Ordell Robbie | 2 | Plombé par sa mise en scène niveau téléfilm. |
drélium | 2.25 | Euh... petite La horde alors hein, petite, petite. |
Arno Ching-wan | 3.5 | La horde sauvage |
Bref, c'est du B nippon tenu de justesse par une trame sérieuse, pas inintéressante à la base, mais trop light, avec de l'action violente à bonne dose certe, un peu de fun mais surtout un ensemble assez creux et peu impliquant, maladroitement mis en scène, interprété sans grande conviction et bien loin derrière les réussites du passé qui revisitaient aussi le chambara, comme l'excellent Shogun's Samourai de Fukasaku par exemple. Heureusement qu'il est dans le même coffret HK Video d'ailleurs...
ps : ah oui, et le coup du mec qui se fait transpercer l'oeil par un javelot, mouahah, trucage bisseux déjà vu dans Life of ninja qui consiste à insérer très brièvement un plan montrant une photo de la victime en gros plan (dans la même position que le plan précédent) subitement transpercée au niveau de l'oeil par une aiguille à tricoter. Mais là, c'est beaucoup mieux fait, ne soyons pas chiche. ;)
Pondu en 1989, Shogun’s Shadow est au chambara ce que La horde sauvage fut au western américain, à savoir un chant du cygne(*) doublé d'un baroud d’honneur ultra violent. Aux mastodontes Ken Ogata et Sonny Chiba de succéder, un peu plus à l’est, aux icônes William Holden et Robert Ryan. Et à la construction du film de révéler d'autres similitudes, avec un affrontement homérique d’entrée de jeu (de massacre), et une boucherie sans espoir à la fin. Sans atteindre la maestria de la mise en scène du grand Sam, Yasuo Furuhata s’en sort avec les honneurs. Sa narration est inspirée. Elle sait être ample pour les scènes d'extérieur, et plus intime pour les conversations serrées, qu'il s'agisse d'échanges verbaux ou de passes d'armes, d'ailleurs. Et les quelques ralentis proposés sont des plus pertinents. C’est notamment le cas lors d’explosions bruyantes (à la dynamite !), ou lorsque les chevaux s’en prennent plein la crinière, assurant des cascades dignes de thaïlandais suicidaires. Ils se gaufrent d’un pont, s’étalent comme des m….. dans les rochers, et glissent, ridicules, sur un piège de bambous, pour se ramasser comme des clowns en bout de patinoire. On a mal pour eux. Ces ralentis ne sont toutefois pas de mise pour les superbes duels aux sabres, rapides comme on les aime et intelligemment fusionnels avec les excès typiques du manga. Entendez par là que les combats sont gorgés de cabrioles et autres traversées de toits et murs pour faire durer le plaisir. Et plaisir il y a, car tous les personnages existent, les enjeux sont concrets, et la dramatisation de chaque coup d’épée réussie. Ceci en guise de spéciale dédicace aux kitamurasseries actuellement en cours au pays du rideau fermé sur le soleil levant.
Malgré des défauts bien présents: une action parfois un peu « too much », un effet spécial méga foireux pour illustrer la traversée d’un ravin, et, surtout, l’incrustation débile d’un morceau rock à la Bon Jovi en plein milieu d'une scène de bataille furieuse (arghl !), le métrage assure le show tout du long. La musique de Masaru Sato (Goyokin, Le sabre du mal) est une tuerie de tous les instants, les passages gores abondent (œil transpercé en gros plan par un javelot, bras disséminés au grés du décor…), un mercenaire shaolin nous fait une démonstration jouissive de son art… bref, ça ventile, ça disperse, sans que le film n’oublie pour autant de ménager quelques temps calmes. Ainsi, il est difficile de rester insensible devant la scène de luge entre le ronin joué par Ken Ogata et le jeune fils du Shogun. Le vieil homme en fuite y sacrifie de son précieux temps pour divertir le jeune garçon, et en profite, en passant, pour lui apprendre un ou deux rudiments de la vie. Et à nos héros, l'espace de quelques minutes, de se comporter comme des mômes. Cette scène est belle à en pleurer. Comme le film.
HK Video nous avait sorti sa VHS il y a une dizaine d’années maintenant (aïe, déjà ?), et c’est une excellente nouvelle de voir enfin arriver ce monument bourrin en DVD. Au suivant.
(*) A ne pas confondre avec le "champs du signe", celui de Mel Gibson, où des racailles d'extraterrestres font des tags à même la terre. Ah les sagouins!