Guerilla, Realpolitik et Bisounours
- Vous n'avez pas d'armes ? Rentrez chez vous, vous ne changerez rien.
- Vivre pour rien ou mourir pour quelque chose, à toi de voir.
- Certaines vies valent la peine d'être sauvées, d'autres non.
- J'emmerde le monde.
Ces quelques répliques qui tuent donnent tout de suite le ton : sans concessions, autant visuellement que thématiquement. Car au-delà du film d'action bourrin qui défouraille, déviscère, découpe, décapite et dézingue à tout va à un rythme effréné et sans discontinuer du début à la fin, Sly semble aussi vouloir nous dire plusieurs choses.
D'abord, qu'il s'assume tel qu'il est, malgré les nombreux détracteurs type Guignols de l'info qui tentent de le faire constamment passer pour un abruti, et qu'à leur grand regret il continuera de plus belle dans la voie qu'il s'est tracée. Fuck.
Fuck également, les pacifistes donneurs de leçon de tout poil qui croient pouvoir régler les conflits par le dialogue, la négociation et les compromis. "
C'est avec les meilleurs pacifistes qu'on fait les meilleurs collabos", comme le dit un célèbre écrivain contemporain. Les gentils évangélistes qui ne veulent surtout pas tuer sont ainsi totalement ridiculisés pour leurs beaux principes de paix qui ne tiennent pas 5 minutes devant la folie destructrice de l'armée birmane. On ne discute pas avec un nazi, quelque soit son apparence, rappelle Stallone : on l'écrase. Il n'est d'ailleurs pas interdit de voir à travers ces évangélistes une vigoureuse critique de la politique étrangère européenne, frileuse et bien pensante, très "esprit de Munich", qui se fait finalement toujours avoir et qui est bien contente de voir ces salauds-de-yankees-impérialistes-et-belliqueux leur sauver la mise au bout du compte. Certaines guerres sont parfois nécessaires pour sauver la Paix, rappelait il y a peu Obama.
Pour autant, Sly ne s'improvise pas va-t'en-guerre obsédé par le sang. Il semble opter pour une realpolitik intelligente, à savoir qu'on ne peut pas changer le monde d'un coup de baguette magique, qu'il est préférable de passer des alliances avec des gouvernements étrangers, même autoritaires, pour maintenir les intérêts de la Nation, et dans le même temps financer des factions rebelles locales qui luttent pour la liberté et l'Etat de droit, voire intervenir ponctuellement, mais uniquement pour assurer la sécurité de compatriotes. Une analyse qui se tient et qui rejoint d'ailleurs celle du magnifique et très sous-estimé
Les Larmes du soleil avec Bruce Willis.
Bon film pour clôturer la série
Le premier volet, tiré du roman de David Morrell, était une véritable critique de la société américaine qui rejette les éléments ne rentrant pas dans le cadre du bon vieux rêve amériain. Critique également de l'engagement des USA dans la guerre, de l'utilisation du Napalm (brièvement exprimée par la mort de son ami rongé par le cancer : "il s'est fait tué au vietnam mais il ne le savait pas"), et de deux trois autres trucs qui me sont sortis de la tête. Mais c'est également l'entrée dans la tête d'un personnage qui, rentré chez lui, est toujours en guerre, et cherche inconsciemment le moindre prétexte pour s'en refaire une. Il avait l'avantage d'être très terre à terre même si certains passages paraissaient exagérés mais ils exploitaient bien le penchant extrémiste de Rambo dans l'utilisation de la violence. Dans le deuxième volet, c'est un peu du n'importe quoi, trop gros, trop mélo aussi, et l'histoire perdait en matière de combat intérieur pour glisser trop sur l'histoire des prisonniers après la fin de la guerre du Vietnam. Un peu trop propagandiste avec caricature des Russes à outrance et scènes de combats vraiment ratées. Le troisième volet reprend les mêmes erreurs que le 2, en y ajoutant une touche d'humour avec les répliques du Colonel qui font toujours mouche.
