Le radeau de Lampedusa
Après une mise en place quelque peu laborieuse, arrive le rebondissement phare et à l'histoire d'enfin larguer les amarres. Un phare. Comme on ne voit point de lumière à l’horizon à cause de ce satané brouillard, suit-on les directives du Capitaine en l’absence de cap, quelles qu’elles soient ? Le meilleur du film se trouve en son milieu, au creux de la vague. Une réelle magie naît de cette folie partagée. Le mélo y existe pleinement, la mise en scène jusqu’à présent d’eau douce ne manque soudain pas de sel et l’humour noir des deux co-auteurs crève l’abcès. Parce qu’il y en a un, d’abcès, Capitaine Achab says. La métaphore un chouia grossière de cette humanité coincée dans un bateau rejoint, via un transport combiné, celle du train du
Transperceneige du même
Bong Joon-ho, ici co-scénariste ; et l’on se surprend à déceler dans l’écriture de cette histoire abracadabrante mais redondante – inspirée d’une histoire vraie - celle d’une pièce de théâtre pour le moins étriquée. En l’absence de vent, l’aventure ne souffle pas dans les voiles de ce huis clos où des acteurs jouent littéralement sur les planches mais certainement pas comme des manches. Restent les fantômes de Lampedusa qui s’expriment par procuration, le sang nettoyé au jet d'eau sur le pont et cette vision absurde si typique de ce duo d’auteurs quant à une humanité qui ne trouve - c’en est déprimant - aucune grâce à leurs yeux.
Film très prenant, basculant de genre au milieu, superbement joué par des acteurs et actrices convaincants. L'ambiance pesante se ressent à chaque plan, et la 2e partie est vraiment réussie en prenant le spectateur à contre courant !