Desperate Housewife
La réalisatrice chinoise avant-gardiste NING Jing change totalement de style pour signer une comédie dramatique intimiste et largement métaphorique. Leurrant son audience par un point de départ digne d'un vaudeville, où une bourgeoise de la Chine du Nord invite ses trois meilleures copines pour tenter de démasquer l'éventuelle coupable couchant avec son mari, elle dévie très rapidement vers un pamphlet bavard réglant les comptes à la gente masculine (totalement absente du film) et de la condition de la femme chinoise à travers ces dernières décennies en Chine. Jubilatoire, les dialogues sont finement ciselés et ouvertement pro féministes pour faire la nique à tous les clichés inhérents au monde macho. NING n'en oublie pas pour autant d'accorder une large importance à la dramaturgie à sa mise en scène, faisant du repas de "pieds de poulet" un jubilatoire moment d'érotisme sauvage.
Peu importe finalement laquelle entre les femmes est la coupable; le dénouement représente une véritable libéralisation dans tous les sens du terme et conclut brillamment ce joli exercice de style.
A noter, qu'il est important de noter, que le film met en scène des femmes aisées de la Chine du Nord, représentative d'une véritable "classe sociale" à part.
Dans les rôles principaux, NING a fait appel à des copines personnelles, toutes (sauf une) des amatrices, mais (re)connues en Chine (une compositrice et romancière; une businesswoman...). Le rôle de la domestique est ironiquement tenu par l'une des femmes les plus riches du pays.
Un sujet très mature et adulte pour lequel il faut un minimum de recul (et d'âge) pour pouvoir l'apprécier à sa juste valeur (et qui supportera très certainement d'être regardé à différents stades de la vie pour en saisir toutes les subtilités propres aux âges).