Pour le dernier film, qui conclut la saga, le plus marquant, comme le pointe François, est la quantité de violence présentes à l'écran. Des scènes vraiment malsaines, qui ne sont pourtant pas plus horribles que les images - très réelles - montrées en début de film, comme zapping des 20h. Cette violence n'exacerbent pas la réalité, elle la montre, sans rien édulcorer, avec la même honneteté que la critique sociale exprimée dans First Blood. On retourne également au combat de Rambo, qui ne peut pas échapper à sa nature, et doit retourner à la guerre. Force est de constater que Stallone n'a pas trop perdu en physique, et assure bien son rôle de guerrier retraité qui remballe. Son scénario tient debout (certes il est simple) et sa réalisation, même si elle est parfois un peu bancale, reste toutefois très efficace. Ce retour aux sources de Stallone est vraiment réussi, et au fil du temps le personnage de Rambo est vraiment devenu la propriété de Stallone plus que de Morrell qui n'avait certainement pas prévu que son "héros" devienne tel.
21 octobre 2008
par
Elise
'l a de beaux restes le père Stallone
Après la très bonne surprise qu'a été un
Rocky Balboa franchement touchant pour qui a grandi avec cette série mythique (sans discuter de la qualité des films), ce
John Rambo faisait vraiment peur. La première bande annonce d'une violence assez inouï pour un blockbuster sonnait plus comme un piège ("regarde ce que tu auras peut-être sur le DVD director's cut mais sûrement pas en salles!"), la seconde d'une nullité assez crasse finissait de détourner la plupart des spectateurs de cette énième suite. Pourtant le duo Rocky/Rambo, les deux frères ennemis, le Ying et le Yang de Stallone, le rêve américain et son pendant cauchemardesque du Vietnam, connaît une belle fin. Stallone, sans pouvoir prétendre à l'Oscar du meilleur scénariste ou du meilleur réalisateur avec ces deux derniers efforts, en tirent le maximum car ses deux personnages lui appartiennent depuis des décennies et l'on sent une sincérité à tout épreuve dans son propos.
Rambo est un personnage intéressant car à l'époque des blockbusters d'action à gros bras de l'époque (le duel Sly/Arnie), on tient presque ici un anti-héros, transformé en machine à tuer, rejeté par son propre pays dans le premier film, jeté en prison. Même le second film pourtant beaucoup plus axé "on y retourne et on va leur montrer" réussissait par moment à avoir un propos critique contre son propre pays. Si l'on n'oublie poliment le troisième opus, on tient ici le pendant sombre du héros "propre" qu'est Rocky. Rocky travaille dur, Rocky vient d'en bas, est gentil avec sa femme, n'insulte jamais son adversaire. Alors que Rambo n'est qu'un soldat, qui ne sait finalement que tuer, et Stallone ne le renie jamais ici, en ne cherchant jamais à le rendre meilleur qu'il n'est ni à réciter une belle morale. Le film se montre à ce niveau d'une rare efficacité: on ne cherche pas midi à quatorze heure, le rythme est constant, les scènes d'action efficaces, le propos reste léger après une petite introduction via des images de la télévision birmane.
Et là où
John Rambo se démarque de ses deux prédécesseurs, fleurons des actioners des années 80, c'est qu'il n'édulcore plus la violence comme tout bon blockbuster qui se respecte. La violence est même difficile par moment, comme lors de cette introduction ou de quelques passages assez malsain (le jeu avec les mines, scène redoutable d'efficacité morbide). On pourra bien sûr critiquer cette violence sèche et souvent gore sur un film d'action, mais elle a le mérite d'exister et de choquer parfois. Cela faisait très longtemps qu'on n'avait pas vu d'enfant mourir en gros plan dans un blockbuster américain notamment. On pourra aussi souligner le petit coup de bâton sur les doigts des religieux, que Stallone confronte ici avec la réalité de la violence de manière certes simplissime, mais pas moins efficace.
