Un nanar d'épouvante plutôt joli, mais mal monté et scénarisé
Jusque là parfaitement inconnu et ignoré de tous,
A Public Cemetary of Wol-Ha fut découvert grâce au Festival du film d'Udine en 2002 par l'intermédiaire d'une rétrospective sur l'âge d'or du cinéma coréen des années 60 concoctée par Darcy Paquet. Si l'on se replace dans le contexte d'époque, le film évolue aussi bien dans l'univers du thriller que dans celui du film d'épouvante classique, à mi-chemin entre les films de genre de la Hammer et les ambiances bricolées du cinéma Hongkongais. Cette alchimie plutôt audacieuse et intéressante sur le papier finit hélas par s'avérer particulièrement catastrophique car mise en boîte par un réalisateur sans grand talent et un mauvais monteur. Le film en lui-même, si il suscite davantage le rire par rapport à la peur, fait pourtant preuve de quelques qualités esthétiques indéniables malgré la faiblesse des moyens. Les décors plutôt réussis rappellent les studios de la Shaw, tout comme le cimetière et ses nappes d'ambiance utilisées plus tard par une poignée de maîtres artisans italiens. Mais la relative beauté des teintes et des intérieurs ne masquent pas la confusion du scénario sous influences littéraires et cinématographiques dont l'intro rappelle furieusement celle de
Plan 9 From Outer Space avec son conteur, autre sommet -soporifique- du nanar. Sauf qu'ici, le bonhomme blafard est remplacé par un mort-vivant. Les influences ne s'arrêtent pas qu'ici, puisqu'il semble que
Kwaidan, grande fresque d'épouvante raffinée, ait aussi inspiré l'oeuvre de Kwon Chul-Hwi par son utilisation particulière du son, de ses longs mouvements de caméras scopés et du narrateur contant le sort macabre des protagonistes.
La forte utilisation de la couleur (bleu, rouge, vert, très Suspirien) y est aussi sûrement pour quelque chose car si l'idée en soit est plutôt bonne, son utilisation reste parfaitement anecdotique, sans grand intérêt pour instaurer un climat oppressant puisque dans l'ensemble le film ne fait pas bien peur. Une interprétation plus modeste aurait été préférable pour installer la peur, le surjeu permanent des acteurs gâchant en grande partie les ambitions artistiques du cinéaste, réduisant ainsi cette destruction de famille en nanar pur et simple, sans aucune direction d'acteurs et aux effets bricolés indignes du cinéma bis italien. La lanterne qui virevolte dans les airs est un modèle de confusion scénaristique car aucunement justifiée, le fantôme de Wol-Ha se voit tout d'un coup affublé de dents de vampires et ses apparitions se multiplient en l'espace de deux minutes. Ce procédé horrifique d'apparitions répétées faites pour déstabiliser les gens peu scrupuleux du film sera ainsi repris par une montagne de slashers US des années 80, en plus violent, où dans la logique le dernier survivant découvre tous ses pauvres amis massacrés en l'espace d'une minute. Ici, les morts sont remplacés par les apparitions du fantôme, montées n'importe comment, dans un pur souci de matraquage. Le spectateur, plutôt atterré, préférera se ranger du côté des zombies italiens (Frayeurs de Lucio Fulci, partageant un filmage identique lorsque le fantôme de Wol-Ha est à l'écran), mieux maîtrisés et moins nanars dans l'âme. A voir uniquement par curiosité.