Version punk de la société HK
Fin 2002 ou la résurrection d'Andrew Lau: alors que 'homme était considéré comme mort commercialement et artistiquement, voilà qu'il fait subitement un double coup de poker. Premier coup de poker via son Infernal Affairs qui explose le box-office local via une technique au poil et une impressionante réunion de stars (mais le tout au prix d'un consensus bien mou). Deuxième coup de poker en produisant la réunion des talents "alternatifs" du ciné HK via ce Runaway Pistol qui est quasiment l'anti-thèse de son polar-blockbuster. A part deux réalisations complètement oubliées au début des années 90, le nom de Lam Wah-Chuen ne dit rien mais c'est plutôt dans le domaine de la photographie que le monsieur s'est illustré ces dernières années, dirigeant principalement celles des films de Fruit Chan et Wilson Yip. Le rapport avec Fruit Chan ne s'arrêtant pas là vu qu'il aussi composer la musique de la plupart de ses oeuvres: au vu de ce degré d'implication, il fait presque figure d'assistant-réalisateur du cinéaste qui donna l'estimé Made In Hong-Kong en son temps. Mais avec cette forte parenté, il ne faudra pas s'étonner d'entendre ci et là les mauvaises langues dire que le film n'est qu'une simple copie des oeuvres de Fruit Chan: argument bien faible vu l'importance des postes qu'occupait Lam Wah-Chuen dans la finition audio-visuelle de ceux-ci. Par contre, et en vrai premier film un tant soit peu personnel, Lam Wah-Chuen peut se lâcher à la réalisation, renouant avec l'énergie visuelle et narrative des meilleurs moments de Made In Hong-Kong, tout en rajoutant une petite touche expérimentale comme savaient si bien le faire les réalisateurs de clips dans les années 80 en usant et abusant du changement de support (pellicule et vidéo), jouant avec les couleurs (polarisation à l'extrême, etc...) pour recréer le monde sous un angle différent: un effet absolument pas gratuit car la plupart du temps, ce point de vue reflète celui du protagoniste principal de l'histoire, à savoir l'arme à feu en elle-même.
Aussi bien visuellement que narrativement, le pistolet du film est le personnage-clé de l'histoire. Possèdant sa propre voix (voix-off évidemment), il raconte son histoire qui débuta dans les années 30-40 et commente avec dépit les actes que ses propriétaires lui ont faire, créant la plupart du temps des drames irréparables. Ainsi, Runaway Pistol fait de nous les témoins d'une société empêtrée dans sa propre violence qui touche toutes les classes sociales et tous les âges. Le film se joue de tous les rêves et espoirs des humains qu'il met en scène, déviant presque vers l'humour noir et le cynisme total lorsque des gens récupérant les corps sans vie d'un couple noyé (mais dont les mains restent mystérieusment attachées l'une à l'autre) qualifie la situation d'hautement romantique alors que le couple s'est formé dans la contrainte et l'auto-destruction. A l'instar de ces présentatrices russes de télé qui se déshabillent devant la caméra, Runaway Pistol met à nu ses personnages, ne leur donne aucune chance de se cacher sous les apparences, les relèguant à leur plus bas instincts et réflexes où la mort (de soi-même ou d'autrui) devient la seule solution possible. Parmi toute la kyrielle d'acteurs inconnus (mais excellents), on notera les réalisateurs Barbara Wong (Women's Private Parts) et Wilson Yip (Bullets Over Summer), avec qui Lam Wah-Chuen a déjà collaboré par le passé, qui donnent des prestations convaincantes pour leur premier passage devant la caméra surtout pour des rôles peu faciles: un couple prostituée/mari violent empêtré dans un quotidien glauque et sans lendemain. La notion d'espoir n'a plus cours mais une maigre consolation arrive quand le pistolet vient à se rebeller contre l'un de ses propriétaires malfaisants: une goutte d'eau dans un océan mais le film ne propose aucun discours, aucune réflexion, juste une vision délibérement punk et nihiliste du monde qui lui évite de tomber dans l'essai foireux genre Leaving In Sorrow et devient ainsi un divertissement purement alternatif et surtout mémorable. Le bouquet final étant d'assister à Sam Lee en guest-star qui vient gueuler sur la chanson de fin: un film vraiment No Future à se repasser en boucle pour le fun...
