Une biographie intéressante mais trop molle
Pour son premier film en tant que réalisateur (suivront Agaguk et Vercingétorix), le producteur Jacques Dorfmann a décidé d’adapter à l’écran le roman autobiographique éponyme d’une pianiste chinoise installée en France depuis la mort de son mari. Et 7 ans avant le très beau Vivre ! de Zhang Yimou, Dorfmann nous propose de jeter un regard sur l’Histoire de Chine entre 1944 et 1966, où bien des choses se sont passées… La vie de son héroïne, Chow Ching Lie, est ainsi racontée depuis son enfance sous l’occupation japonaise jusqu’à la révolution culturelle chinoise de Mao. Entre temps, son école maternelle fut brûlée, sa passion pour le piano fut révélée, mais un mariage arrangé avec le fils d’une famille bourgeoise la rendit malheureuse, ce qui provoqua une brouille avec son père qu’elle aimait tant ; peu après la naissance de son premier fils, son mari décède et elle profite de l’occasion pour prendre son envol et réussir sa carrière en Occident.
On apprend donc quelques éléments de la vie chinoise durant cette période trouble au détour d’une narration soignée et d’une reconstitution fidèle. Seul problème, Le Palanquin des Larmes souffre d’un cruel manque de rythme, et d’un certain souffle épique qui auraient rendu bien plus intéressantes ces 100 minutes. On subit donc plus qu’on vit un film finalement très sage, d’autant plus que l’héroïne n’est pas forcément attachante : son amour passionnel pour la musique lui enlève une certaine part d’humanité reflétée par la relation tendue avec son mari, qu’on lui a certes imposé, mais qui méritait sans doute un peu plus d’égards puisqu’il souffrait vraiment qu’elle ne l’aime pas. On se consolera avec l’interprétation de JIANG Wen, que les cinéphiles n’ont sûrement pas oublié en tant qu’acteur-réalisateur du magistral Les Démons à ma porte(2000).