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Shinjuku Incident

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 2.75/5

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23 critiques: 3.12/5



Xavier Chanoine 3 Ecoute Jackie et pose ton gun
Arno Ching-wan 2.5 La Chine joue coup… pour coup !
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Ecoute Jackie et pose ton gun

Bande annonce

L’un des rôles de Jackie Chan les plus attendus de l’année n’est certainement pas son caméo dans le prochain film coréalisé par quelques grands noms (Chen Kaige, Peter Chan entre autres) pour célébrer les soixante ans du parti communiste chinois, non, mais bien celui pour le très sombre Shinjuku Incident du sympathique Derek Yee. Bien avant sa sortie à Hong-Kong (et son non moins sympathique score au box office si l’on tient compte des tendances économiques depuis un petit moment), le film faisait déjà parler de lui. Sorte d’œuvre sulfureuse avant l’heure formant déjà sa légende à grands coups de questions et de probabilités en tout genre, la violence du film prêtait également à débat chez celles et ceux qui persistent à voir en Jackie Chan l’éternel mec bon du cinéma d’action spectaculaire. Évoquons rapidement ce point, nul doute que le premier gus du coin qui a découvert le Drunken Master avec la diffusion de Jackie Chan dans le Bronx sur M6 tournera de l’œil en voyant dans Shinjuku Incident des mains découpées et des prostituées à cheval sur leur idole. Aussi sombre qu’une ruelle mal éclairée de Shinjuku, le film de Derek Yee n’a pas usurpé son étiquette de polars des caniveaux –que l’on visitera le temps de deux scènes clés- puisque, à l’image de la mafia, tout ce qui se trame est en général à l’abri des regards. D’où une certaine ambigüité autour des personnages qu’un spectateur plus ou moins attentif s’amusera à déceler, à relever, quitte à parier sur l’avenir de chacun. Les premières questions embarrassantes peuvent tourner autour du personnage de Jie, bonhomme pas tout à fait prêt à relever le défis de jouer les gros bras mafieux, fondant en larmes au moindre accès de peur ce qui est plutôt rare au cinéma, à l’heure où l’on se coltine quantité de frimeurs en costume trois pièces ne valant rien.

Shinjuku Incident dépeint des hommes dans leur plus simple enveloppe, et à Jackie Chan de mener la barque avec dignité et une peur constante : au départ la peur du sans-papier, celle d’être arrêté au coin d’une rue par la police, puis la peur pour sa vie lorsqu’il s’attaque à un palier qu’il ne pensait sûrement pas atteindre avec sa montée en puissance. Avant cela il aura fallut gagner une confiance et un respect arrivés un peu par hasard en sauvant un inspecteur de police de la noyade (impeccable Takenanak Naoto) et un parrain d’un guet-apens orchestré par un type énervé de la machette. Jackie, ici Steelhead, a bravé les intempéries pour rejoindre l’archipel nippon dans le but de retrouver sa petite amie, à présent mariée avec ce même parrain. Entre fraternité, pouvoir et stratagèmes pour récupérer sa belle, que prévoit Steelhead ? La première qualité du métrage est d’impliquer une nouvelle fois Jackie Chan dans un rôle encore plus frustrant ici. Si la comparaison n’est pas des plus judicieuses il est vrai, Jackie Chan en personnage réfléchi et surtout fébrile rappelle le Johnny Halliday acteur chez Johnnie To, tous deux gardent cette image d’acteur martial pour l’un et braillard de publicité pour l’autre. Difficile de s’en détacher malgré les efforts déployés pour laisser cette image de côté, et sans surprises, le Drunken Master reste le Drunken Master, l’acrobate au grand cœur reste le personnage sympathique que l’on a connu et qui a forgé une partie de notre cinéphilie : difficile donc de croire pleinement en ces larmes chaudement versées dans un instant où la lucidité demeure absente. Pourtant, très peu de réactions au final, Jackie ne flanquera pratiquement aucune baffe de tout le film. Jackie reste le conseiller, l’homme qui débarque entre deux frères pour calmer les ardeurs et prêcher la bonne parole, la plus juste possible. Jackie n’accepte donc pas d’argent, souhaite la paix et conseille à ses frères d’apprendre le japonais pour mieux s’adapter dans cette société entachée par des vagues de racisme qu’un Derek Yee souligne à la limite de tomber dans la caricature, sorte de cahiers des charges lorsque le film parle d’immigrés chinois au pays du soleil levant.

