Pour ne pas être trop banale une histoire de famille doit présenter quelque chose d'original. En l'occurrence ici, c'est que c'est le père de famille qui est fourneaux et s'occupe des tâches ménagères bien qu'il soit entourée de trois filles. Une situation que l'on ne peut donc qu'à moitié lui envier. Surtout que chacune d'entre elle a son propre caractère et est assez difficile à comprendre voir à satisfaire. C'est ce qui met un peu de piment dans cette histoire et assaisonne le tout de goûts très variés, tous comme le sont les plats cuisinés par ce père de famille.
Un film qu'il ne vaut d'ailleurs mieux pas regarder avec le ventre creux, tellement les plats qui nous sont présentés sont appétissants. C'est incroyable! La cuisine chinoise est plaine de surprise et si diverse qu'elle en touche presque à l'art. Une chose est certaine, aucun des nombreux restaurants asiatiques où j'ai pu manger, ne m'a jamais fait entrevoir autant de choix. Il faut dire que cet homme, que dis-je ce Maître, avec tous ses petits secrets tient presque du magicien.
Vraiment intéressant de voir l'histoire de cette famille ; tellement réaliste dans l'approche des relations familiales et avec un scénario plutôt bien mené de bout en bout et qui tient bien la route sur les 2h. Toutes les scènes sont crédible et aucun dialogue n'est éxagéré ; les interprètes sont vraiment attachants et bien dans leurs personnages. On peut aussi remarquer un final vraiment bien imaginé et pas du tout attendu. Bien mignon tout ça.
Pour son troisième film, nominé en 1995 pour l’Oscar du Meilleur Film étranger, Ang Lee nous livre une comédie familiale à la fois drôle, juste et émouvante. Entièrement tourné à Taiwan, ce qui est rare pour lui (voir son étonnante filmo internationale), Salé Sucré nous narre la vie de M. Chu, grand cuisinier devant l’éternel même si son âge avancé lui a fait perdre le sens du goût, confronté aux besoins de reconnaissance et de liberté que réclament ses 3 filles qui sont devenues de jeunes adultes. Au fil des rencontres masculines que vont effectuer ces 3 jeunes filles de tradition catholique, ces dernières vont petit à petit quitter la maison, laissant le pauvre M. Chu avec l’appréhension de finir ses jours tout seul…
Ang Lee a eu l’intelligence de jouer sur la dualité des choses pour mettre du piment à son film, comme il l’annonce clairement dans le titre anglais : Eat Drink Man Woman. Voici donc les thèmes de Salé sucré : la bouffe et la baise, les 2 actes les plus importants dans une vie (c’est pas moi qui le dit, c’est un des personnages, mais il n’empêche que je ne suis pas tout à fait opposé à cette conceptualisation de la vie…). Cette vision double des choses qui peut s’appliquer en de nombreux points (les hommes/les femmes ; le salé/le sucré ; boire/manger) est attachante de bout en bout, d’autant plus que si différents soient-ils, ils sont toujours inextricablement liés !
Comme vous l’aurez compris, j’ai beaucoup apprécié ce film, bien rythmé par des rebondissements réguliers qui permettent de lui conserver un intérêt quasi-intact de bout en bout. Il faut dire que les 3 actrices principales sont craquantes et que le vieux M. Chu, symbole de la philosophie zen typiquement asiatique, est diablement attachant. On passe 2H très agréables avec eux, il n’y a donc pas à hésiter.
