Un film d'horreur plutôt frais sans être innovant
Le réalisateur talentueux de Ju-On nous sert ici une oeuvre correcte sans être particulièrement originale. Il suit les aventure d'un tournage de film reprenant un fait divers, lors duquel un homme avait tué onze personnes dans un hôtel, et décide pour cela de visiter l'hôtel (fermé depuis) pour faire ressentir à l'équipe l'atmosphère du lieu sinistre. L'actrice principale, choisie sans hésitation par le réalisateur, a quant à elle des visions d'une petite fille, victime de la fameuse tragédie, et pense être la réincarnation de cette fille. En même temps, d'autres personnes ont le même genre de vision, chacun d'une victime du massacre. Le scénario se déroule plutôt clairement et évite bien heureusement toute longueur, enchaînant efficacement entre visions et scènes de tournage. On se sent bien bloqué à l'intérieur de l'esprit de l'actrice, sans voir le bout du tunnel, et on n'a vraiment pas la moindre idée de comment cela va finir. S'il est une chose qui fait plaisir à voir (ou plutôt à ne pas voir) dans un film d'horreur japonais, c'est qu'à aucun moment on nous remet une couche de sadako-like, ni de grincement, crissement, déplacement sacadé de fantôme... La musique de Kenji Kawai est prenante et apporte une ambiance envoutante, tout autant oppressante, mais moins gonflante que la majorité des films d'horreur qui ne surprennent que par des sons brusques cassant le vrai suspense d'une histoire. Bref, une histoire sympa, sans artifice débiles, qui passent le temps sans gonfler (surtout après Rogue, ça ne pouvait être que bien).
07 septembre 2007
par
Elise
Un vrai film d'épouvante
Enfin Shimizu arrive à sortir de ses -propres- sentiers battus en apportant un vent de "folie" à une oeuvre qui en avait bien besoin. Cette folie ne réside bien sûr pas dans la forme, qui même si parfaitement agencée n'est qu'une relecture éculée de ce que Shimizu a déjà fait, mais plus dans le fond, les bas-fonds même. Cette histoire de meurtres, faits réels, qui ressurgit 35 ans après lorsqu'un cinéaste projette l'adaptation sur grand écran, est une bonne idée en soit. Même si le principe du "film" dans le "film n'est pas bien nouveau (on pense notamment au pitoyable "Urban Legend 2" pour ne citer que lui), la recette semble fonctionner. Il y a d'abord ces visages blêmes qu'un routier aperçoit dans une forêt, il y a cette petite fille et sa poupée, sales toutes les deux, cette ambiance glauque matinée d'épouvante formelle (belle utilisation d'une caméra granuleuse et d'un contraste très poussé lors d'une distorsion temporelle avec le passé) et de fond (inquiétante musique de Kawai). Si Shimizu parvient à offrir quelque chose d'intéressant à son spectateur, c'est parce qu'il dispose pratiquement des pleins pouvoirs pour laisser libre cours à son imagination, le meilleur exemple contraire était bien sûr ses remakes de Ju-on oscillant entre le moyen et le complètement raté.
Réincarnation n'est pas raté, loin de là, et l'on doit sa fière réussite à Yuka, sidérante dans la peau d'une actrice débutante tombant peu à peu dans la folie. Sa prestation remarquable est la véritable ossature du film, tout repose sur son interprétation et ses nuances du fait qu'elle joue à la fois pour Shimizu ET le cinéaste du film "Réminiscence".
Réincarnation remplit aussi parfaitement son cahier de charge de tout bon film d'épouvante qui se respecte : les morts-vivants sont crédibles tout comme leurs apparitions bien négociées (leur présence dans la bibliothèque entre autre), les passages filmés en Super8 véhiculent une certaine tension, l'idée de reconstruire les crimes ou tout du moins de les transposer pour le cinéma est aussi parfaitement étudié, donnant lieu à quelques séquences intéressantes notamment lorsque Nagisa finit par voir en temps réel ce que filmait le bourreau avant et après ses crimes. Et Shimizu joue parfaitement avec le spectateur car l'on se demande ce qui est vrai ou non. Les séquences de tournage chevauchant les visions d'horreur de Nagisa relèvent le film de sa petite faiblesse : ses longueurs. Si Shimizu soigne son matériau de base, il n'en demeure pas moins creux en plein milieu la faute à un manque de souplesse d'écriture. Certains personnages comme Marita Yuka ne semblent faire que de la figuration malgré leur propre identité, finalement le tournage en "live" ne se réduit qu'à une petite poignée de séquences et les revenants décorent le plateau. Le plus intéressant dans cette belle plongée horrifique c'est le rapport entre le réel et le fictif, le passé et le présent. Bien négocié par un Shimizu en grande forme de ce côté, la cohérence entre les univers à la fois dans la tête de Yuka et sur le tournage respire le travail d'un bon artisan de la série B. Réincarnation n'est peut-être pas une grande surprise, mais son ambiance pesante montant crescendo dans l'horreur et son actrice principale hallucinée en font l'un des meilleurs films d'épouvante de son auteur.