Ordell Robbie | 3.75 | une série B de casse réussie |
Sur un pitch à la Un Après Midi de Chien, People's Hero offre une de ces séries B pas révolutionnaires mais maitrisées d'un bout à l'autre, un de ces films qui n'ont pas inventé la poudre mais savent la faire parler (comme je l'écris si souvent) qui peuvent potentiellement entretenir l'affection qu'on porte au cinéma de Hong Kong. Si l'on excepte le ralenti final faisant un peu pièce rapportée par rapport au style plus sobre du reste du film, Derek Yee filme de façon classique, avec très peu d'effets mais de façon suffisamment efficace pour maintenir la tension d'un bout à l'autre: à défaut de frapper par son originalité, sa mise en scène frappe par sa maitrise, maitrise qu'on retrouve aussi dans le montage du film. La musique intervient en outre toujours au bon moment pour donner un petit surcroit de tension dramatique à certaines scènes. Et si au vu du pitch (il s'agit d'un film se passant quasiment en huis clos) certaines situations et certains thèmes étaient attendus (le scénario semble en revanche avoir choisi de ne pas développer la question de la dimension médiatique du casse, dimension que Lumet avait développée de son coté), cela n'empeche pas le scénario du film (plus axé psychologie qu'action) d'amener un peu d'inattendu par ses personnages hauts en couleur qui font toute sa richesse d'écriture. Hors les personnages principaux moteurs du récit que sont les braqueurs amateurs, le preneur d'otages et les policiers qui se chargent de l'affaire, les personnages secondaires ont tous un intéret, intéret qui peut etre leur apport à la dramatisation du récit, ce qu'ils révèlent de Hong Kong ou leur force de caractère: SPOILERS le Pakistanais angoissé par la rétrocession, les otages qui demandent au ravisseur si certains points de Long Arm of the Law sont bien véridiques et qui croyaient naivement que les gangsters à HK ce n'était qu'au cinéma, la copine du preneurs d'otages en forme de figure de femme déterminée qui veut montrer à son compagnon qu'elle sait prendre ses décisions en toute indépendance entre autres... Et rayon plus attendu mais bien traité, on trouve le coté tete brulée des braqueurs amateurs, les ambiguités psychologiques du preneur d'otages et ses problèmes de couple, l'obstination d'un des policiers à tenter d'éviter de tomber dans le piège du bain de sang tendu par un "ennemi" qu'il connait bien tandis qu'un de ses collègues croit en des méthodes plus expéditives. FIN SPOILERS Mais malgré ses qualités formelles et scénaristiques, People's Hero ne serait qu'une bonne série B de plus sans son casting qui le tire vers le haut: Ti Lung irradie l'écran de son talent et de son charisme, Tony Leung Ka Fai est excellent, Tony Leung Chiu Wai ne crève pas encore l'écran comme il le fera chez Woo ou Wong Kar Wai mais il a déjà une présence et un talent suffisamment grands pour ne pas se faire trop surclasser par Ti Lung. Tout ce beau petit monde contribuant au finish à faire de People's Hero une réussite de la série B made in HK.