Peu intéressant
Le propos ambitieux que semble afficher Lam Wah-Chuen avec ce film se heurte à deux obstacles: la forme narrative adoptée et la prétention sociale de l'histoire. L'image se veut recherchée mais laisse surtout une impression de déjà-vu. Car ici, à la différence de ce que sait faire Fruit Chan, auquel le film fait de nombreuses fois allusion, l'image ne rend pas compte d'un point de vue personnel. Au contraire en prenant régulièrement un point de vue objectal, le film prend nécessairement de la distance avec l'action montrée et la valse continuelle des personnages achève de détacher le spectateur de la vision qui lui est proposée.
Ce qui aurait pu sauver complètement le film, c'est d'appliquer cette vision "objective" à un sujet intéressant, à un sujet dont la réalité se serait tellement imposée d'elle-même que la distanciation en serait le contrepoids nécessaire. Or, rien de tout cela ici. On joue plutôt dans la gratuité et la complaisance. S'il y a une critique sociale dans le film, elle semble être le fait d'une vision assez éloignée de la réalité. Le seul moment où Lam Wah-Chuen touche joue, c'est quand il s'intéresse à la télévision et aux media. La jeunesse délinquante est le fruit de vision beaucoup trop conventionnelle pour sembler réelle. Ce film n'est pas un portrait vivant d'une société malade, c'est plutôt une autopsie réalisée de le cadre froid d'une pensée sans grande envergure. Pour simplifier, si vous voulez de l'esthétisme intelligent repartez voir du coté de Fruit Chan, et si c'est une critique sociale qui vous tente, Spacked Out est de très loin supérieur.
05 novembre 2005
par
jeffy
Coup de Revolver dans l'eau
Quant un cinéma est en crise artistiquement -ce qu'est le cinéma hongkongais depuis la seconde moitié des années 90 ou le cinéma américain depuis la fin de son age d'or seventies-, on en vient parfois à porter aux nues tout objet qui sort un peu de l'ordinaire (et dans une industrie hongkongaise tournée vers le divertissement ue film tel que Runaway Pistol est incontestablement singulier). Ceci explique sans doute le grand succès d'estime à Hong Kong de Runaway Pistol. Sur le papier, le film de Lam Wah Chuen a pourtant tout pour plaire: produit par un Andrew Lau qui avait réalisé cette année un Infernal Affairs regardable, réalisé par un assistant-réalisateur de Fruit Chan, le film introduit une idée de la série télévisée Gun (le flingue intinérant) pour essayer de renouveler le polar hk, une démarche à la Milkyway hors la Milkyway en somme. Sauf que comme l'a si bien dit Jules Whinfield dans Pulp Fiction, les meilleures intentions ne suffisent pas. Certes, on pourrait voir dans le film un coté bricolé qui rappelle la force qu'a pu avoir le meilleur du cinéma hongkongais, sauf qu'ici on est plus proche du brouillon. L'utilisation des poissons dans le générique est moins convaincante que chez Marco Mak, le split screen est le plus souvent usé de façon gratuite qu'explicative, les caméras portées sombrent souvent dans l'épate Dogma, l'usage des filtres monochromatiques est souvent gratuit sauf pour représenter le regard de l'enfant enlevé et la réalisation des flinguages est archiconfuse. Dans ces moments-là, on se dit que Lam Wah Chuen manque peut-être d'un producteur pour faire le tri dans ses idées visuelles, ce qu'avait su faire Johnnie To pour Patrick Yau -comparez les mise en scène de Loser's Club et des Yau tournés avec la Milkyway-. Quant à la musique, elle oscille entre métal lourdingue, boites à rythme pachydermiques, pianos mielleux et mauvais "à la manière de" Scarface. Les acteurs sont eux plus proches du "mal jouer" que d'un bon amateurisme à la Dumont.
