Mode mineur
"Shi Qui" est le premier long-métrage d'une jeune réalisateur de 25 ans, Ji Cheng (ou Joe Chow selon les transcriptions) d'après un scéanrio écrit par plusieurs jeunes réalisateurs. Cette étude d'un jeune homme plein de rage en train de se chercher lui-même est donc assez criant de vérité, même si l'on reste bien évidemment très loin des mêmes préoccupations que dans es pendants occidentaux comme un "Skins" anglais par exemple ou des séries américaines à la "Beverly Hills" nouvelle génération…Loin des difficiles choix quel slip Clavin Klein mettre au petit matin et pourquoi ne pas avoir le droit de conduire une Porsche au lieu de sa Toyota Yaris, le personnage principal Shi Qui partagera tout de même cette sempiternelle interrogation universelle de connaître ses véritables origines pour oser emprunter l'obscur chemin d'un avenir incertain. Un thème avec autant plus de résonnance dans un pays en pleine mutation comme la Chine – surtout que l'histoire se déroule dans l'univers des "She", une tribu minoritaire en pleine voie de dislocation avec le violent heurt des traditions ancestrales face à l'appel capitaliste des grandes villes.
Un film très loin de développer une idée inédite, "Shi Qui" constitue néanmoins une plaisante surprise, notamment par la force d'interprétation des personnages principaux, dont Joan Chen, reprenant un rôle similaire à celui qu'elle interprétait déjà dans les récents "Leap Years" ou "Home Song Stories", mais qui consolide son retour en grâce sur le grand écran après la période des vaches maigres traversée après son exil américain ("Twin Peaks", "Entre ciel et terre", etc). Comme souvent dans les récents films chinois, la beauté des décors naturels rafle tout au passage et la randonnée de deux jours effectuée par la mère et son fils est un délice pour les yeux et fait instantanément oublier la faiblesse du récit. Le tournage au sein de la tribu des "She" et les très nombreuses chansons locales, qui parsèment le film donnent également la petite touche exotique, forcément destinée à un public plus étranger (voire le circuit festivalier occidental), mais dont on ne se lasse pas, si l'on aime à découvrir les incroyables richesses de notre terre.
Un petit film en mode mineur, mais suffisamment bien emballé pour faire passer un agréable moment.
A NOTER le caméo du réalisateur dans le rôle d'un touriste et celui de la petite fille ayant chanté (ou plutôt n'ayant PAS chanté) la chanson d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin; une apparition, alors qu'elle n'avait pas encore été choisie pour interpréter la fameuse chanson!!