Heureusement que cette thématique est correctement abordée puisque Shinjuku Incident n’apporte rien au film de mobs, constat d’autant plus rageant au vu des ambitions du film. Derek Yee a beau filmer la nuit avec une précision rappelant la Milkyway des années 2000, les fondements même sont du niveau d’un téléfilm ou d’un bon épisode de feu Hollywood Night. Téléphonées également ces séquences impliquant un excellent Takenaka Naoto dans la peau d’un inspecteur terré dans l’ombre, la nouvelle facette de Jie en gouape un peu lâche devenue camé qu’un groupe de visu rock ne voudrait même pas, ou encore le bon samaritain pris à son propre piège en fin de métrage. Sans surprises, mais les accès de violence soudains sauvent le film de la noyade et les seconds rôles souvent attachants de la première moitié du métrage apportent un vrai vent de fraîcheur, où se côtoient amitié face à l’adversité et fraternité face aux yakuza. Sans aucune surprise également la relation Steelhead/Lily/Xiu Xiu, personnages féminins éclipsés en fin de métrage dans une précipitation incompréhensible. Film d’hommes avant tout ? L’inquiétant et étouffant climax de fin aura raison de toute envolée romantique comblant les baisses de rythme et justifiant la venue de Jackie au Japon. Reste qu’en hésitant un peu trop entre clownerie assumée (passages gores gratinés, cabotinage) et peinture dark de la pègre, il est difficile de prendre ce conte désenchanté autrement qu’en instant juste divertissant.



18 juillet 2009
par Xavier Chanoine




La Chine joue coup… pour coup !

Voilà un Jackie Chan une nouvelle fois dans une veine sombre après le culte Crime Story et le très distrayant New Police Story, un Shinjuku Incident qui vient là avec cette chouette idée de causer de l’immigration illégale de chinois au Japon via la naissance d’une triade chez les yakusa.

Sans doute trop acquis dès le départ à la cause, j’ai un peu déchanté devant l’objet : musique kaboom honnête mais mal placée, narration en dents de scie (en scie dents = incident ?), personnage de Jackie trop instable : est-il un gentil ? Est-il un méchant ? Aucun point de vue clair ne ressort qui plus est de cette histoire, malgré cette impression qu’il y a bien une morale dans tout ça. Mais laquelle ? Comble du marchage sur œufs afin de micheldruckerer chinois et japonais : lorsque Jackie parle d’aller « pilonner le Japon », il s’en va aux putes et s’enfile une occidentale. Bravo le pilonnage ! Gaffe à la boulette et à la déclaration de guerre ! De son côté, la mise en scène oscille étrangement entre le franchement chiadé et le pauvrement télévisuel.



Pour le reste, c'est pô mal : Yee fait là un bien bel hommage au cinéma de Kinji Fukasaku, en particulier son Combat sans code d’honneur abondamment cité avec cette guerre sans fin des clans et, également, ce bras formidablement tranché. La violence est épisodique mais barbare, jusqu’à un final chaotique assez énergique.

Si « tête de fer », le perso de Jackie, n’apparaît pas comme cinématographiquement cohérent avec son mélange de naïveté et d’esprit d’initiative aussi aimable qu’assassin, d’un point de vue plus réel il tient la route. Point de manichéisme ici, le crime naît d’un besoin et non d’un esprit intrinsèquement mauvais. Tête de fer fait son taf, se bat pour lui et pour les siens, et du reste la perversion, le mal, naissent toujours d’une naïveté trahie, d’un monde qu’on fait s’écrouler aux yeux de quelqu’un de fondamentalement bon.



En terme de jeu, même si, finalement, je le préfère comme clown, un des derniers grands encore en activité d’ailleurs, le Shanghai Kid s’impose là dans le registre dramatique. Sa rencontre avec son ex, celle avec son rival, sont autant de démonstrations nuancées plutôt rares chez le bonhomme.

Ajoutons à cela un Jack Kao qu’on a toujours plaisir à revoir, un Lam Suet qui, chez Yee, ne fait pas office de faire-valoir comme chez Johnnie To mais apparaît comme un charismatique roublard pro du système D - c’était déjà le cas dans One Night In Mongkok – ainsi qu’une très belle photographie nocturne et on obtient une étude ambitieuse et intelligente de ce mélange pan-asiatique (même si, en l’absence de point de vue, je préfère le documentaire), doublé d’un correct épisode de la très longue carrière de Monsieur Chan.

22 juillet 2010
par Arno Ching-wan


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