Ghost Dog | 1.5 | Folle du désert |
Xavier Chanoine | 2 | Artistiquement intéressant, mais trop mou pour captiver |
"Singapour s’est concentrée uniquement sur les nouvelles technologies pour son développement économique. Ce faisant, ses habitants semblent moins communiquer entre eux et délaissent l’Art."
Tel est le constat du jeune KAN Lume sur son pays. Fallait-il dès lors nous infliger ce film court et sans paroles sur les amours gays d’un prof et de son élève ? Là est toute
La découverte d’un réalisateur chiant supplémentaire, malheureusement…
Solos est l'un des films les plus particuliers du festival parce qu'il ne ressemble à rien de bien connu dans la production actuelle. Trop hermétique pour être véritablement attachant, il relève plus de l'exercice de style notable qui parvient difficilement à tenir le spectateur en haleine du fait de l'absence d'écriture très travaillée. Le film se veut être une parabole sur l'absence de communication, le silence étant paradoxalement le seul moteur des sentiments de chacun : deux hommes entretiennent une relation homosexuelle mais l'un d'entre eux ne souhaite plus continuer. Trois personnages rythment la narration, ils n'ont pas de nom, le plus vieux est un professeur, le plus jeune son élève et enfin la mère de ce dernier désireuse de se rapprocher de lui depuis que son fils l’a lâché pour un homme. Avec sa carte de visite festivalière, Solos n'inspire pas une immense sympathie. Tous les ingrédients sont là pour plaire aux sélectionneurs et aux amateurs de films d'auteur qui n'ont pas grand chose à dire sur le thème qu'ils abordent, en l'occurrence ici l'homosexualité et le replie : sans aucun mouvement de caméra et un budget réduit au strict minimum, Solos donne toute sa définition au film indépendant, les deux cinéastes signant aussi le montage, le scénario et une partie de la production dont le financement fut difficile à trouver pour cause d'un thème risqué, le cinéaste nous confiait lors de sa présentation toutes les raisons de ses difficultés à présenter un tel film dans un festival après l'approbation des autorités singapouriennes. Mais dans l'ensemble, Solos n'est pas bien convaincant, ne développe pas assez la thématique de la jalousie (hormis les scènes de sexe très explicites) et est souvent proche de tomber dans le clipesque ou ce genre de produit formaté court-métrage notamment lors de ces plans fixes où la gestuelle des acteurs est inversée (le jeune homme agitant un drap rouge, l'eau qui s'écoule). De plus le dernier plan avec la mère et une jeune femme n'arrive pas à avoir un impact puissant, on pense que cette mère, seule et vieillissante, risque de devenir lesbienne à son tour comme pour exorciser le mal-être qui la ronge depuis que son fils l'a laissé. Des questions qui restent en suspend (et à vrai dire tant mieux, le film disposant de plusieurs relectures) pour un film globalement mou sans être mal pensé.