Second Renaissance m’apparaît, avec Matriculated, comme le plus faible segment au niveau artistique (enfin, dans le cadre du système de référence d’Animatrix, pour relativiser) et technique. Maheda applique ici la même approche que sur Blue Submarine 6 et, plus récemment sur Last Exile, sa dernière série tv évènement marquant le 10ème anniversaire du studio Gonzo : le mélange intempestif 2D/3D de synthèse. C’est de cette façon que le réalisateur marque le monde de l’animation japonaise de son « empreinte numérique » à l’époque de la sortie des OAV de Blue Submarine 6. Le résultat avait créée le débat du fait de l’intégration discutable de la 2D avec la 3D mais Maheda avait l’excuse du pionnier. L’excuse du pionnier et un mecha-design qui compensait le manque d’harmonie graphique.
Dans Second Rennaissance, malgré les progrès manifestes réalisé dans le domaine de l’animation numérique depuis sa première expérience de réalisateur et donc une intégration 2D/3D meilleure, les mêmes défauts sont encore là encore que de façon plus ténue. Et comme le mecha-design directement inspiré -dans un louable souci d’unité stylistique avec les films live- des travaux de Geof Darrow n’est pas le point fort de ce segment (ce n’est d’ailleurs pas le point fort de Darrow dont je suis pourtant « fan »), Second Renaissance marque le pas sur le reste d’Animatrix. Certes le design « vieux film de SF hollywoodien » des robots à le mérite de la référence, mais couplé à la trop grande « digitalité » de certains plans on a un résultat qui frise parfois la « Lucas Touch » des derniers Star Wars (je pense en particulier aux scènes où on voit les robots en groupe dans les villes dans la partie 1 de Second Renaissance). Ceci dit il reste quelques jolis plans au niveau graphique, comme ce cavalier robotique apocalyptique ou la violence crue des combats.
Les fans des films des Watchowski apprécieront sûrement un peu plus que les autres le scénario qui conte par le détail la guerre entre les humains et les robots. Pour ma part je trouve les prémices de la Matrice toujours aussi manichéens dans leur philosophie et malgré la mise en scène intelligente qui emprunte au reportage de guerre, je ne suis pas vraiment rentré dans ce segment. Maintenant, pour peu que l’on considère la dimension elliptique du scénario écrit par les Watchowski pour Maheda, l’histoire reste assez intéressante sans devenir pour autant édifiante.
Même si le sujet était déjà abordé de manière rapide dans le premier Matrix, les frères Wachowski aux commandes du scénario reviennent sur la période pré-matrice. Mais plutôt que la forme c'est plutôt le propos qui est à mettre en avant avec cette éternelle répétition des évènements. L'Homme se trouvant toujours un nouvel ennemi, l'exterminant et l'enfouissant dans des charniers quitte à faire n'importe quoi pour y arriver. Une attitude qui fait écho à des évènements que l'on retrouve régulièrement dans nos journaux quand une guerre éclate quelque part et qui pourrait bien finir par nous mener à notre propre perte. De plus cette fois l'Homme tombe sur quelque chose dénuée de toute part d'humanité ce qui ne lui laisse que peu de chance. D'ailleurs, même sans le commentaire de la voix off métallique, les images de ce court parlent d'elles-mêmes.
D'un autre coté et pour revenir à la matrice, Second Renaissance retrace toute l'histoire qui a permis la naissance de la matrice et comment celle-ci a inversé les rôles et fait de l'Homme son esclave et sa source d'énergie : la fameuse ironie du sort donc parle Morphéus dans le film avec en plus quelques exemples de vivisection.
Du point de vue de la forme, ça reste très conventionnel en dehors de 2-3 idées graphiques qui m'ont plus marqué l'esprit que le reste, comme ce cavalier chevauchant à travers les champs de bataille ou ces images de guerre particulièrement violentes. Par contre, la pomme dans la main squelettique, on aurait pu s'en passer tellement ça ne s'intègre pas dans le reste. Quant aux éléments en rapport direct avec les films comme les sentinelles et les "couveuses", c'est sans surprise.