Cette grosse prod' qui se met en tête de rivaliser les plus grands couples d'enquêteurs a de nombreux avantages de son côté. Tout d'abord, la reconstitution de Seoul sous l'occupation japonaise, avec des rues bondées, des baraques entassées, un tram, et plein d'accessoires par-ci par-là. Convainquant! Ensuite, la galerie de personnages soutenue par les acteurs idéaux, qui semblaient être taillés pour eux. D'ailleurs, leurs costumes aussi. Bref, le dépaysement est complet, et bien que je puisse douter de l'authenticité du décor, l'important est qu'on y croit et que les images sont riches en détails.
L'histoire n'est pas exceptionnelle, mais pas non plus inintéressante. Même si, bien sûr, les Japonais en prennent pour leur grade, cela ne se fait pas d'une façon aussi acharnées que d'habitude. Enfin, disons qu'y a pas que les Japonais qui sont des ordures dans l'histoire. La cohabitation, bien que forcée, semble se porter plus ou moins bien, et heureusement le scénario l'utilise comme contexte plutôt que comme prétexte. L'enquête est intéressante par les moyens utilisés (le "labo" occupé par une demoiselle en hanbok), bien que presque un peu trop simple. Mais surtout, j'apprécie la justification des crimes (je ne vais pas spoiler), qui est parfaitement compréhensible, voire même "excusable" du fait des circonstances.
Tout cela est enrobé d'une bonne d'action, de suspense, de scènes étranges et tendues (au cirque), ce qui en fait une bonne fiction pop dont on attend de voire la suite qui semble être annoncée à la fin.
Tout cecirque pour pas grand-chose
Réflexion personnelle: alors que j'ai vraiment été enthousiaste lors du renouveau du cinéma coréen fin des années 1990 / début des années 2000, sentant un air frais souffler mes envies de cinéma asiatique, trouvant mon compte dans des épopées historiques comme comédies plus légères, je me retrouve à rester étrangement distancié de ce cinéma depuis quelques années…
Il en est allé ainsi à la projection de "Private Eye", pourtant convaincant dès ses premières minutes avec la formidable reconstitution historique de la Corée du début du XXe siècle, puis avec des premiers meurtres engageants, dont la découverte sont traités avec cet inégalable savoir-faire coréen entre humour et tragédie (et gros effets gores) jusque dans sa tournure plus extraordinaire dans un cirque…et pourtant, et pourtant jamais je ne suis rentré dedans. J4ai trouvé les décors trop toc, n'ai pas été convaincu par la réalisation des premières scènes d'action (une belle course-poursuite dans la ville), n'ai pas accroché avec le jeu honorable des principaux protagonistes et ai été franchement énervé par le côté plutôt glauque des dessous de l'affaire avant le dénouement forcément sanglant…comme j'ai l'impression de le voir dans TOUS les films coréens, TOUS genres confondus. Pourquoi toujours nous sortir le coup des viols, pédophiles etc et pourquoi toujours montrer plaisamment de la violence la plus extrême, à remuer le doigt dans des plaies en gros plan, enfoncer délicieusement des clous sous les ongles, à arracher des paupières avant, etc (je ne dis pas que ces scènes figurent dans le présent film) ?!! Le plan furtif de la jambe qui se brise dans un "Black Swan" a mille fois plus d'efficacité, que le lent supplice des tortures coréennes...
Voilà donc ma principale critique par rapport à un divertissement, qui n'a absolument rien de personnel, alors qu'il surfe sur un genre relativement nouveau: celui du polar pur jus revisité à notre époque, genre "Sherlock Holmes" (le film et les différentes nouvelles séries anglaises), ou plutôt "Shadows in the palace" / "Blood Rain" / "Detective K" pour un cinéma plus local. On retrouve donc toutes les formules appliquées – et en mieux – dans d'autres films coréens, un cahier de charges, que l'on sent quasiment entre les mains de ce nouveau jeune premier réalisateur, forcément secondé par ses producteur de CJ…surtout avec un tel budget…
Et puis, j'ai regretté l'absence d'une vraie alchimie entre les héros et des approximations dans la composition du "Private Eye", personnage, qui aurait pu donner lieu à une série d'aventures (comme le laisse d'ailleurs sous-entendre l'une des trop nombreuses fins largement ouvertes), si seulement il avait été un peu mieux travaillé.
Une réussite. 
Premier fim de Park Dae-min, "Private eye" est un hommage aux fictions pulp, mettant en scène duo qui n'est pas sans rappeler Sherlock Holmes et le docteur Watson. Et si l'ancien militaire coréen et l'étudiant en médecine n'ont pas l'expérience de leurs collègures britanniques, leur enthousiasme assure le spectacle.
Porté par des acteurs excellents, le divertissement mélange burlesque, suspense, drame, et une pincée d'action. Course poursuite à pieds, combat à la buster keaton et climax au suspense réussi font que le rythme, sans être haletant, reste élevé. L'intrigue se suit avec intérêt et évollue dans des décors de toute beauté. La reconstitution est tout simplement magnifique.
Si le récit est sans grande originalité, il est traité de façon approprié et les ruptures de ton se font naturellement. Mais ce sont réellement les acteurs qui font de "private eye" un divertissement de grande classe, Hwang Jeon-min en tête.
Excellent moment en perspective.