Au final, si on a vu assurément bien meilleur en terme de films de guerre ces dernières années, John Rambo ne démérite pas et conclut de belle manière une série mythique quoi qu'on en dise. Une douce consolation pour un Stallone dont la carrière n'a sûrement pas été celle de son adversaire de toujours, mais qui peut lui s'enorgueillir d'avoir quelques films très personnels et sincères à son actif.
Un extraordinaire film coup de poing, à la violence crue et insoutenable, et d'une noirceur sand fond. Une immense parabole de la condition humaine. D'une mélancolie intense. Magnifique tout simplement. Un grand moment de cinéma.
De feu et de sang...
Sly vieillit Rambo et le rend désenchanté et écoeuré par la barbarie. Alors il décanille la pourriture quite à déplaire aux gauchistes et autres crétins bien-pensants. Au final on assites à un véritable opéra de feu et de sang qui frappe direct ! ...tant qu'il y aura des ordures et il y aura des Rambo.
J'étais le premier à m'attendre à une déception en entrant dans le cinéma, mais dès le début du film on est mis dans l'ambiance. La courte durée de l'ensemble ajoute au punch du film qui se déroule sans fausses notes. Un superbe volet, d'autant plus réussi que le projet semblait voué à l'échec, Stallone a pris toutes les bonnes options sur ce film.
Un très bon film, avec un Sylvester Stallone toujours aussi charismatique!
Une histoire simple, mais on ne s' ennui pas. De l' action, un flash-back, de la guerre ( âmes sensibles s' abstenir ), des effets spéciaux bluffants! Ca déchire mon colonel!
Rambo 4 fait partie pour moi des bons films typés "vietnam". Bien sûr les personnages sont toujours caricaturaux, Stallone n'est toujours pas comédien, mais la violence graphique est incontestablement réussie. Dommage que la dernière (grosse) scène d'action soit filmé à la Gladiator, c'est à dire trop saccadée, surdécoupée et trop de caméra portée. Le spectacle gore qui nous est proposé aurait été encore plus marquant avec deux fois moins de plans et un caméra plus posée. Sinon je ne me suis pas ennuyé une seconde, j'aime ces ambiances de calme avant la tempête, et j'en aurais même repris pour une demi heure de plus.
Last Blood (enfin, il serait temps...)
Stallone n'y va pas avec le dos de la cuillère pour ce qui est de nous livrer un produit bourrin et sans concessions administrant un bon coup de fouet à une franchise noyée depuis vingt ans déjà dans les abysses du nanar moisi et gentillet. Son
Rambo cuvée 2008 carbure ainsi à l'action sanguinolente et ne prend pas l'amateur du genre pour un imbécile. Le problème, c'est que Sly a oublié d'y annexer une intrigue et un rythme dignes de ce nom. Résultat, entre deux séquences bien badass, on s'ennuie, la faute à une substance dramatique pauvre, une trame des plus convenue, des protagonistes caricaturaux et superficiels – notre bon vieux Rambo y compris – ainsi que de nombreuses longueurs. On n'attendait certainement pas un traitement et une psychologie des personnages tirés au cordeau de la part d'un tel film, mais le fait de nous tenir en haleine au-delà des balises ultra-violentes du récit – lesquelles j'aurais espérées encore plus copieuses à ce stade-là – était sans doute un minimum. L'ex-étalon italien ne nous gratifie donc pas du choc attendu, signant un actioner passable qui déton(n)e surtout pour la crudité extrême et très graphique de ses scènes de carnage (individus réduits en puzzle anthropomorphe sous l'impact des coups de feu, headshots, étripages en règle à l'arme blanche, enfants brûlés vifs, etc.) là où le come-back de
Rocky Balboa, autrement plus marquant, faisait preuve d'un humanisme mûri et transmettait de véritables émotions.