Free Fall
"Mikael Jackson n'est pas fort en Shoot them All, alors on a joué à Mario-Kart."
Le style de Taiyo Matsumoto s'avère à part. Chez lui, les trames ne sont pas impeccables, le temps se dilate, s'arrête, se pose au gre des multiples gros plans faciaux, l'élipse règne...
"Printemps Bleu" est antérieur à ses deux autres mangas publiés en France ("Amer Béton" et "Frères du Japon"). Il y expose sa vision de l'adolescence, de ce sentiment de errance vivement éprouvé par ses (anti) héros ne sachant que faire de leur existence, flirtant avec la Mort (aussi bien physique que morale sous l'aspect alors de la solitude) afin de ressentir la Vie. Une certaine mélancolie se dégage ainsi de l'ensemble. Matsumoto se penchant, par la même occasion, sur son passé (son sentiment vis-à-vis de cette époque se trouve en postface).
Bien que résolument ancrés dans le réel, ses mangas se retrouvent toujours parsemer d'éléments en total décalage, baignant dans le fantasme, l'irréel purs, apportant au passage second degré et vitalité aux récits, dynamitant les codes.
Matsumoto est unique, réussissant avec talent à prendre à contre pied le mainstream, plombé par nombre de titres fades, inintéressants.... Cet homme est un artiste, comme peu savent l'être. Et c'est ça qui est beau.