Niveau scénario, ce n'est pas mieux avec l'idée grotesque de faire parler le revolver en voix off surtout pour susciter un rapprochement avec Hitler et la Seconde Guerre Mondiale (en gros c'est pas l'arme qui est violente, c'est celui qui la porte, quelle révélation...), pour le faire discuter avec le mort ou encore une longueur lorsque le récit s'attarde sur le destin d'un personnage une fois le revolver perdu. Cet enchainement tragique offre une série d'observations -la femme qui se prostitue pour payer les dettes de son mari, est battue par lui avant qu'ils ne se rabibochent, la voix off du mort qui a peur que sa femme maltraite ses enfants, le tournage de la vidéo porno, les news présentées nue, les kids essayant de mettre le feu à un clochard, les ventes d'armes, le destin des enfants hongkongais enlevés par des Continentaux- qui mises bout à bout n'arrivent pas à donner de point de vue synthétique sur la société hongkongaise. Seule la superbe scène du "double suicide" et celle très fruitchanienne où un commerçant regarde d'un air distant à la télévision la nomination de Tung Chee Hwa augurent de ce que le film aurait pu etre.
Le film souffre au final surtout d'absence de vrai point de vue de cinéaste, ce qui ne pardonne pas lorsqu'il s'agit d'aborder un sujet choc. Il ne suffit pas de présenter les choses pour faire un grand film; il faut également les représenter de façon cohérente.
Yeux de revolver
Concept totalement inabouti d'un objet faisant la transition entre différentes histoires; non seulement les différents épisodes ne sont sans aucun grand intérêt, mais le message du film se noie dans une prétention stylistique sans résonance.
Dommage, car toutes les qualités du premier film de Kenneth Bi (truculent portrait de personnages, une belle inventivité; des effets au service d'une histoire) se transforment toutes ici en leur inverse : la courte durée et les stéréotypes ne permettent aucune véritable identification aux protagonistes, les idées originales sont rares et les quelques effets de style sont de la pure esbroufe. De plus, noyant son film dans un pessimisme immature concernant tous les malheurs de la terre, Bi ne propose pour unique solution que la violence pour aller à leur encontre.
Dommage également, que Hong Kong ne soit - contrairement à son premier film - davantage exploitée, surtout que le cadre urbain se prêtait à merveille aux différentes histoires.
Une déception de la part d'un rare nouveau talent indépendant du cinéma hongkongais.
quelques lourdeurs pardonnées à la vue du film dans sa totalité
je ne m'attendais pas à autant de scènes de violence crue voire malsaine mais mis à part certaines un peu gratuites elles sont justifiées. on peut y trouver plein de défauts mais franchement j'ai vraiment accroché. de plus visuellement c'est très sympa à défaut d''être très original.
Mémoires d'un gun
Concept ambitieux et intéressant que celui de décrire la dérive des hommes au travers des pensées d'un pistolet,qui au fur et à mesure des évenements,change de mains,n'apportant que malheur et désespoir. Problème: à trop vouloir analyser les choses,le film tombe très rapidement dans une espèce de léthargie contemplative,qui ne sauve pas les rare bonnes idées présentedans le scénario. Encore un peu plus et ce foutu gun vous aurait raconté comment,devant "Runaway pistol" j'ai fini par me mettre une balle!
'Putain de vie de merde'
Sacré concept que de reprendre la technique d'un Wong Kar-Wai ou d'un Fruit Chan, histoire de faire fun et de montrer comme tout est pourri dans ce monde cruel.
Techniquement c'est assez réussi, mais quant à l'intérêt de la chose, ça laisse franchement perplexe.
Il faut franchement savoir se positionner lorsque l'on s'attaque à des sujets graves. Si c'est pour se faire son clip de frimeur pour montrer l'immontrable, ça laisse tout de suite plus interrogatif sur le quoi du pourquoi.
Le concept de base en lui-même est plutôt original et pouvait laisser présager le meilleur quant au déroulement de l'oeuvre.
