualité de la réalisation qu'il faut s'attacher ici mais à la refléxion du réalisateur. Chaque scéne est un miroir dans lequel le spectateur se regarde et cherche le sens du film. Les deux 'héros' sont confrontés à la dureté de leur vie reciproque et n'ont rien en commun si ce n'est qu'il cherche à s'entraider. Le film represente cet espoir et la quète de ces deux protagonistes, que le film ne va pas epargner malgré leur volonté... Pour montrer cet isolement, plusieurs scenes anodines se repetent à un moment different de l'histoire (le bol de nouilles...), créant ainsi un lien entre les choix des personnages et la fatalité du destin. Au final un bon film très inspiré de cinéastes francais des années 70 comme Godart, et qui montre bien la capacité d'ouverture et d'assimilation du cinema asiatique.
une critique sociale courageuse
Ce n'est pas un grand film, mais le parti-pris des cadrages fixes donne moins mal à la tête que certaines fantaisies conventionnelles. Et c'est surtout la dénonciation implicite d'une absence de politique sociale, au milieu de tant de films qui se contentent de montrer des paysans montés à la ville pour faire fortune et s'agitant devant des MacDo.
Chine du bas
WANG CHAO est à la fois écrivain et cinéaste, et L’ORPHELIN D’ANYANG est aussi un court et émouvant roman traduit en français, contant fidèlement la même histoire : Dagang est ce brave type solitaire au chômage qui va accepter contre argent comptant de garder le bébé de la belle Feng Yanli avant de s’y attacher.
On observe le quotidien de ces oubliés de la croissance post-Mao : les ouvriers sans emploi ou les filles de paysans pauvres et sans avenir se prostituant dans la métropole pour envoyer de l’argent à la famille, côtoyant les petits malfrats sans beaucoup d’envergure, les agents de police à vélo, sans oublier ces tenanciers d’échoppes ou les nouilles sont proposées à toute heure, un des multiples petits métiers subsistant dans cette Chine du bas que WANG Chao filme sans concession ni tricherie.
Le problème vient du parti pris de la mise en scène : en privilégiant la plus grande austérité possible pour sa narration et en tournant le dos à la dramatisation, le cinéaste plombe un sujet original et magnifique au départ. Ainsi les plans séquences statiques s’étirent sans raison, rappelant les pires moments d’un Jean-Luc GODARD époque militante. Le rythme est lent au possible, instaurant un ennui poli mais tenace, d’autant plus agaçant que l’on voudrait rentrer dans cette touchante et pudique chronique aux personnages vrais, interprétés qui plus est par des comédiens impeccables. A noter que les gangsters du coin sont encore plus contemplatifs que les Yakuzas familiers de KITANO !
L’ORPHELIN D’ANYANG est une première œuvre décevante au vu du livre éponyme, mais reste intéressante pour la vision loin de tout exotisme qu’elle propose de la Chine actuelle. Car si la forme pêche un peu, le fond touche à l’universel : solitude, misère, indifférence et violence au programme…
première réalisation correcte
pour son premier film, WANG Chao adapte son roman du meme nom avec plus ou moins de réussite.
le coté quasi documentaire et l'austérité de la mise en scène contribuent à la description sans fard de la Chine contemporaine. tableau peu reluisant d'une réalité sociale malheureusement d'actualité dans ce pays en développement, le film n'est pas assez abouti et manque un peu de substance.
d'une part le récit se termine d'une manière assez abrupte, et d'autre part WANG chao livre un film un peu trop plat malgré sa courte durée.
ces défauts sont un peu les meme que dans les JIA zhang ke mais ce genre de film a le mérite d'immerger le spectateur dans le quotidien de la société, sans la travestir.
le réalisateur a bien évolué par la suite et sa VOITURE DE LUXE est incontestablement plus agréable à suivre.
si vous n'etes pas réfractaires aux JIA Zhang Ke ou à des docu purs style A L'OUEST DES RAILS (bien plus essentiel), jetez y un oeil.
ASSEZ SPECIEL MAIS BON, Y A PIRE
Il y a deux camps, soit on accroche, soit on s'endore. Pour moi, j'ai eu très peur au début mais par la suite, je me suis réveillé. Il y a mieux (beaucoup mieux même) dans le genre mais ce n'est pas un ratage total...Enfin je pense.
Avec son rythme lent, contemplatif, sobre et quasi-documentaire, ce film m'a rappellé M/Other... mais n'est pas Suwa qui veut. Franchement pénible. L'impression au final de n'avoir rien vu.
Le film aura au moins le mérite de m'avoir donné envie de me taper un bon bol de pâtes !
14 septembre 2002
par
Gaor