Ordell Robbie | 1.5 | Un film en costumes académique de plus |
Ghost Dog | 2.75 | On ne badine pas avec le mariage |
Soyons honnêtes et reconnaissons que le film d’Ang LEE est plutôt réussi, du moins en ce qui concerne la reconstitution de l’époque (l’Angleterre du 19ème siècle) et les rebondissements réguliers savamment dosés. De plus, l’amour étant universel et intemporel, on peut facilement partager les espérances et les frustrations sentimentales des 2 sœurs Dashwood à la recherche d’un mari. Pour autant, il est préférable d’avoir conscience de certaines dispositions à posséder pour apprécier un tel film : il faut par exemple aimer l’époque où se déroule l’action (si vous êtes fan de James Ivory ou de Carrington, foncez !), il faut savoir apprécier des dialogues raffinés du genre « C’est pour moi un honneur qu’une dame si belle et si vertueuse se compromette à venir m’accompagner au portail sans chaperon », un style de vie démodé mais qui a son charme, il faut surtout aimer voir un Hugh Grant maladroit engoncé dans des habits paraissant trop petits et marchant en fléchissant les genoux de peur de faire du bruit avec ses chaussures.
Une question se pose tout de même : qu’est-ce qui a bien pu pousser le taiwanais Ang Lee à tourner un tel film, si éloigné de ses origines, alors qu’un européen aurait sans doute réalisé le même travail que lui ? Qu’apporte-t-il de plus qu’un européen ? Pourquoi diantre les producteurs l’ont-ils choisi, lui ? Pour certains éléments de ses comédies familiales ( Garçon d'Honneur, Salé Sucré) ? Ils ne transparaissent jamais vraiment dans Raison et Sentiments. Ces questions restent donc en suspens dans mon esprit ; au lieu de s’adapter tel un caméléon à l’Occident, n’aurait-il pas pu apporter avec lui certaines valeurs qui lui sont propres, comme plus tard dans Chevauchée avec le diable ? Décidément, Ang Lee aura eu un parcours atypique…