Suivre l'itinéraire d'un pistolet philosophe (!) passant de mains en mains était en soi une idée plutôt intéressante si le réalisateur avait continuer dans son idée de base, c'est à dire faire dans le spectacle décousu et frappadingue à la Too Many Ways To Be Number One par exemple. technique à l'appui il aurait pu s'en donner à coeur joie, même dans l'ultra-violence gratuite et la scatologie viscérale. Ca aurait certainement bien passé, tellement c'eut été axé second degré.
Manque de bol, Lam Wah Chuen se fait sa critique sociale de la société arguant du fait qu'il est un mec cool qui filme des images schocking parce qu'il a la classe.
Faut savoir se positionner au bout d'un moment.
Quand Fruit Chan parle des maux de la société, il sait parfois devenir sobre et capter la petite étincelle qui va rallumer la flamme de la vie, autrement dit il sait capter l'espoir dans le désespoir, même s'il est illusoire et éphémère.
Quand Wong Kar-Wai fait trembler une caméra, c'est pour éviter de froisser la peau tendue de la délicieuse Michelle Reis, ou pour accélérer le concept de violence visuelle qui n'importe que pour ses effets.
Ce Lam Wah Chuen est un réalisateur qui semble douer pour filmer du schocking, il ne va pas tarder à rejoindre la clique de son producteur occasionnelle dans le néant artistique et la manière de filmer tout et n'importe quoi histoire de faire tendance.
Après on ira reprocher à Park Chan-Wook de faire voir, ou a Joel Schumacher d'être un ..., un quoi déjà ?
Cochon de concept.
Pourquoi faut-il que, devant l’énoncé de chaque film à concept, on se dise : « ah, ça peut-être pas mal, y’a de l’idée ? » Une idée qui attire les producteurs, ici Andrew Lau, et les spectateurs. Y’a de l’idée certes, mais 99% du temps, c’est une mauvaise idée, et pourtant on continue à se faire avoir.
Dans Runaway Pistol de Lam Wah Chuen, le concept est de suivre un flingue, qui passe de propriétaire en propriétaire à Hong-Kong.
On se rend vite compte que le concept aurait pu fonctionner et captiver si les différents propriétaires successifs de l’arme avaient un véritable lien entre eux dans le cadre d’un récit plus vaste que ce chaque saynète (correspondant à chaque propriétaire) peut laisser supposer, mais aussi plus concentré : qu’il y ait en fait un fil général narratif qui compose le film, une véritable intrigue dont le flingue serait en fait l’instance subjective qui nous permet d’assister à tel endroit à tel moment au déroulement de l’histoire. Le flingue prendrait le rôle du monteur en quelque sorte : celui qui, dans la fabula, va choisir les scènes à garder pour le film, par le seul critère de sa présence.
Mais dans Runaway Pistol, on passe sans arrêt du coq-à-l’âne. Le flingue passe de mains en mains, vite, beaucoup trop vite. Toutes les dix minutes environ. C’est un fabuleux pari que de nous forcer à nous attacher à des personnages pendant une poignée de minutes avant de s’en débarrasser. Le film y échoue complètement, car l’aventure de ce flingue sent beaucoup trop l’arbitraire. L’arme ne passe que dans des mains de losers. Dès qu’ils en font l’acquisition, le plus souvent en le trouvant par hasard, on sent que soit ils en feront une mauvaise utilisation dans la mesure où ils n’ont aucune expérience avec les armes, il va vite leur arriver une merde soit de toute façon parce qu’ils ont tous tellement des looks de losers. Les personnages ne sont absolument pas attachants, et on se contente d’attendre le prochain propriétaire en espérant que lui fera une utilisation plus passionnante du flingue.
Le concept ne marche pas, mais en plus le film agace franchement pour trois autres raisons :
1. Le flingue ne représente jamais un objet de désir, ni un objet de fascination, ni un objet d’effroi, alors que la plupart du temps ses propriétaires éphémères n’en ont jamais eu un entre les mains. Le flingue n’est même pas le cœur de la scène ou de chaque saynète. De très (trop) nombreuses fois, les scènes se déroulent sans que le pistolet ne joue un rôle particulier. On assiste à cette saynète parce que le protagoniste a acquis par hasard un flingue, ça permet de remplir 10 minutes de film, puis on passe à autre chose.
