Faut pacifier !
Projet construit par et autour de
Katsuhiro Otomo, le père d'
Akira, Short Peace est un film à sketch ou « omnibus » composé de quatre historiettes qui nous ramènent au bon vieux temps de
Memories,
Manie-Manie ou autre
Robot Carnival. Avec ces mêmes déceptions et bijoux qui ressortent du lot.
On commence avec Tsukumo, une histoire de fantôme très anecdotique sur la forme et sur le fond. Shuhei Morita ne confirme pas un emploi pertinent de la cel-shading après sa carte de visite Kakurenbo et le décevant Freedom. Et sa partie souffre à l'écrit de la comparaison d'avec chaque épisode de la monumentale série Mononoke.
Enchaînons avec le soporifique Combustible qui retrace pourtant, à sa manière, le grand incendie de Meireki à Edo. Les jolis dessins ne comblent pas l'absence totale de point de vue – ou, plutôt, le point de vue global typique d'un réalisateur, Otomo, vieillissant - et une poésie à laquelle je reste plutôt hermétique. Passons.
On décolle avec la bonne réputation justifiée du Gambo d'un gars à suivre, Hiroaki Ando, qui nous vient de l'écurie Otomo et du Studio 4C. Graphiquement somptueux, c'est là en effet un conte macabre qui se tient bien, qui produit un effet horrifique plaisant mais auquel il manque comme un léger truc. Si le récit se déroule sur ton assez glacial, l'ensemble sent le neuf et stimule les neurones. Rafraîchissant.
On termine avec la claque Buki Yo Saraba. Issu d'une histoire signée Otomo importée de ses œuvres de jeunesse (1979), cet ultime segment imagine un combat dantesque entre des soldats de l'ONU du futur et un robot maoûsse costaud. Sur ce pitch ultra simple, le réalisateur Hajime Atoki, surtout connu pour son boulot de mecha designer (du Gundam, Patlabor 2...) nous offre un climax à se damner duquel une fin d'une ironie mordante se moque pourtant. Le titre « Short peace », jeu de mot qui fait se rejoindre « petite pièce » pour les court-métrage ("pieces") et « courte paix », est pertinent. Notre bellicisme intrinsèque - entre insectes ? - est ouvertement critiqué. Gentiment, parce que voilà, c'est ainsi. En ces temps d'overdose de suprématie facho du super héros 'ricain sur tous les écrans, cette conclusion pathétique, qui invoque l'humanité d'un Akira Kurosawa à travers la métamorphose d'un type qui se met soudain à ressembler à l'un des paysans de sa Forteresse cachée, permet à Otomo, mine de rien, de participer, tout comme Miyazaki avec Le vent se lève et Takahata avec Kaguya, à une sorte de nouvelle époque des lumières pour nous aider à traverser cet affreux tunnel obscurantiste contextuel et mondial.
Qui pour reprendre le flambeau plutôt que les armes ?