Avec une implication manifestement forte d'Otomo dans le projet on pouvait en premier lieu s'attendre à un petit bijou visuel… On en est malheureusement loin du compte ! Entre superpositions des couches parfois trop marquées, chara design parfois discutable (certains persos sont franchement laid) et quelques défauts d'animation. Dans ces "ratées" artistiques on notera en particulier le fait que bon nombre de personnages louchent de façon trop flagrante. Les yeux sont en général mal fait, ce qui est fort dommageable, puisqu'en anime comme dans la vie il s'agit de la partie la plus expressive et qui donne le plus de vie au visage. Ces approximations rendraient presque certaines scènes désagréables, ce qui est dommage car le choix de certains cadrages, les couleur et l'ambiance créée dénotent une réalisation qui aurait pu mieux s'épanouir… De même le décor est soigné, le nombre des objets animés important et les mecha plutôt agréables, vraiment dommage que les personnages ne soient pas à la hauteur !
Si la mise en forme n'est pas au delà de tout reproche, le scénario quant à lui donne véritablement beaucoup d'intérêt à l'anime. Un scénario à la trame de fond triste mais qui transpire la joie de vivre et l'amour. Etonnement positif et optimiste compte tenu de l'idée de départ, Otomo a su mêler habillement dans son histoire humour, action et réflexion sur la condition des personnes âgées (ou Roujin en Japonais). Un thème préoccupant compte tenu du vieillissement de la population des pays industrialisés abordé avec maestria et humanité.
Capital sympathie maximum pour ce beau film d’animation. Beau parce que simple et humain, posant un regard à la fois tendre et complice sur des gens moyens auteurs de grands exploits, Haruko en tête. Cette jeune aide soignante s’occupe comme il se faut d’un vieillard, Takazawa-san, jusqu’à ce que celui-ci lui soit enlevé pour le compte d’une expérience : il sera le cobaye d’une nouvelle machine créée par le duo Hasegawa/Terada censée remplacer n’importe quelle aide humaine. La machine, sorte d’immense lit mecha-nique, semble être la structure idéale avec sa toilette automatique, son système d’exercices physiques, et ses programmes ludiques. Malheureusement, au lieu d’être une simple station de soins, cette dernière se révèle être une arme de destruction…Du pur Otomo, que ce Roujin Z. Quel est l’avenir de la technologie au Japon ? Les machines vont-elles remplacer l’homme dans un pur souci d’évolution –et donc de régression d’un point de vue humain ? Les machines seront-elles viables ? Serviront-elles à des fins militaires sans que l’on ne le sache ?
Des questions qui obsèdent un autre auteur, Oshii Mamoru. Ce qui obsède sûrement plus Otomo c’est la fusion probable entre la technologie, l’organique et l’être humain, à l’image de ce vieillard littéralement fixé sur son lit mecha-nique, et ce malgré lui, ne faisant plus qu’un avec la technologie. Il est également percé de toute part par des tuyaux, démontrant ainsi la prise de pouvoir de la machine sur ce dernier. Roujin Z est également un vrai film politique, évoquant l’espièglerie de ceux qui souhaitent faire de l’argent sur des vies humaines. Une jeune femme et une bande de vieillards tenteront de s’y opposer par simple amour pour le genre humain. Roujin Z est donc particulièrement attachant parce que très humain, drôle sans pour autant se moquer (bien que le vieillard bave, se fasse dessus et quémande à manger, soit), plein d’énergie malgré le paradoxe de l’âge pour certains. Une vraie petite famille se forme contre le « pouvoir », les autorités policières et les médias, une vraie sucrerie pleine de légèreté en fin de compte anarchiste et explosive jusque dans un film apocalyptique. En comparaison des travaux de Otomo, le film ne tient pas réellement la comparaison au niveau de la dimension visuelle. Ceci dit, malgré un trait de crayon parfois grossier plus proche de la série télé qu’autre chose, la mise en scène est efficace et le rythme ne laisse place qu’à de très rares temps morts. En plus de cela, Otomo ajoute un peu d’émotion dans cette montagne de ferrailles avec le mysticisme autour de la femme de Takazawa-san et ce classique impérissable de vouloir coûte que coûte voir la mer avant de passer l’arme à gauche. Même l’ouverture un peu ratée sur la fin n’entache pas de jolis moments passés en compagnie d’une bande de jeunes gens au grand cœur et de grands méchants qui ne le sont pas réellement.