Or, il me semble que la présence d’une arme dans une scène, donc d’un engin qui peut tuer, est suffisant pour doter la scène d’un enjeu relativement important. Dans Runaway Pistol, le flingue est relégué au stade de simple accessoire qui permet de faire le liant.
2. Autre point énervant, le réalisateur ne tient même pas son concept jusqu’au bout. Des fois, on suit des personnages qui n’ont pas l’arme en leur possession, mais qui sont plus ou moins reliés à certains de ses propriétaires éphémères. Est-ce que ces scènes injustifiées dans le cadre du concept, le sont dans le cadre du récit ? Ben, pas tellement. Dans la mesure où l’on n’arrête pas de zapper d’une saynète à l’autre, ces scènes « extérieures » ne font que ralentir les historiettes qui n’ont de toute façon pas le temps d’être développés.
Le réalisateur tente de sortir de cette logique de zapping à la fin, lorsque la présentatrice télé qu’on voyait régulièrement sur toutes les télés casées dans chaque plan, voit son fils kidnappé par les derniers propriétaires du flingue. Mais les circonstances du kidnapping et le lien découvert subitement entre l’enfant et la présentatrice paraissent tellement improbables, ou aléatoires, que l’on y croît moyen et qu’on pense surtout à un coup de force scénaristique qui permet de boucler le film. Et boucler le film de manière curieuse, car le flingue est carrément absent du final, sans qu’il ait eu droit à sa scène de fin. On ne sait ce que devient le flingue, centre névralgique du récit, et en plus narrateur de l'histoire (cf 3).
3. L’autre grande idée de Runaway Pistol était de faire parler en voix off, forcément, le flingue qui nous raconterait sa vie. Pourquoi pas ? On a déjà eu des bouquins avec un pénis en narrateur, donc un flingue, ça peut être au moins autant intéressant. Mais dans la mesure où le flingue n’a qu’un rôle presque secondaire dans pas mal de scènes, et qu’il est même absent de certaines, l’idée est vouée à l’échec, et de toute façon utilisée de façon trop sporadique. Au début il se présente avec lourdeur dans un effet du style « devinez qui parle ? Hé, c’est pas le type que vous voyez à l’écran, mais c’est ce qu’il a dans la main: le flingue ». A la fin, comble du ridicule, il nous délivre une pitoyable leçon de morale comme quoi il y aurait d’un côté des bons tireurs, qui tirent pour de bonnes raisons mais toujours à contrecœur, et de l’autre des mauvais tireurs, des salauds quoi, qui tirent sur les enfants. Même que le flingue, quand on le force à tirer sur des enfants, eh bien il est pas content et il se venge en logeant une balle dans la jambe de son propriétaire : ça s’appelle un accident.
Il reste pas grand chose pour nous intéresser au film. Peut-être une utilisation crade, à la va comme je te pousse de la caméra, qui capte des bribes de Hong Kong pas forcément sous son avantage, mais qui paraissent authentiques. On voit Hong Kong sous son aspect le moins glamour et le moins mis en scène (ruelles dégueulasses, toilettes publiques, chambres de passe), et force est de constater que la ville est rarement montrée sous un jour aussi peu désirable dans le cinéma HK, car même les bas fonds y sont souvent stylisés et donc rendus intrigants donc désirables. De même les personnages, tous ces losers en puissance au pouvoir de séduction quasiment nul, ce qui n’est vraiment pas fréquent à HK, et aux vies anodines, appartiennent à des catégories peu visibles dans le cinéma HK.
Vision noire et sans concessions car la génération EST noire et sans concessions. La jaquette proclame que Runaway Pistol est un film « about our generation ».
Peut-être que si Lam Wah Chuen avait laissé tomber son concept à la con pour se consacrer à une tentative de portrait authentique, honnête et jamais vu de sa ville, il aurait pu accoucher d’une œuvre marquante pour la nouvelle génération de cinéastes Hong Kongais.