L'œil du si clown
"Bride Waterfall" de Rizal Mantovani est dit l'une des toutes premières tentatives de raviver ce bon vieux slasher ricain et de le passer à la moulinette indonésienne, façon "Srigala" de 1981 avec Barry Prima. Ce serait trop vite oublier ce magnifique "Psikopat" de Rudi Aryanto, qui avait tenté de faire de même dès 2005 dans cette production estampillée Tobali Putra Productions, résurrection de l'ancienne maison de production Tobali Indah des années 1970s.
Jamais je n'oublierai le regard effrayé de mes hôtes indonésiens, quand j'ai acheté le DVD à Jakarta et qui – malgré le fait d'être des fans du bis – s'étranglaient rien qu'à voir la jaquette du film et de se rappeler avoir déboursé de l'argent pour voir ce film sur grand écran…Eh bien, je leur rends aujourd'hui toute justice, car "Psikopat" est encore pire que tout ce qu'il était possible de s'imaginer.
Le film démarre pourtant sur une séquence d'intro, qui ne mériterait pas aux côtés des nombreuses direct-to-video, période Cannon…ou même d'aujourd'hui, façon "Payback". On pourrait encore espérer un sous-"Dernière maison sur la gauche" avec la mise à mort d'une famille devant les yeux effrayés du père de famille…jusqu'à ce qu'il passe par la fenêtre au ralenti et que l'on pressent, que la suite ne va pas être de meilleur acabit.
Et effectivement, si ce n'est que dans le meilleur du ridicule, comme cette extraordinaire traversée d'un pont en bois sur fond de…non…même pas d'écran vert pour ce coup, non…une séquence d'anthologie…
Et ça continue par des héros têtes à claques, qui vont être rapidement pourchassés comme des lapins par un mystérieux psychopathe…à la feuille d'alu. Oui, pire que le fantôme de "Fantomas", le monsieur n'avait visiblement pas de vieux sac à patates à se passer sur la tête, mais seulement une pauvre feuille d'alu mal appliquée, qui lui colle à la tronche…Il poursuit donc (enfin…on en voit pas trop) les ados de service, qui passent leurs temps à courir et à crier le prénom de celui qui vient de disparaître…jusqu'à ce que le suivant ne fasse plus partie de leur troupe et qu'ils se mettent à courir dans la direction opposée.
On s'achemine tranquillement vers une fin avec twist obligatoire…mais qui vaut bien celui du hongkongais "Murderer"…sauf que l'heure et demi, qui aurait précédé sera de bien pire niveau.
"Psikopat" est au moins intéressant sur un plan: celui de ce qui était possible de pouvoir imaginer, tourner et sortir au cours de la folle période du renouveau du cinéma d'horreur indonésien du début des années 2000.
Mention spéciale aux accroches dans un anglais plus qu'approximatif comme "Beware your eyeball !!!", "Are they last holiday" ou encore "Fearing is believing"…J'adore.