La guerre civile comme psychothérapie
Certains chroniqueurs sur ce site tentent de manière récurrente de donner une définition du cinéma à travers les films qu’ils voient ; cette définition est pourtant relativement simple car, outre le mouvement via l’image et le son, le Cinéma est surtout un échange d’émotions par écran interposé entre des personnages et des spectateurs. Si l’on suit cette définition, alors Rangoon est un vrai bon film de cinéma nous faisant partager les émotions fatalistes d’une femme brisée par l’assassinat de son mari et de son fils, ayant décidé de trouver un sens à sa vie dans un pays en proie à une guerre civile destructrice. Cette douleur intérieure lui fait voir le danger qu’elle encoure de manière beaucoup plus relative, lucidité qui manquait par exemple au journaliste américain de La Déchirure qui lui, tenait à sa peau. Une situation originale donc, permettant à John Boorman de donner des nouvelles de Birmanie, un pays de 48 millions subissant l’oppression d’une junte militaire indéboulonnable depuis les années 60 et toujours au pouvoir aujourd’hui, un pays inexistant cinématographiquement et dont on ne connaît pratiquement rien si ce n’est le visage de Aung San Suu Kyi, la résistante pacifique qui regonfle le moral dès qu’on croise son regard, tout en décryptant le long chemin de la guérison entrepris par son héroïne au fil des évènements.
Patricia Arquette est magnifique dans son rôle de résistante active, et le couple de circonstance qu’elle forme avec U Aung Ko fonctionne à merveille. Un beau film à voir absolument, même si ce n’est pas la plus grande œuvre de Boorman.